lundi 1 février 2016

Paris Habitat, ou l'allégorie du socialisme

On nous vante tellement souvent la qualité du modèle social français (malgré ses 6 millions de chômeurs et ses 8 millions de pauvres) et bien qu'il soit payé à crédit. 
On nous loue la dévotion des acteurs du secteur public, comme si ces hommes et ces femmes n'avaient pas leurs objectifs propres, à commencer par le fait d'avoir un boulot, qui plus est plus sûr que la moyenne. 
On nous affirme qu'en France, la République ne laisse tomber personne, grâce à ce modèle de solidarité vieux de 70 ans qui, payé à crédit, est censé être aux antipodes du chacun pour soi et de l'avidité notamment du secteur marchand. 

Et pourtant !

Paris Habitat, le premier bailleur social d'Ile-de-France, est épinglé pour ses "largesses salariales" par la presse. On a en effet appris que week end que : 


  • en 2015, chaque salarié de Paris Habitat a touché une prime de 200 € pour le féliciter de la certification ISO de Paris Habitat.
  • un salaire de directeur avoisine 7 000 € par mois, un DG adjoint émarge aux alentours de 9 000 € net, voire plus. 
  • Le directeur général, Stéphane Dambrine, dont le salaire atteint des niveaux quasi inconnus dans le public (200k€ par an), bénéficie aussi d'un discret parachute doré — 500 000 € — en cas de licenciement.
  • L'un des DG adjoints de Paris Habitat, qui émarge à 9 000 € net par mois, bénéficie depuis quinze ans d'un logement aidé dans le parc de Paris Habitat. 
Autrement dit, dans cet établissement public industriel et commercial (EPIC) qui ne fait rien à part gérer la pénurie de logements en région parisienne, il y a de l'argent, suffisamment pour payer royalement les salariés et le management, et il y a suffisamment de flou pour que les quelques inspections que Paris Habitat a du subir valident le fonctionnement sans réserves, ou presque. 

Pourtant, l'onglet "qui sommes nous" du site web de Paris Habitat est formel : il insiste sur le fait que cet acteur majeur du logement social à Paris et en proche banlieue (123 000 logements) promeut "la solidarité pour tous" et se veut "exemplaire dans ses pratiques". 

Alors, que s'est-il passé pour qu'on en arrive là ? 

Des éléments de réponse se trouvent dans le rapport annuel de Paris Habitat. Le premier point, c'est la Conseil d’administration de Paris Habitat : des élus de la ville de Paris, des représentants d'associations ... on se demande bien comment le conseil d'administration peut sérieusement envisager de contrôler et sanctionner ceux avec qui ils travaillent par ailleurs, sans même parler des subventions. 
D'autre part, regardez les chiffres consolidés du compte de résultat ? Vous n'avez rien compris aux comptes de ce hedge fund immobilier qui a fait 85 millions de profits en 2013, en comparaison d'une marge brute totale de 509 millions ? Vive l'exceptionnel, comme disent les comptables, mais aussi la baisse des investissements ! Et ça, c'est lié au mélange de missions de service public et d'activités classiques de promotion. Mais si il n'y avait que ça.

En effet, Roger Madec, président de Paris Habitat, vous savez, celui qui coupe le courant quand une question de la presse ne lui plait pas, a prouvé son sens des économies. 

Car le plus drôle, en ce qui concerne cet organisme social, est qu'il se comporte vis a vis de ses sous traitants comme la plus vile des multinationales du CAC 40. Pendant que les DG se versent des salaires élevés, ils présurent les salariés de l'entreprise chargée du  nettoyage des parties communes des HLM. Les salariés de OMS, le sous-traitant en question, ont fait une grève de 3 mois, parce que le montant du marché fait que l'employeur est forcé de faire des économies sur les équipements de protection et de sécurité. Mieux : Paris Habitat pouvait-il ignorer que les employés du sous traitant étaient pour partie des sans papiers
Autrement dit, Paris Habitat prouve que les fonctionnaires et autres acteurs de l'économie sociale n'ont rien à envier à Goldman Sachs. Seulement, à Wall Street, ils ne cachent pas leur avidité, et ils ne se cachent pas derrière une pseudo orientation sociale.

La réponse de Roger Madec, président de Paris Habitat, est claire : les rapports d’inspection successifs (MIILOS, Chambre Régionale des Comptes, Inspection générale des Finances, Inspection Générale de la Ville de Paris) n’ont relevé ni irrégularités ni excès dans la rémunération des personnels de Paris Habitat. De plus, la remarque du communiste Ian Brossat sur le salaire du directeur général est éloquante : il a déclaré "Ces salaires sont conformes au secteur du logement social"

Autrement dit : circulez, ya rien à voir !

Le socialisme, surtout celui version ferme des animaux avec certains plus égaux que d'autres, peut durer tant qu'il y a l'argent des autres pour le financer.
Tant que nous accepterons à la fois le socialisme et le concept de HLM, il n'y a pas de raison que les choses changent chez Paris Habitat. Et a propos d'acceptation, écoutez le silence de l'"opposition" Les Républicains-UDI !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire