dimanche 26 juillet 2015

#JeSuisMaroua, ou bien ?

Et si le traitement médiatiques des attentats qui ont secoué la ville de Maroua, dans le nord du Cameroun, donnaient raison à ceux qui, pour des raisons différences, ont dénoncé le Charlysme, je "#JeSuisCharlie" de janvier dernier ?
Rappelez-vous. En janvier dernier, la capitale a été secoué par deux événements, l'un, abusivement appelé attentat, en réalité une vendetta anti Charlie Hebdo dirigée par des musulmans qui protestaient contre les caricatures du prophète Mahommet, et l'autre, une prise d'otage,  attentat antisémite, dans la supérette Hypercasher de la Porte de Vincennes. 
Suite à ces événements,  le pays qui s'était massivement mobilisé en faveur de la liberté d'expression (et non pas en restriction de celle ci ...) et le gouvernement avait alors habilement joué de la confusion que certains tentent d'imposer entre la France (le pays) et la République (le régime) pour faire admettre l'idée que nous étions Tous Charlie. 



Quelques voies s'étaient bien élevées ça ou là pour dire qu'elles n'étaient pas Charlie, notamment chez certains "jeunes de banlieue" ou au sein des médias alternatifs (1), mais une impressionnante coalition gauche/droite politiciens/journalistes (2) s'était chargée du rappel à l'ordre. Et gare à ceux qui, pour une quelconque raison, se sentaient "Charlie Coulibaly" (3). L'heure n'était ni à la provocation, ni aux blagues de mauvais gout. Et tant pis si les journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo détestaient, pour diverses raisons la encore, les institutions, de Manuel Valls au Nasdaq, qui les soutenaient alors.




Par la suite, les actes terroristes n'ont pas cessé. Il y a eu Copenhague en février 2015 (4) et d'autres encore.



Aujourd'hui, il y a Maroua. 


Cet attentat suit un autre, survenu également cette semaine, dont personne n'a parlé. Comme se demande le blogueur et politicien lyonnais Romain Blachier, "Médiatiquement, les camerounais sont-ils une race inférieure " ? (5)

Alors, certes, il y a les règles journalistiques des morts/kilomètre (6) et de la reprise d'une information par d'autres médias, de préférence dit de référence. On préférera toujours parler du décès par accident d'un pilote de Formule 1 des Alpes Maritimes que du décès de 20 personnes sur un marché en Afrique, c'est ainsi, tout comme on parlera toujours plus d'un fait divers qui se passe quelque part aux Etats-Unis plutôt que de la découverte par le CERN d'une nouvelle particule (7).

Il y a aussi l'évident manque de leadership médiatique des dirigeants politiques africains, qui, dictateurs ou non, ont défilé le 11 janvier à Paris ou à l'Elysée. Leur age, leur décalage vis a vis de leurs pays et leur attachement manifeste à la Françafrique que le président Hollande a reconstitué, en dépit des promesses de campagne, constituent probablement les facteurs explicatifs de l'absence de mobilisation autour de slogans tels que Je Suis Maroua ? 



Il y a aussi gène, chez nous, autour de notre politique étrangère. Il y a deux semaines, le président Hollande était au Cameroun. Est-ce que les médias en ont parlé ? Pas vraiment. C'était la canicule, il fallait parler des propos de Ségolène Royal qui suggérait de boire de l'eau quand il fait chaud. Et puis surtout, cela aurait forcé les journalistes à demander à François Hollande si Moi Président compte continuer à inviter des dictateurs à l'Elysée (8), s'il compte expliquer quel sera le rôle du Cameroun dans la guerre contre l'islamisme (9) et si, aujourd'hui, ce pays est victime d'une représailles. 

Bref, puisque nous ne sommes pas Maroua, peut être que tous ceux qui ne se sentaient pas Charlie avaient raison ?
Quoi qu'il en soit, ayons une pensée pour les victimes du terrorisme, qui qu'elles soient, où qu'elles soient.



(1) Boulevard Voltaire Gabrielle Cluzel : "Non, je ne suis pas Charlie !" 7 janvier 2015
(3) Le Monde « Je me sens Charlie Coulibaly »  Dieudonné 4 février 2015 
(5) Romain Blachier Médiatiquement les camerounais sont une race inférieure 22 juillet 2015

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