jeudi 27 août 2015

Donald Trump, le cauchemar américain ?

A la une de Libé, ce jeudi : Donald Trump, le cauchemar américain (1). 

Diantre !

Que peut-il bien se passer pour que le quotidien du Marais, celui qui trouve vulgaire rien que l'idée de déménager à Bagnolet (2), parle en ces termes d'un candidat à la primaire des présidentielles aux Etats Unis ? 

Passé la Une, on comprend que Donald Trump a tout du parfait "bon client" de Libé, qui n'y va pas avec le dos de la cuillère : Trump aurait contre lui le fait d'être : 

  • complotiste (car climato-sceptique)
  • menteur compulsif
  • raciste invétéré
  • "connard laqué" au niveau style
  • égotiste vantard
  • beauf multirécidiviste
  • insultant et en "dérapage" permanent
N'en jetez plus !

Le problème, c'est que toutes ces critiques mettent sur le même plan des éléments d'importance différente, sans les mettre en perspective, et dans certains cas, en les faisant tomber à plat. 

Commençons par le climato-scepticisme. Rappelons que la thèse communément admise par la majorité des médias, alimentée par le GIEC, c'est que le réchauffement climatique auquel nous assistons actuellement et qui va faire s'élever le niveau des océans a pour cause l'activité humaine, et non pas une origine naturelle et séculaire. La conclusion des partisans de cette thèse, c'est qu'il faut de toute urgence cesser la consommation d'énergies fossiles et hâter la transition écologique. 
C'est vrai qu'il y a réchauffement. Et c'est vrai aussi qu'une économie décarbonée pourrait présenter bien des avantages, à commencer par le fait d’arrêter de donner de l'argent à la Russie de Poutine ou à l'Arabie Saoudite.
Mais pourquoi les journalistes de Libération n'ont-ils jamais entendu parler ni des falsifications du GIEC (3), ni des intérêts des partisans de la thèse du Peak Oil dans des investissements boursiers dans l'énergie (4)
Enfin, pourquoi sont-ils incapables de comprendre que les Etats-Unis ne sont pas seuls à ne pas vouloir renoncer au confort que procure l'usage des énergies fossiles, il y a aussi et surtout tous les pays moins développés et moins riches que l'Occident, à savoir la Chine, l'Inde et l'Afrique ? Les pays du sud rêvent, eux aussi, de supermarchés ravitaillés par des camions et aux parkings remplis d'automobiles. Et ce n'est ni Libé ni les écolos occidentaux qui vont les empêcher.

Ensuite, Libé explique que Trump est un menteur compulsif. No comment, surtout en ce jour de publication des chiffres du chômage en France. Quand on a pour président de la république François Hollande, celui qui a promis d'"inverser la courbe du chômage", critiquer le mensonge d'autres politiciens, c'est rappeler le proverbe de la paille et de la poutre.

Ensuite, Donald Trump serait un raciste, un "connard laqué" au niveau style, un égotiste vantard et un beauf multirécidiviste. On ne se souvient pas du fait que, la dernière fois où Manuel Valls a fait la Une de Libération, le premier ministre ait eu droit à des qualificatifs similaires, malgré le manque de white, de bancos à Evry, malgré les costumes aux couleurs improbables, malgré l'usage d'un jet privé de la République pour aller voir un match de football.

Les critiques de Libération envers Donald Trump se concentrent sur des aspects secondaires, car au niveau programme, les idées de Trump pourraient avoir le terrible tort de leur plaire. Par exemple, Trump oppose l'économie dite réelle (Main Street) à la finance (Wall Street).   



N'est-ce pas du niveau du discours du Bourget, une sortie pareille ?

La seule critique qui pourrait sonner juste, c'est quand Libération dénonce les propos de Trump sur l'immigration, qu'il veut sérieusement restreindre (enfin, sauf quand il veut se remarier puisqu'il- a épousé une immigrée).

