Ce matin, le Président de la République est à la Une de L'Opinion, qui titre "François Hollande face à la rue".
Force est de constater que tout le monde, ou en tout cas beaucoup de monde, a sous-estimé la capacité politique de celui qui fut l'apparemment insignifiant Premier Secrétaire du Parti Socialiste. On peut dire que ce poste, à la tête d'une organisation contradictoire et ingouvernable, ainsi que son apprentissage auprès de Mitterrand, lui aura appris bien plus que l'on croit.
En effet, prenons la séquence d'événements qui a conduit le maire de Tulle à devenir président de la République.
Fin 2011, alors que DSK est l'archi favori de la gauche, Hollande commence à se préparer (1), au cas où. En effet, tout comme on peut imaginer que Sarkozy pensait peut être gagner sans combattre, une fois que le CV de l'ancien directeur du FMI aurait été révélé, il est possible de penser que Hollande lui aussi, même s'il se défend de jamais n'avoir rien vu, rien su, rien entendu, doutait de la solidité de DSK en tant que candidat.
De plus, ce fin connaisseur de la géographie électorale du pays a bien observé l'état d'exaspération du pays, tout en ayant probablement objectivement conscience du fait que Sarkozy a fait ce qu'il a pu, dans le respect de l’appétence des français pour l'étatisme et le socialisme, et en tenant compte des contraintes qui pèsent sur le pays.
On se souvient de l'arrogance du discours "Moi, Président de la République" et du fait que, bien qu'il n'avait pas plus de solution contre la crise, Hollande a surtout reproché à Sarkozy le fait qu'il se réfugie derrière la "conjoncture internationale" pour expliquer son échec notamment.
A présent, Hollande est Président de la République. Il y a été porté par une coalition d’intérêts hétéroclites et de votes divers, de gauche, d’extrême gauche (Front de Gauche) et du Front National (2). Il a donc bien conscience de la fragilité de sa majorité. Il a bien réussi à museler l'opposition interne à la gauche (les Verts d'EELV sont portés disparus) et à corneriser Mélenchon, dont le discours se rapproche de plus en plus de celui de Marine le Pen. Et maintenant ?
Partons donc de l'hypothèse que le seul moteur d'action de Hollande est la conservation du pouvoir. Alors constatons qu'en réalité de ce que l'on peut penser, il s'en sort très bien. Le disciple de Mitterrand a bien appliqué le principe de "diviser pour mieux régner".
Que se passe t-il depuis l'automne dernier ?
Hollande n'a aucune prise sur l'économie. On peut même clairement dire que les décisions du gouvernement détériorent la situation. Par contre, il a un levier énorme sur le sociétal, et sur la possibilité de diviser les français. Le mariage gay a été une pièce maîtresse dans ce dispositif. D'abord, il s'agit d'une revendication communautariste portée en France par des mécènes du PS (Pierre Bergé) et par, disent les instituts de sondage, des électeurs socialistes. De plus, il s'agit d'un projet auto proclamé "progressiste" (alors qu'il est conservateur car quoi de plus classique que le mariage ?). Et surtout, il s'agit du projet parfait pour diviser la droite, qui non seulement n'a toujours pas défini de ligne politique, mais se voit influencée par ses éléments les plus conservateurs (au sens politique du terme).
Toute la stratégie de Hollande vise à réveiller les mouvements qui caricaturent la droite morcelée ou le catholicisme, pourtant religion ultra minoritaire en France (4.5% des français sont catholiques) afin de créer un point de fixation des médias. Comment interpréter le fait que Najat Belkacem, pourtant connue à la fois pour ses propos scandaleux tenus au sein de la fac de Lyon sur la traite négrière (3) ou pour son silence vis à vis de la politique anti-gay du Maroc (4), soit désignée pour aller célébrer les fêtes de Jeanne d'Arc à Rouen (5) ? Comment interpréter les propos de Manuel Valls sur les incidents du Trocadero ?
Les raisons pour se sentir agressé par le gouvernement sont nombreuses, quand on est de sensibilité non socialiste, et la stratégie d'enfumage fonctionne à plein. Et pendant que le peuple va manifester contre une loi déjà en vigueur, le gouvernement poursuit son travail de restriction des libertés civiles. C'est bien de se battre pour le droit d'enfants qui n'existent pas encore, mais ne serait-ce pas plus intelligent de protester contre :
- les lois de finance, spoliatrices
- le tour de vis sécuritaire et fiscal qui va bientôt s'appliquer à l'Internet (lutte "anti terroriste" et "anti piratage")
- le statut fiscal du Président de la République et de sa compagne, sur leur ISF, notamment
- l'unilatéralisme du droit public qui désavantage les usagers face à l'administration
- la persistance des fichiers de police hors de contrôle, type STIC ou FNAEG
- l'usage par le fisc de pratiques théoriquement répréhensibles, telles que le recel de fichiers volés
- les délais de paiement de l'administration vis a vis des PME
- la volonté d'imposer à nos partenaires Européens notre vision de l'harmonisation fiscale
- FATCA, la nouvelle législation fiscale américaine, de portée mondiale
- l'écrasement planifié des petits pays (Suisse, Luxembourg)
Ce qui se passe en ce moment, c'est que bien que les Etats aient prouvé leurs limites, surtout depuis le début de la crise en 2008, ils se comportent comme des animaux blessés, très dangereux. Avec un ultra étatiste intelligent et sous estimé à la tête d'un pays comme la France, le cauchemar est d'autant plus grand. Les hochets sociétaux qu'il envoie dans le débat public ne doivent pas faire oublier qu'il fera tout pour s'accrocher au pouvoir. Dommage qu'il n'y ait pas d'opposition pour le signaler. Cette dernière est sans doute trop occupée à courir après la Manif de dimanche, quand elle ne se bat pas sur des débats d'idées mais de personnes.
Hollande face à la rue ? Mais il n'attend que ça, histoire de montrer qui commande. Ce n'est pas le peuple qui commande, manifestement. Pour les libertés, on repassera.
(1) Hollande : "Aucun sondage n'a élu un candidat" TF1, le 7 septembre 2011
(2) Hollande s'adresse aussi aux électeurs du FN, le JDD du 23 avril 2012
(3) Najat Belkacem chahutée sur l'esclavage, Lyon Capitale du 18 avril 2009
(4) Najat Vallaud-Belkacem, portrait d’une oiselle rare Gay Maroc du 9 mars 2013
(5) Débat sur la présence de Najat Vallaud-Belkacem aux célébrations de Jeanne d’Arc à Rouen La Croix du 22 mai 2013
Tiens, toi aussi tu vois l'état comme un animal blessé... J'en fais mention dans mon dernier billet (ici http://tinyurl.com/ojdog9n ). La question devient donc : combien de temps ça peut encore durer ?
RépondreSupprimerPlusieurs personnes parlent de Septembre 2013 pour un défaut de paiement majeur. Je m'interroge.
Completement d'accord. Combien de temps ca peut encore tenir ? A moins qu'on ne mette la main sur l'or du Mali / Niger et les autres.
Supprimer