Nous sommes le 17 juillet.
Il y a 73 ans (ce n'est pas si vieux, soixante-treize ans, il y a encore des témoins de cette époque en vie), la police française, de son propre chef, raflait des français, de confession juive, pour les mettre dans les trains à destination des camps d'extermination des nationaux socialistes allemands.
A l'époque, un doute pouvait subsister sur la destination finale des convois, puisque la réalité des camps était encore inconnue. En revanche que les autorités françaises aient agi par pur antisémitisme, une opinion répandue et légale à l'époque, ne fait aucun doute. Depuis, et parce que 1945 est passé par là, avec la découverte de l'ampleur du processus d'assassinat de masse de gens parce que de telle religion, la France a eu deux attitudes.
Dans un premier temps, la France s'est dissociée de ces crimes, en arguant du fait que Vichy, ce n'était pas la France, et que de toute façons, la France ne s'excuse pas de son histoire. C'était la position de Mitterrand. Puis, dans un second temps, avec Chirac, on a admis l'idée que, même si Vichy, ce n'était pas la France, il fallait quand même que la Veme République endosse les crimes commis par la police nationale en 1942. Mais surtout, la Shoah a fait l'objet de réparations, financières notamment, comme on l'a encore vu avec l'exemple de la SNCF qui a choisi de verser de l'argent à des victimes américaines (1).
Pourtant, il n'est pas certain que d'assortir la reconnaissance de certains génocides de compensations financières soit une bonne idée.
D'une part, le préjudice de la Shoah, comme de tout génocide, est incalculable. Au delà des biens appartenant à des juifs qui furent "aryanisés", comment calculer de manière réaliste le cout d'une vie gâchée, voire détruite ? Comment évaluer, des années après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ce qui aurait du être, à la place que ce qui fut ?
D'autre part, l'argent n'achète pas tout. Dans le cas spécifique de la SNCF, on peut même parler de dépense qui n'aidera pas l'entreprise. Si des stakeholders influents dans le processus de décision des transports aux Etats-Unis estiment qu'in fine, la SNCF de 2015, ses hommes, ses femmes, restent comptables des actes commis par leurs prédécesseurs, pourquoi voulez-vous que 60 millions de dollars effacent quoi que ce soit ? De toutes façons, la réussite économique d'Hugo Boss (fournisseur d'uniformes de l'armée allemande et du parti national socialiste) ou de BMW montrent qu'une telle tache n'est manifestement pas un obstacle au commerce.
Enfin, la repentance et les réparations laissent l'impression d'un traitement à géométrie variable des crimes. Or, l'idée du deux poids deux mesures est précisément l'un des facteurs qui alimente le ressentiment (2) de certains. Est-ce que les français de 2015 ont à payer, moralement ou financièrement, pour la Shoah, le Rwanda (3) ou le génocide Camerounais (4) ? Pourquoi continuer à alimenter la fort logique concurrence victimaire ?
Avoir une réponse claire, cohérente et définitive à cette question permettait aussi au président Hollande d'éviter les "maladresses" quand il parle de la "dette" de la France envers Haiti (5) ou encore à Fabius de pouvoir reprendre les propos de bon sens de la députée Européenne Sylvie Goulard, en disant une fois pour toute à Alexis Tsipras que la Grèce, membre de l'UE, n'est pas fondée à demander des réparations à l'Allemagne, membre de l'UE .
Grèce, Allemagne : dette et paix par sgoulard
(1) Le Figaro La France va verser 60 millions de dollars aux victimes américaines de la Shoah 5 décembre 2014
(2) Ligue des Droits de l'Homme L'antisémite Dieudonné condamné pour son hommage à Faurisson 27 octobre 2009
(3) The Guardian Rwanda genocide: why compensation would help the healing
(4) Cameroon Voice L'histoire secrète du génocide camerounais par la France 28 janvier 2011
(5) Le Figaro En Haïti, Hollande tente de réparer sa maladresse 12 mai 2015
La repentance, ce fléau imposé par le pétainisme, permet la mise en place d'un business très lucratif à des proxénètes bien placés près du pouvoir.
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