jeudi 21 février 2013

La fracture sociale pour ceux qui ne veulent pas comprendre

Il y a un truc super comique en matière d'analyse de cette pauvre France qui souffre du fait du méga libéralisme sauvage et ultra américain qui la caractérise, c'est quand un bobo au sens littéral du terme (portefeuille à droite et vote à gauche) veut vous expliquer qu'il faut plus d'Etat afin de lutter contre la précarisation des populations fragilisées (les classes moyennes rurbaines). 

Ah, ces  bobos qui ne veulent pas comprendre qui ne veulent pas comprendre que la fracture sociale, c'est nous tous, c'est ce que nous voulons.

Prenez Jegoun et son post "Les nouvelles classes populaires" du 21 février 2013,  en réaction à l'article du Monde Exclues, les nouvelles classes populaires s'organisent en "contre-société", ou Sarkofrance et son post "hors système". 

Jegoun écrit : 


  • J’ai acheté mon appartement en 1994 en proche banlieue Parisienne. 
  • Quand je suis arrivé, nous avions une usine. Mon quartier, tout près de la Nationale 7, à 500 mètres de la capitale, hébergeait plein d’ateliers divers 
  • L’usine a disparu, remplacée par un centre commercial. Les ateliers ont été remplacés par des immeubles d’habitation ou de bureau. 
  • Des « cadres Parisiens » (comme moi) ont commencé à habiter cette petite ville. Les ouvriers ont disparu. Repoussé en banlieue. 
  • Le parc de logements sociaux est très important (37% de mémoire) et est occupé en partie par des populations issues de l’immigration, relativement bien intégrées. 
  • Dernier épisode en date : le siège de LCL s’est installé dans la commune voisine
  • Où sont passés les ouvriers ? Ils ont été poussés vers une banlieue plus lointaine. De toute manière, il n’y a plus d’usine, dans le coin. 

et, plus loin 

  • Il faut redonner l’espoir à cette « nouvelle France populaire », réorienter le développement économique, renforcer les services publics sur le territoire, …

Déjà, félicitations à Jegoun. Il a acheté pile poil au sortir de la crise de l'immobilier de 1991-1994, juste avant le début du fameux bull market de 1996-2006, pendant lequel l'immobilier a été multiplié par 3. 

Ensuite, c'est là où ça se gate, c'st quand nos amis gauchistes partent en mode "il faut que l'Etat intervienne contre les conséquences de nos choix individuels". C'est du foutage de gueule puissance maxi ! Pourquoi ? 

Les bobos, ils ne sont ni fous ni débiles. Ils ont raison de partir des endroits chers, où l'on paie 6, 7, 8 ou même 9000 euros le mêtre carré, pour aller vers les endroits où le mètre carré est à 2,3 ou 4000 euros. Mais ce faisant, ils encouragent les opérations de rénovation urbaine. Les promoteurs immobiliers et les urbanistes ou même les commerçants ne sont pas animés par un esprit de méchanceté mais de rationalité. Ils voient que si une population plus aisée remplace une population plus pauvre, alors les prix peuvent monter. 

Si les bobos voulaient vraiment aider les ouvriers à garder leur mode de vie, alors ils resteraient dans des minuscules deux pièces du XIIIeme ou du XVIIeme arrondissement plutôt que d'aller chercher plus grand et moins cher de l'autre coté du périph'. 

Le Kremlin Bicètre, Heloise Nez
En plus, les bobos ne se contentent pas de pousser les prix immobiliers à la hausse : ils amènent leur propre mode de vie, qui n'a rien de critiquable mais qui n'est pas celui des ouvriers. Le blog "photographier la ville" le montre bien : quand un sushi shop/Daily Monop/agence Acadomia s'installe dans un quartier de la petite couronne, c'est très rarement parce que des prolos l'ont ardemment réclamé. En général, c'est plutôt un entrepreneur pas trop stupide qui a vu qu'une nouvelle population pourrait constituer sa clientèle.

Ce processus de gentrification, il a été étudié à maintes reprises par les universitaires, et il suit toujours le même schéma  de Ivry (voir l'article de Libération sur cette autre ville probablement perdue pour les communistes au profit des socialos en 2014) à Saint Ouen, en passant par Montreuil ou Clichy : d'abord les explorateurs (vrais pauvres créatifs et originaux) puis les jeunes familles abonnées à Libé soi-disant à la recherche de la diversité (sauf dans l'école des enfants) puis, enfin, l'apartheid social sous couvert d'investissement public, mené par un maire socialiste. 

Quand la mairie lance des grands chantiers type couverture de la N7, c'est trop tard, les socialistes ont investi la place, il n'y à plus qu'à déménager, les pauvres ! (voir le forum de Europe Ecologie les Verts - Val de Marne). 

Quelle conclusions pratiques tirer de cette entreprise de désinformation qu'est le mythe de la gauche amie des ouvriers ? 

