mardi 25 janvier 2011

G20 : La France va jouer à Sim City ?

oups, tornade, c'est mort pour les récoltes !
A l'occasion d'une conférence de presse qui s'est tenue au Palais de l'Elysées ce lundi 24 Janvier 2011, le Chef de l'Etat a rappelé quels seraient les objectifs de la France en tant que présidente du sommet du G20. 

Ils seront au nombre de 3

- réforme du système monétaire international
- lutte contre la volatilité des cours des matières premières 
- financement du développement.

Améliorer le fonctionnement des marchés des matières premières constitue une priorité pour la présidence française du G20, a souligné la ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie Christine Lagarde, qui a ajouté que .cette question figure en haut de la liste des priorités de la France et représente sa première préoccupation. 

On avait déjà vu que la spéculation sur les matières premières est un fait ancien (voir le post"Le G20 contre la civilisation" du 2 Janvier 2011) mais rappelons tout de même : pourquoi les matières premières fluctuent-elles ?

L'agriculture, la pèche et l'extraction minière constituent le lien entre ce qu'offre la nature et ce que demandent les hommes. Les biens agricoles font partie des biens les plus vitaux, ils sont bien plus universellement importants que les écrans plats ou les sacs Vuitton. 

Pourtant, un litre d'eau se vend un euro à la bouteille en supermarché à Paris, alors qu'un litre de Numero 5 de Chanel se vend 1035 euros le litre. Pourquoi ? 
Parce que bien que l'eau soit vitale, elle est relativement plus abondante ou en tout cas aisément disponible, en supermarché à Paris, que du Chanel. 
Mais si d'aventure les conditions naturelles font que l'eau devient très rare, que ce soit de manière ponctuelle (ouragan Kathrina) ou permanente (désertification du Sahel, une zone autrefois humide), alors le prix de l'eau, tant en valeur absolue que de manière relative au parfum, s'élève.

Ainsi, les matières premières fluctuent car 

- leur offre est instable : elle bouge en fonction de facteurs climatiques, miniers, biologiques ou autre
- leur demande est instable : le riz n'a pas toujours été un aliment universel, et le pétrole ne sert que si l'automobile se développe

On veut lutter contre la volatilité des cours des matières premières ? Cela ressemble à une mission impossible et ce pour les raisons suivantes

- il faudrait préciser de quel type de matières premieres on parle, agricoles ou minières. Elles ne répondent pas aux mêmes déterminants. 
- pour réguler les matières premières agricoles, il faut en réalité maitriser la météo. Comment la France va t-elle lutter contre les incendies en Russie et les fluctuations météo en Argentine pour stabiliser le blé ? 




A moins de jouer en god mode dans ce MMORPG géant qu'est le monde réel, on ne voit pas comment on va maitriser la météo.
La volonté de la France de lutter avec succès contre la volatilité des cours des matières premières s'appuie sur le précédent de la Politique Agricole Commune (PAC). Le revenu proposé aux agriculteurs ne dépénd pas de celui du marché. Mais pour arriver à ce résultat, l'Europe 

- consacre des moyens financiers colossaux
- ne peut éviter la volatilité des quantités disponibles (cf les stockages de beurre des années 80 et la mise en jachère de terres des années 90)

Rappelons simplement que l'industrie financière a inventé les outils utiles pour lutter contre la volatilité des cours des matières premières au niveau de l'agriculteur. Ca s'appelle les produits dérivés (forwards, calls, puts) et ca a été crée au XIXème siècle à l'initiative des agriculteurs eux-mêmes, sur le Chicago Mercantile Exchange. 
Il semble plus logique de trouver un spéculateur à mettre en face d'un agriculteur soucieux de garantir son revenu plutot qu'un contribuable déjà surtaxé, mais ceci ne semble pas évident, manifestement.

Vouloir lutter contre la volatilité des cours des matières premières  ne nous prémunira pas contre l'inflation qu'implique la croissance démographique et l'enrichissement généralisé des classes moyennes des pays émergeants. Il va juste falloir apprendre à partager.

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