vendredi 25 février 2011

Boeing - EADS : rechute anti libérale des Etats Unis ?



"Drole" de concommitance des dates : le jour où les Etats Unis d'Amérique expédient pour la dernière fois une navette spatiale dans l'espace, ils annoncent aussi que Boeing gagne le fameux contrat des 179 avions ravitailleurs du Pentagone.

Lequel des deux avions, le 767 modifié ou bien le A330 militaire, est vraiment le meilleur ? Des spécialistes de l'armée et de l'armement tels que Jean-Dominique Merchet (du blog secret défense), Opex 360, Tim Larribau, (du blog Mothys) ou Theatrum Belli seront à même de répondre. Mais ce qui est sûr, c'est que EADS avait présenté une offre 100% américaine : joint venture avec Northrop Grumman, usine aux Etats Unis. De ces ravitailleurs, les Européens n'auraient reçu que les dividendes et la répartition du cout de développement sur une plus grande série que ce que le marché naturel d'EADS permet, mais ni les emplois ni la maitrise technique.

Qu'en conclure ? Trois choses.
  •  Les Etats Unis semblent faire des choix de court terme : au lieu de renforcer leur partenariat avec l'Europe, seul pays démocratique et libéral dans un monde de plus en plus chinois, ils préfèrent les symboles faussement nationalistes et quelques emplois en plus (50 000 promis par Boeing contre 48 000, (aux Etats Unis !) dans le projet EADS)
  • l'Europe est donc prévenue : le matériel militaire, même vendu par des firmes privées donc théoriquement à la recherche du profit, et acheté par des Etats, donc théoriquement à la recherche du meilleur prix, relève du régalien. L'Europe doit donc fondre en une seule force militaire fédérale et intégrée ses 27 armées et s'équiper de matériel made in Europe, que ce soit, en matière aérienne notamment, du Rafale, du Saab Gripen ou de l'Eurofighter, pourvu que ce soit des usines de Hambourg, Chaulnes ou Seville qui tournent. Au passage, saluons la réforme initiée par Hervé Morin en matière d'achat de matériel par la DGA.
  •  Ces mêmes choix de court terme, fortement contraints par la crise des finances publiques et par l'explosion de la dette, pousse les Etats Unis et l'Europe à laisser le domaine spatial aux Chinois, ce qui pourrait se révéler être une erreur stratégique majeure. Pendant que nous nous battons pour 2000 emplois, les Chinois préparent la reconquete de la lune et de ses minerais. Nos emplois sont important, on le voit bien dans nos propres choix, au niveau français, qui nous font fermer les yeux sur la destination des armes que nous vendons en Afrique du Nord ou au Moyen Orient. Mais ne donnons pas raison au communiste qui aurait dit que les capitalistes finiront par nous vendre la corde avec laquelle ils nous pendront.

2 commentaires:

  1. L'histoire des ravitailleurs de l'US Air Force est malheureusement beaucoup trop polluée par des considérations étrangères au fond du problème. Le fond du problème, c'est que les KC-135 ravitailleurs, comme les AWACS d'ailleurs, sont en fait des Boeing 707 militarisés, que la cellule de ces avions vieillit inexorablement et que le décalage entre les technologies modernes, à bord par exemple des F-22 ou des Super Hornet, et les technologies des ravitailleurs devient énorme. Il faut remplacer ces ravitailleurs par des appareils plus modernes, plus sûrs, mieux équipés et dont le maintien en condition opérationnelle et les "upgrades" inévitables ne soient pas des usines à gaz insondables.

    En matière d'avions ravitailleurs, l'expérience est clairement du côté de Boeing. Certes, le A330 MRTT vole déjà alors que le 767 est encore un projet mais Boeing fait des avions militaires depuis 70 ans et des avions ravitailleurs depuis 50 ans. Le seul autre constructeur a avoir une expérience réelle dans ce domaine (Douglas avec une version militaire du DC-10) a été absorbé par Boeing en 1998.

    Airbus ne fait des avions militaires que depuis quelques années et l'expérience de l'A400M montre surtout une chose: Airbus est débutant dans ce domaine, maitrise mal les délais et les mises au point.

    Autre point qui, sans doute, a pu peser dans la balance, c'est la formation des équipages. Un véritable gouffre sépare le Boeing 707 du 767 à cockpit de 787 mais l'avion reste un Boeing avec une philosophie de Boeing. Un rapide sondage auprès des pilotes de ligne du monde entier permet de constater les différences relativement importantes dans la conception des avions et dans leur pilotage.

    Du point de vue politique, les choses sont inextricables. Tant qu'ils ne choisissent pas Airbus, les américains seront accusés de favoritisme. Et les européens cherchent évidemment à frapper un grand coup en entrant dans la chasse gardée de Boeing qui fournit des appareils de toutes sortes au forces américaines depuis les années 20.

    Nous ne connaissons pas le détail des offres ni la justification du choix mais le choix de Boeing n'est pas réellement une surprise, alors que celui d'Airbus en 2008 l'était.

    Mais, comme je l'ai dit, le débat est trop pollué pour y voir clair.

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