Déjà, ouvrez les yeux ! Ca n'est pas une quelconque main invisible d'un moloch marché tout puissant qui gentrifie Montreuil ou le Kremlin Bicètre mais des décisions très visibles de mairies de gauche. A quoi cela sert-il, pour la Fédération Anarchiste, de faire des manif contre la Loi du Marché alors que c'est bien le maire de la ville, Dominique Voynet, qui a signalé le squatt. Les maires gauchistes qui n'assument pas disent "il y a du danger dans ces squatts" ou "c'est à l'Etat de reloger ces gens". Pourquoi ne pas avoir tout simplement laissé les gens habiter des immeubles délabrés, dans ce cas, si le propriétaire et les locataires étaient d'accord ? Réponse : parce qu'une mairie préfère des immeubles à 4000 euros le mètre carré, comme au Kremlin Bicètre, plutôt qu'à 1000.

Ensuite, les gens qui protestent contre l'usage d'argent public pour faire des aménagements urbains ou des travaux publics d'envergure, comme les manifestants de Notre Dame des Landes, ont raison ! Qu'est ce qui peut rassembler des écolos radicaux et les Contribuables (voir le blog Ecologie Libérale) ? C'est bien le fait que l'argent public est pris à tous pour servir à seulement quelques uns, sans même évoquer la rentabilité douteuse ou nulle de certains projets ? 

C'est exactement le même genre de paradoxe que l'on voit en réaction à l'excellente idée de la SNCF, créer des TGV low cost, le Ouigo. Les bien-pensant comme Seb Musset ou la CGT & proches écrivent : 
  • Ce qui ressemble à la réintroduction de la 3e classe permet en fait la disparition progressive de la classe intermédiaire
  • La SNCF, une compagnie qui assurait autrefois un service correspondant davantage à la notion de service public (???), a  réinventé la troisième classe
Nos gauchistes n'ont pas compris ou pas voulu voir le fait que, quand la SNCF créait ses lignes TGV à grand frais, elle le faisait à crédit,  (un kilomètre de ligne TGV coûte 15 fois plus qu'un kilomètre de voie ferroviaire classique, d'après le Journal du Net ) (1). ce faisant, puisque la dette s'accumulait au sein de RFF, elle préparait la future inaccessibilité du TGV au plus grand nombre. Pourquoi ? Parce que la SNCF relève ses prix pour pouvoir rembourser le réseau. 

Nous n'avons qu'à ne pas payer la dette de RFF ? Pourquoi pas (sachant qu'elle a quand même servi à payer les ingénieurs et les ouvriers ou le matériel utilisé pour construire les lignes ...), mais dans ce cas, quelle boite acceptera de travailler gratuitement, à l'avenir, à la construction de lignes ou à leur entretien ? Il est donc bien préférable que ce soit les clients du TGV qui paient les péages de RFF, et puisque nous sommes arrivés à des prix du billet trop élevés, l'idée de TGV low cost est donc une excellente idée

Alors, au final, quelles solutions ? 

  • déjà, accepter que la mixité sociale doit cesser d'être un objectif politique : les français n'en veulent pas (lire La mixité sociale, personne n'en veut, un post du 28 mars 2012). 
  • ensuite, stopper d'urgence les politiques publiques qui impliquent de taxer les uns pour redistribuer à d'autres puisque souvent, ces politiques publiques ont des conséquences anti sociales (au sens gauchiste du terme). En effet, combien de CSP - à Roissy Charles de Gaulle Terminal E, à Louis le Grand ou dans le TGV high cost ? 
  • enfin, sortir de la société d'Etat-nounou qui veut que les politicards ultra interventionnistes s'accordent le droit de définir ce qu'est un logement décent ou non. L'inacceptable des uns est le rêve des autres, et le prix permet de mettre tout le monde d'accord
  • ajoutons : en finir avec les idées ultra interventionnistes en matière de logement, d'aménagement ou de transport, au profit des solutions privées, individuelles et décentralisées, le résultat final n'est pas plus mauvais (2).

Moins d'Etat ! Plus de libertés !


(1) Coût de construction d'une ligne TGV
  • LGV Nord 1989 : 7.5 millions d'euros le kilometre (source : gouv.fr
  • LGV Est 2002 : 13 millions d'euros le kilomètre (source LGV Est)
  • Le Mans-Rennes 2011 : 18 millions d'euros le kilomètre (source Challenges)
  • Bordeaux Tours 2012 : 22 millions d'euros le kilomètre (source Wikipedia)
  • Paris Lyon bis 2025 : 23 millions d'euros le kilomètre (source Lyon Capitale)



(2) La Défense, une initiative publique, gaulliste puis mitterrandiste est dans le rouge (source : MonPuteaux.com), alors que Carary Wharf, 100% privée y compris le métro DLR, fait des profits (source : Télégraph). 








1 commentaire:

  1. La ville de banlieue dont il est question est le Kremlin Bicêtre.
    On pourrait d'ailleurs virer Kremlin car pour ce qu'il doit y rester comme ouvriers au prix du m², cela n'a plus guère d'importance un tel nom.

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