mercredi 26 janvier 2011

Financement du développement - le leurre de l'aide

Deuxième objectif de la Présidence Française du G20 : financer le développement. Au moins, le discours est cohérent. On lutte contre les spéculateurs ET on cherche à rendre les écarts de richesse sur la planète moins criants.

Ca passerait donc par

- Renforcer les insfrastructures, dont l'insuffisance handicaperait la croissance en Afrique.
- Assurer la sécurité alimentaire
- Mobiliser les ressources aussi bien internes, en luttant contre l'évasion fiscale, qu'externes, avec les financements innovants. La France veut notamment faire avancer son projet de taxation des transactions financières.

Franchement, vous avez raison d'etre sceptique, et ce pour les raisons suivantes

- les années 50 et 60 ont vu fleurir les projets d'infrastructure financés par des prêts FMI, sans que cela ne donne grand chose. Le développement de la Chine ou du Brésil montre que les projets d'infrastructures doivent être financés par les pays eux-mêmes, et non pas par une quelconque institution exterieure. Accepterions nous que le Ghana ou le Togo réfléchisse à la construction d'une nouvelle ligne de RER entre Versailles et Cergy ?
- les quelques infrastructures existantes en Afrique ont été transferées de monopoles publics à des monopoles privés, au lieu d'etre vendues en bourse et mises en concurrence. Appliquons déjà en Afrique les principes de la concurrence tels que nous les concevons ici.
- les paysans africains ont besoin de la reconnaissance des titres de propriété, écrits ou admis, ainsi que de marchés ouverts et déréglementés, et non pas de cette combinaison de protectionnisme et de destruction des marchés qu'est la PAC + l'aide alimentaire.  Avec leurs couts de production bas dûs à leurs salaires bas, les agriculteurs africains sont naturellement compétitifs. Si on veut vraiment les aider, supprimons la PAC
 - de quel droit devrions nous dire aux quelques riches en Afrique où investir, s'ils préfèrent placer leur argent ailleurs que dans leur pays ? Luttons plutot contre la corruption, c'est à dire arretons de vendre des armes ou des contrats publics et laissons faire le secteur privé et les PME.
- enfin, il a déjà été démontré que la taxe Tobin n'a aucun sens. Tout projet de taxation des transactions financières repose sur l'idée fausse que les transactions financières existeront toujours même en présence de taxes qui limitent le rendement. C'est bien sur faux. Ceux qui suivent la bourse savent que depuis 2009, la bourse de Paris, pour ne citer qu'elle, souffre d'une baisse des volumes négociés chaque jour. Si on instaure la taxation des transactions financières, alors, conformément à l'objectif des alter gauchistes de tout poil, les transactions financières "de court terme" devraient tout simplement cesser. La taxe ne rapportera donc rien.

Enfin, posons une question iconoclaste : voulons nous vraiment, au fond, financer avec des deniers publics une nouvelle Asie, qui nous concurrencerait à son tour ? Tant que les couts du sous développement, notamment l'immigration clandestine si jamais le lien est averré, sont inférieurs aux bénéfices (financement des partis politiques français par le pétrole Gabonais, accès à l'uranium Nigérien, etc), on peut au contraire cyniquement imaginer qu'il n'est pas rationnel de vouloir, pour la France, développer l'Afrique.

Si nous voulons vraiment créer du développement au sud, c'est simple, ne faisons rien et laissons les investisseurs et les entrepreneurs locaux ou internationaux faire leur travail. En plus, ca nous permettra de supprimer cette inneficace aide au développement et les depenses ministérielles associées, ce qui dans notre contexte de déficits budgétaires insupportables, sera toujours ca de gagné.

Alternative Libérale est évidemment contre les taxes Tobin et autres aides au développement. Mais il n'y a pas que les libéraux Européens qui sont contre ce genre de dispositifs. Les nouvelles élites universitaires africaines le sont aussi. Lisez plutot "L'aide fatale : Les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique" de Dambisa Moyo, économiste chez Goldman Sachs diplomée de Oxford et Harvard et donc plus qualifiée que Attac pour parler de développement.

1 commentaire:

  1. Sur le développement, il faut aussi lire Le mystère du capital, de Hernando de Soto

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