vendredi 3 juillet 2015

Légalisation de la GPA : le gouvernement PS n'a plus le choix !

La gauche est au pouvoir. Alors, certes, depuis 2012, il y a  600 000 chômeurs de plus. 200 milliards d'euros de dette supplémentaire. 17% de bénéficiaires du RSA en plus ... autrement dit, un échec total en ce qui concerne l'économie.

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Mais la gauche au pouvoir, c'est aussi le retour des "marqueurs", notamment sociétaux ! La gauche est progressiste, nous dit-on. Elle est fière d'avoir accordé l'égalité, à savoir, l'autorisation que les couples homos se marient. Pourtant, elle continue à afficher son opposition à la GPA, en dépit de toutes les décisions de justice comme celle de ce vendredi 3 juillet 2015.



Pourquoi les activistes gays tenaient tant à pouvoir se marier, alors qu'il y a 10 ans encore, à l'instar de ce que pensait et disait Bertrand Delanoé (2), le mariage était un projet communautariste et conservateur ? C'est très simple, il suffit de reprendre la contribution du club Homosexualité et Socialisme (1) au  projet PS : elle statue que :  "la loi qui ouvrira le mariage, le partage de l'autorité parentale, l'adoption et l'assistance médicale à la procréation à tous les couples doit voir le jour [...] Tous les projets de parentalité doivent avoir leur chance : ceux émanant d’un couple hétérosexuel comme ceux émanant d’un couple homosexuel, ceux émanant de personnes seules et ceux impliquant des personnes trans. Tous les projets de parentalité doivent avoir leur chance, ceux qui ont recours à l’adoption en France et à l'international, bien sur, mais aussi ceux qui impliquent de partager à plusieurs l’autorité parentale (la pluriparentalité), ceux qui reposent sur l’aide médicale à la procréation, qu’il s’agisse de l’insémination par donneur anonyme (IDA), la fécondation in vitro (FIV) ou de l’insémination artificielle avec assistance médicale. Le débat sur les modalités d’encadrement strict de la gestation pour autrui (GPA) doit se poursuivre, sans dogmatisme ni naïveté. De même, il faut sécuriser la situation juridique des enfants nés de GPA pratiquées légalement à l’étranger".
Autrement dit, puisqu'en France, nous avons choisi la loi, plutôt que des contrats librement consentis entre adultes consentants, qu'ils soient ou non du même sexe, qu'ils soient ou non deux ou plus, pour définir le mariage civil et les droits associés, dont la parentalité, si on voulait que les couples gays puissent eux aussi valider leur "projet parental", alors il fallait que le mariage civil leur soit accessible.

Le mariage dit pour tous était-il la seule revendication ? Non. Le texte de HES est très clair, et c'est logique au vu du lien entre mariage et projet parental. 

Alors, de quel droit le Parti Socialiste peut-il refuser la GPA à des couples français (voir les réactions de Valls (3) ou Touraine (4)) alors qu'il se réclame de l'égalité ?  
Jusqu'à preuve du contraire, deux hommes ne peuvent pas faire d'enfants ensemble. En revanche, si une mère porteuse s'en mèle, alors la situation est différente, surtout si cela est possible chez certains de nos voisins (Belgique, Royaume Uni) ou plus loin (Certains états des Etats Unis, Russie, Inde, Thailande ...). 

Les raisons pour lesquelles le Parti Socialiste s'oppose à la GPA sont risibles. D'une part, quand Marisol Touraine ou Manuel Valls rejettent la gestation pour autrui par rejet de la "marchandisation du corps des femmes" et que c'est la position du gouvernement de "ne pas justifier la commercialisation des êtres humains et notamment celle du corps des femmes", ils reprennent les arguments de la Manif pour Tous, celle qu'ils ont méprisé, en la traitant d'homophobe. 
D'autre part, ils nient la capacité de femmes adultes, certes non françaises mais adultes quand même, à passer librement des contrats (aussi légitimes ou bien aussi peu ragoutants peuvent-ils sembler, selon les valeurs culturelles de chacun). 

Il est quand même étonnant que le gouvernement se place sur le terrain des valeurs. En effet, lors des débats relatifs à la loi Taubira, le gouvernement répétait en boucle :
  • Le mariage pour tous n'enlève rien à personne
  • Les familles concernées par le mariage pour tous existent déjà
  • La France est en retard puisque le mariage gay existe déjà à l'étranger (5)
  • "Au nom d’un prétendu droit à l’enfant, vous refusez des droits à des enfants que vous choisissez de ne pas voir" (6)


Or, tous ces arguments, on peut très facilement les transposer à l'argumentaire pro légalisation de la GPA : 

  • Qu'une femme français accepte de porter l'enfant d'un autre n'enlèvera rien ni à la vie de Valls, ni à celle de Touraine, c'est son affaire ? 
  • Les familles françaises concernées par la GPA existent déjà (d'où les polémiques actuelles)
  • La France est en retard par rapport à Israel, au Royaume Uni ou aux Etats-Unis. 


L'hypocrisie absolue serait de reconnaître l'idée qu'il faille interdire chez nous ce qui est non sanctionné à l'étranger, un peu comme si on décidait de sanctionner ici chez nous en France un touriste néerlandais coupable d'avoir consommé du cannabis chez lui aux Pays Bas. A moins que le gouvernement socialiste ne veuille donner raison à la Manif pour Tous, il ferait donc mieux de sortir de ses contradictions, en allant au bout du projet du mariage pour tous et en légalisant la GPA en France. 



(1) Homosexualité Et Socialisme Contribution présentée par HES  
(2) LCI Bertrand Delanoë 
(3) Direct Matin Pour Valls, "la GPA demeure un interdit absolu" 3 juillet 2015
(4) Libération Marisol Touraine, «résolument hostile à la GPA» 3 juillet 2015
(5) Le Plus Nouvel Obs "C'est la France qui est en retard" 8 octobre 2014
(5) La 1ere Mariage pour tous : "Un acte d'égalité", pour Christiane Taubira 30 janvier 2013




Sur le même sujet 

Gestation pour autrui (GPA) : ils font rire, ces socialistes ..., un post du 30 janvier 2013

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