vendredi 10 janvier 2014

Mali, Centrafrique : l'Allemagne paiera ?

Thomas de Maiziere,
ministre allemand de l'intérieur
En ces temps Leonardianesquo-Dieudonnesques, il y a une news qui devrait faire la Une de la presse française.
C'est l'interview de Thomas de Maizière (CDU), ex ministre de la Défense et désormais ministre de l'Intérieur, en Allemagne.

Que dit-il ?

Thomas de Maiziere a affirmé "L'Allemagne n'a de leçons à recevoir de personne en Europe sur la manière d'organiser ses interventions militaires. Même pas de la France ou de la Grande-Bretagne" à l'occasion d'une cérémonie de passation, avant-hier. Pour retrouver l'interview, voir l'Opinion (1), le Financial Times (2), le Spiegel (3) ou le Handelsblatt (4).

Pourquoi cela devrait faire la Une de la presse française ? 
D'une part, parce que notre pays est engagé dans toute une série de guerres, par la seule volonté du Président de la République (et de quelques uns de ses conseillers), le même président qui, autrefois simple député maire de Tulle, interpellait son prédécesseur pour faire approuver par le parlement sa politique de défense. 

D'autre part, la France a décidé seule de son engagement militaire en Centrafrique, sans attendre le feu vert budgétaire de nos 26 partenaires Européens, puis a mis le sujet sur la table en sommet Européen à Bruxelles, arguant d'une opération bénéficiant à l'ensemble de l'Europe (5). Merkel a alors répondu qu'il fallait discuter du sujet (6). Est-ce que, depuis décembre 2013, les grands médias français, TF1, France 2 etc, ont invité des élus allemands à discuter de la Centrafrique ? Apparemment, non. 

Cette sortie de Maiziere tombe donc à point nommé. Déjà, elle souligne en creux à quel point certains points de la politique française font l'objet d'un consensus trans-partisan entre les politiciens et les journalistes français. D'autre part, elle met en valeur l’incompréhension apparente (7) que nous avons de nos partenaires, la plupart des démocraties parlementaires (8), qu'elles soient des monarchies (Royaume Uni, Espagne, Danemark, Suède ...) ou des Républiques (Allemagne, Italie, Pologne ...), dans lesquelles les élus approuvent ou non les décisions de l’exécutif, comme ce fut le cas pour la tentative d'imposer une guerre en Syrie. 

La France doit choisir. Soit nous sommes une république indépendante, et dans ce cas nous prenons nos décisions militaires tous seuls et ne demandons rien à l'Allemagne. Soit nous sommes un des 27 membres de l'UE, et dans ce cas nous cherchons à obtenir un consensus avant d'agir. Imagine t-on que la Californie lance une guerre contre le Pérou, seule, sans l'aval de Washington ?

Soit nous sommes dans une Europe fédérale, et dans ce cas nous devrions cesser d'entendre Laurent Fabius donner son avis pour écouter ce que dit Catherine Ashton, soit, option nationaliste, nous agissons seuls.
Catherine Ashton,
supérieure hiérarchique théorique
de Laurent Fabius


Enfin, la France doit expliquer si, depuis que Hollande est président et fait intervenir l'armée française aux quatre coins de la planète, notre sécurité est vraiment plus élevée. Il ne semble pas que ce soit le cas.

En tout cas, l'interview de Maizière est une bonne nouvelle. Est-ce que l'Allemagne paiera pour le Mali ou la Centrafrique ? Pas sûr, et c'est réjouissant. Cela nous forcera, la prochaine fois, à peser le pour et le contre budgétaire, puisque Bruxelles seule n'a pas le pouvoir physique à restreindre nos dépenses budgétaires, quand bien même un traité appelé Maastricht existe. 



