Les forces de sécurité egyptiennes ne restent les bras ballants sans agir façe à la Révolution en cours.
Fort logiquement, les journalistes, notammnet étrangers, sont un de leurs objectifs.
Le seul problème, dans cette tentative de muselage de la presse, c'est qu'elle nous renvoie à certaines de nos propres logiques, ici chez nous en France.
Quelques jours avant la chute de Ben Ali, l'ambassadeur de Tunisie en France se plaignait du fait que les journalistes, principalement Occidentaux, filmaient les manifestants et les opposants et non pas la "majorité silencieuse" (pour peu qu'elle existe vraiment...) . Il sortait l'argument selon lequel en France, le Ministre de l'Interieur ne veut pas voir d'images de voitures en feu, pour ne pas encourager la compétition entre bandes rivales qui se battent pour l'audimat.
Vous vous souvenez de Paris is burning, live ! que les chaines d'informations anglo-américaines passaient en boucle ?
Elles ont justifié ce couvre feu numérique auquel on a eu droit.
Evidemment, les incendies de voiture dans le 93 n'ont rien de comparables aux révoltes populaires de Tunisie et d'Egypte. C'est àà notre comportement et à notre diplomatie de rappeler cette évidence.
En attendant que l'évidence s'impose, on se demande comment relater un événement, alors que
le média n'est pas neutre mais au contraire rend possible l'événement (il est donc partie prenante) ?
Les événements d'Egypte ou de Tunisie ne sont pas des matchs de foot qui seraient filmés en
live, ce sont des prises de conscience qu'un autre avenir est possible, un avenir peut être démocratique et libéral, et cette prise de conscience a notamment pour origine la comparaison avec d'autres pays (le media permet de comparer) et le poids de l'opinion (le media permet de se compter et d'interpeller).
En Italie, le Président du Conseil, quand il n'est pas empetré dans des affaires impliquant des jeunes femmes voire des mineures (ce qui, malgré la jurisprudence Polanski, demeure un délit en Europe), consacre une bonne partie de son énergie à dénigrer la presse (anglo saxonne) qui ne l'aime pas et à ramener l'attention de ses
sujets téléspectateurs de Mediaset de fans du Milan AC électeurs vers les médias italiens, et à bouter
Youtube ou
Sky hors de son pays.
Les démocraties occidentales doivent être cohérentes et fidèles à leurs principes. Il ne faut pas avancer masquer, les Droits de l'Homme ne sont pas naturels au sens d'éternel. Ils constituent une des évolutions possibles et souhaitables, la bas comme ici. Or, les régimes d'Europe de l'Est d'avant 1989, qui conservent des admirateurs en France, ont été rendus possibles car des gens y compris le peuple ont valorisé la stabilité au détriment de la démocratie. Donc si on veut que les Droits de l'Homme se répandent à travers le monde, il faut le dire. Et ceci n'est pas synonyme de stabilité.
Est ce que voter remplit l'assiette ? Les mouvements de libération des peuples Egyptiens et Tusisiens vont ils signifier la fin des difficultés pour les gens ? La réponse est : pas forcément. Même si, à moyen et long terme, aucun régime capitaliste ne peut tenir sans un minimum de libertés accordées aux gens, à court terme ca peut marcher. Des dictatures aux populations relativement prospères, ca existe. C'est cela aussi que l'Occident doit garder à l'esprit.
Et nous, en tant que personnes lambda, que pouvons nous faire ? Comme dans d'autres domaines, nous votons avec notre porte monnaie. Quand à savoir si l'enrichissement d'un pays aboutit à ce que les populations finissent par ne plus accepter les pratiques anti démocratiques,
le débat est ouvert. Les français sont allés en vacances en Tunisie durant des années, sans que la situation ne change. Idem pour la République Dominicaine. D'un autre coté, les pays completement fermés le demeurent. Alors, si nous croyons que nous pouvons influencer les gouvernements étrangers, nous pouvons éviter les destinations de vacances suivantes :
- Qatar, Oman, EAU
- Egypte (!)
- Tunisie (!)
- Gaza, Jordanie
- Laos, Cambodge
- Cote d'Ivoire
- Russie
- Inde
- Cuba
et préférer
- la Scandinavie
- Grenade, le Costa Rica, les Bahamas
- Allemagne - Luxembourg - Suisse - Autriche - Pays Bas
- l'Espagne
- le Canada
- Argentine
- l'Irlande
source :
L'indice de Gouvernance Mondiale (IGM)
On peut aussi attaquer des causes plus précises, tel qu'un abus flagrant, et écrire par le biais d'Amnesty International ou autre à un gouvernement peu respectueux des droits de l'homme de manière répetée ou pris en flagrant délit de delit de justice.
A titre d'illustration et en cette année du Mexique en France, n'oublions pas
Florence Cassez,
toujours emprisonnée alors que la police mexicaine a reconnu avoir mis en scène son arrestation. (voir le post
L'étranger, un bouc émissaire toujours bien utile ... du 30 Août 2010)