Pendant que certains fêtent la nouvelle année 5774 (1) et que d'autres profitent du Labour Day (2) pour prendre le temps de réfléchir, la gauche française, belliciste, fourbit ses armes contre la Syrie.
On attend toujours que l’exécutif nous montrent les preuves qui prouveraient qu'en plus d'être un dictateur et l'auteur d'une sanglante répression, Bachar El Assad serait en plus un fou suicidaire (car la communauté internationale l'a dans le collimateur, non sans raisons au vu de la violence qui déchire la Syrie).
Mais surtout, on comprend que l'exécutif, dominé par les hiérarques du Parti Socialiste, est de toutes façons sûr de son bon droit. La stupéfiante petite phrase de Harlem Désir en atteste (3). Comment le premier secrétaire du Parti Socialiste peut traiter de "droite à l'esprit Munichois" des gens qui, de Villepin à Mélenchon, en passant par Bayrou ou 64% des français, ne veulent pas engager le pays dans une nouvelle guerre, en plus du Mali, en plus de l'Afghanistan, en plus de la Cote d'Ivoire ?
La réponse se trouve dans l'histoire de la gauche. Lisez, sur Contrepoints, l'excellent article de JB Noé (4), la gauche et la guerre, pour comprendre pourquoi Hollande veut lancer une deuxième guerre en moins d'un an.
Mais la réponse se trouve aussi dans la conception même de la démocratie, selon la gauche.
Avez-vous entendu Yann Moix, l'écrivain, sur RMC ? Si non, écoutez, même si vous n'en croirez sans doute pas vos oreilles.
"La démocratie a été inventée pour que le peuple donne ses droits, abandonne ses droits à quelqu’un qui le représente, et aujourd’hui ça s’est transformé en autre chose, c’est finalement le peuple qui dirige tout via les sondages ! Or, la démocratie, ça n’a jamais été le peuple qui dit aux dirigeants ce qu’il faut faire, c’est le dirigeant qui a l’autorisation d’agir au nom du peuple, qui lui en a donné les droits, c'est pas la même chose. On ne tient pas compte de l'avis des français par les sondages.
C’est le contraire de la démocratie que de demander son opinion à la France,
Si l’on doit tenir compte de l’avis du peuple, c’est uniquement au moment du vote, ou via des référendums. On n’a pas à demander l’avis du peuple, ça n’a aucun sens"
Pour Yann Moix, intervenant occasionnel du Parti Socialiste (5), il n'y a qu'une seule sorte de démocratie, la démocratie représentative, dans laquelle on vote tous les 5 ans, puis on la ferme. En socialie, on dirait donc non à la démocratie directe.
Est-ce aussi l'avis de l'ensemble des socialistes ? Si oui, on comprend leur incompréhension vis-à-vis des manifestations anti loi Taubira sur le mariage pour tous.
Mais du coup, pourquoi ont-ils contesté, dans la rue, des projets de loi du gouvernement précédent, sur les retraites, par exemple ?
2010 : des français donnent leur opinion |
Yann Moix, par sa position sur la démocratie, éclaire aussi son point de vue sur la Suisse, un pays qu'il qualifiait d'inutile (6) au moment de l'affaire Polanski. Et faut-il comprendre que la hiérarchie des normes ne peut pas être la même pour des élites culturelles qui, par définition, sont loin du peuple (qui n'existe pas, pour Yann Moix, au passage).
Que le PS pense ce qu'il pense, c'est normal. Ce qui est dommage, c'est qu'en face, il n'y ait pas de pensée et d'opposition structurée (7), ne serait-ce que pour mettre le PS en face de ses propres contradictions de raisonnement.
En attendant, que Yann Moix aille jusqu'au bout de la logique du mandat impératif : étant donné que la guerre en Syrie ne faisait pas partie du programme de François Hollande, le vote de 2012 ne l'autorise donc pas à la mener.
Les théoriciens de la séparation des pouvoirs doivent se retourner dans leur tombe.
(1) Jerusalem Post Top 10 Jewish showbiz moments of 5773
(2) USA Today Labour Day, not for everyone
(4) Contrepoints La gauche et la guerre
(6) Blog le Figaro Yann Moix, l’ennemi public de la Suisse
(7) Le Parisien Libéral Le discrédit total du gouvernement amoindri par l'absence d'opposition audible
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