vendredi 31 juillet 2015

Réguler les loyers à Paris, refuser le réel

Demain, les propriétaires parisiens auront l'obligation de se soumettre aux dispositions de la loi ALUR et du décret n°2015-650, paru au Journal officiel le 10 juin 2015 (1). 

Réguler les loyers ... faut vraiment être très loin du réel pour avoir une idée pareille. Parce que, rappelons quelques évidences : un loyer, c'est quoi ? C'est bien un prix. C'est, dans le cadre d'une relation librement consentie entre un propriétaire et un locataire, une somme d'argent versée par l'un à l'autre en échange du droit d'occuper un logement ? 

Mais pourquoi le propriétaire loue t-il ? Par altruisme ? Non. Il loue car il pense que son bien peut lui rapporter. 
Et pourquoi les loyers sont-ils plus élevés à Paris qu'à Roubaix ou à Tulle ? Est-ce que les propriétaires sont plus méchants dans la capitale ? Non, c'est simplement le résultat de l'offre et de la demande : il y a plus de gens qui veulent habiter à Paris qu'à Roubaix ou à Tulle. 

Mais, avec ces loyers élevés, est ce que les propriétaires parisiens se gavent, au moins ? Même pas. 


Même s'il vaut évidemment mieux recevoir un loyer, quand on possède un bien immobilier, plutôt que ne rien recevoir, les rendements ne sont pas élevés dans la capitale. 

Autrement dit, peut etre que cette loi est un mauvais coup contre Paris, une ville qui a pourtant besoin d'investissement immobilier, pour autant que le foncier soit disponible. 

La Fondation Abbé Pierre nous dit que cette loi ALUR, c'est "enfin de l'action contre la crise du logement" (3). Mais ne comprennent-ils donc pas que, plus on régule le logement, plus la barrière à l'entrée est haute, et plus les propriétaires seront enclins à demander des garanties et des documents sur les postulants locataires ? 
La garantie des loyers, certes, mais que répond la Fondation Abbé Pierre à celles et ceux qui n'ont pas de garants, pas de fiches de paie, pas de sceau de l'Etat au bas d'un contrat d'embauche au sein de la fonction publique ? 

Le réel, il est la : la demande en logement à Paris demeure forte. Les arrangements avec le réel ne peuvent se faire qu'au détriment des faits. Et les faits, c'est que sur le territoire des 105 km² de la capitale, la demande en logement est croissante face à une offre relativement stable. 





(3) Le Monde Agir enfin contre la crise du logement 28 juillet 2015

1 commentaire:

  1. Marrant d’invoquer la loi de l’offre et de la demande pour tenter de prouver un manque de réalisme. Je rappelle d’abord que cette loi est une loi théorique qui se heurte à de nombreux problèmes logico-mathématique. Par exemple elle ne peut être valable au minimum que dans une économie ne produisant, n’échangeant qu’un seul type de bien et dans laquelle tous les individus sont des clones. C’est le théorème de Sonnenschein qui le démontre. Concernant le logement, c’est encore plus flagrant étant donné que chaque logement est unique. Pour que fonctionne la loi de l’offre et de la demande, il faut au moins avoir des biens similaires. Ensuite d’un point de vue empirique elle est souvent prise en défaut. Concernant le logement à Paris, il faut tout de même savoir que près de 14% des logements à Paris sont vacants. Alors je veux bien que certains soient en travaux mais 14%.....
    La réalité est un peu différente de ce que vous décrivez. Ce qui est réel c’est que la hausse des loyers, les politiques fiscalement avantageuses ont créé une bulle immobilière : les prix de l’immobilier augmente, ce qui fait augmenter les loyers, ce qui fait augmenter les prix de l’immobilier. Ce qui est réel c’est que nous avons des individus plutôt aisés voire très aisés qui louent des biens à des individus qui ont besoin de se loger. Il y a là un rapport de force entre deux individus inégaux, ce qui fausse bien entendu la donne et donne un pouvoir de négociation plus important aux premiers et donc fausse les prix en leur faveur. L’encadrement des loyers mis en place ne fausse pas tellement le fonctionnement du marché, étant donné que les plafonnements sont indexés sur les prix du marché, ce n’est pas un plafonnement totalement arbitraire mais c’est un plafonnement qui empêche les abus.
    Par contre un point avec lequel je suis d’accord, c’est que réguler le loyer n’est pas une réponse satisfaisante s’il y a un manque de logements physiques. Ce n’est pas l’encadrement qui va construire des logements supplémentaires. La question est de savoir s’il en manque vraiment à Paris, combien il en manque et ensuite choisir les solutions. Il semble évident que les politiques d’incitation fiscale mises en place pendant plus de 10 ans n’ont pas fonctionné. D’autres possibilités existent : développement du logement social, baux emphytéotiques sur le foncier sont les alternatives les plus crédibles et les plus efficaces.

    Nelio

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