(1) L'Opinion Défense : "L'Allemagne n'a pas de leçon à recevoir de la France 9 Janvier 2014
(2) Financial Times Germany ‘needs no lectures’ from allies, says Thomas de Maizière 9 Janvier 2014
(3) Spiegel Zorniger Thomas de Maizière: So wird man nicht Bundeskanzler 9 Janvier 2014
(4) Handelsblatt THOMAS DE MAIZIÈRE „Deutschland braucht keine Belehrungen“ 9 Janvier 2014
(5) Le Figaro Opérations extérieures : Hollande appelle l'Europe à la solidarité
(6) La Croix UE: Merkel veut des discussions sur l'intervention en Centrafrique 11 Décembre 2013
(7) Le Monde Mis en minorité au Parlement, David Cameron renonce à une action militaire en Syrie 30 Août 2013
(8) The Telegraph David Cameron has restored the authority of Parliament 29 Août 2013

1 commentaire:

  1. Que d'approximations et d'idioties absolues dans ce post qui aurait pu être bien s'il ne suintait pas la mauvaise foi.
    Sur le fond, l'argument est tout à fait intéressant, recevable, et il se trouve que je le partage: "agissons seuls et assumons, ou agissons ensemble, mais il faut choisir", ça a l'air plein de bon sens.

    Du coup est-ce que vraiment il fallait mâtiner cela d'un tissu d'âneries qui n'étaient pas nécessaires pour justifier le fond?

    - Sur les médias français invitant des responsables allemands: en quoi cela a le moindre rapport avec la choucroute de la décision politique? C'est une décision des médias, et sauf à confirmer l'espèce de sous-entendu vaseux de collusion des médias avec le pouvoir etc, c'est indépendant de la discussion.
    - "Soit nous sommes une république indépendante, et dans ce cas nous prenons nos décisions militaires tous seuls et ne demandons rien à l'Allemagne. Soit nous sommes un des 27 membres de l'UE, et dans ce cas [...]". Ouuuuh la vilaine tentative malhonnête de manipulation rhétorique. Relire L'Art d'avoir Toujours Raison pour ce bel exemple de fausse opposition. Désolé, mais nous sommes indépendants ET nous faisons partie de l'UE. Mauvaise foi absolue de mettre les deux en opposition.
    - "Imagine t-on que la Californie lance une guerre contre le Pérou, seule, sans l'aval de Washington ?". Pardon mais que vient faire l'Europe en tant que pays là-dedans. Vos sensibilités sur le faire de faire disparaître les nations sont respectables. L'usage de raccourcis malhonnêtes et de parallèles absurde entre France/UE et Californie/USA ne le sont pas. Libre à vous de militer pour que la France n'ait plus de ministres, plus d'armée et plus de politique internationale, mais je ne vois pas le rapport avec le présent et donc avec la discussion actuelle sur les interventions d'aujourd'hui.

    - "Catherine Ashton, supérieure hiérarchique théorique de Laurent Fabius".
    Ah! Ah! Ah! Comme je ne vous ferai pas l'affront de penser que vous êtes bêtement ignorant de l'architecture des institutions nationales/européennes, je ne peux que supposer que vous savez pertinemment qu'Ashton n'est pas du tout sensée être la supérieure hiérarchique de Fabius. Et donc insister sur votre mauvaise foi totale une fois de plus.

    - "la France doit expliquer si, depuis que Hollande est président et fait intervenir l'armée française aux quatre coins de la planète, notre sécurité est vraiment plus élevée. Il ne semble pas que ce soit le cas." Et allez hop, encore un exemple de mauvaise foi totale en tentant de remplacer les termes du débat. Qui a dit que l'objectif était un objectif de sécurité? Personne, et effectivement, ça ne renforce pas la sécurité. Par contre, droits de l'homme, aide aux peuples, etc... Ca se débat, mais au moins faudrait-il avoir la bonne foi de ne pas placer le débat là ou il n'est pas.
    Moi je dis qu'il faut qu'on nous explique comment le fait d'avoir rendu la ceinture de sécurité obligatoire a diminué le nombre de cancers. Il ne semble pas que ce soit le cas. Ca doit donc être une mauvaise chose...

    Bref, pourquoi avez-vous besoin de dire n'importe quoi avec une mauvaise foi terrible alors que votre point de vue tient très bien debout sans avoir besoin de dire n'importe quoi pour le justifier à coup de faux arguments?

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