En effet, les Etats Unis d'Amérique sont une terre d'immigration. Les amérindiens n'ont pas demandé de visa aux passagers du Mayflowers. C'est donc plutôt anti américain que de développer une critique de l'immigration, sur une perspective historique. Mais Libération n'ose pas pour autant dire que Donald Trump n'est pas en ligne avec l'histoire et les valeurs de son pays, car, dans la foulée, il faudrait aussi dénoncer les tentatives de doter les Etats-Unis d'un système social proche de celui en vigueur en Europe. Les Etats Unis sont une terre d'immigration, certes, mais aussi une terre de refus du socialisme. L'Obamacare est tout aussi en dehors des valeurs américaines que la régulation de l'immigration. C'est pourquoi le président Reagan a, lui, baissé les dépenses sociales et régularisé massivement des immigrés clandestins en 1986 (6). La, il y a une logique et une cohérence !

En fait, il y a un point sur lequel Libération oublie de critiquer Donald Trump : c'est sur un point clef, antilibéral, de son programme économique. Donald Trump ne veut pas seulement que l'Amérique se protège contre d'éventuels nouveaux immigrés, il veut aussi que l'industrie US bénéficie d'un protectionnisme accru. Pointer cet aspect du programme, un classique au sein de la branche isolationniste du Parti Républicain, obligerait à qualifier de populistes tous les adeptes de ce genre de solutions, y compris au sein de la gauche européenne. Chez nous aussi, de ce coté de l'Atlantique, au Royaume Uni (7) comme en France, nous avons nos adversaires au libéralisme !

La candidature de Donald Trump a au moins une vertu : elle sera financée par le candidat lui-même. Pour le reste, Donald Trump ressemble trop à ses congénères politiciens, prêts à la surenchère verbale afin de se trouver une clientèle. Ceci étant dit, puisqu'on parle de cauchemar, le rêve américain, n'est-ce pas aussi l'idée exactement inverse à celle véhiculée par Jeb Bush et Hillary Clinton, les fils de et femmes de ?



(1) Libération Etats-Unis Trump, candidat primaire 26 août 2015
(2) Libération A nos risques et périph’ 4 mars 2014
(3) Mediapart Climate Gate: nous ment-ont a propos du climat ? 3 décembre 2009
(4) Wikipedia Matthew Simmons
(5) Libération Bush tente de dresser des barrières d'acier 7 juin 2001
(6) Wikipedia Immigration Reform and Control Act of 1986
(6) L'Opinion Comment les démocraties finissent 24 aout 2015

4 commentaires:

  1. Ceci m'a aidé à comprendre que nous autres libéraux/libertariens n'avons vraiment rien de commun avec ce conservateur ultra. Have a look!

    Donald Trump About Edward Snowden: 'There Is Still A Thing Called Execution' (VIDEO): http://buff.ly/1hGAmhl

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  2. Reprenons depuis le début.

    (a) Les falsifications du Giec. L’auteur ici déforme complètement la réalité. A aucun moment le GIEC n’a falsifié des résultats. Il serait souhaitable que l’auteur cite des exemples précis car même dans le lien qu’il cite, on ne voit rien de tout cela.

    (b) Les intérêts DES partisans dans la thèse du Peak Oil. Le lien cité par l’auteur nous envoie sur une page wikipedia d’UN individu. Là encore l’auteur est pris en flagrant délit de malhonnêteté. J’ajoute qu’il n’est pas très surprenant qu’un individu investissant dans l’industrie pétrolière se pose la question des réserves pétrolières.


    (c) L’auteur se targue de savoir ce que veulent les « pays développés ». D’abord remarquons qu’il est difficile de parler de « ce que veut un pays ». Ce sont des individus qui ont une volonté pas un pays. Mais passons. Par contre, il oublie ou ignore que la Chine est un pays qui commence à agir contre l’émission de CO2 en investissant dans les énergies « propres », « vertes », « renouvelables » (peu importe le terme c’est sensiblement la même chose) en réduisant l’activité de ses centrales à charbon.

    (d) Concernant le mensonge. Je ne sais quels sont les mensonges reprochés à Trump mais on ne peut pas véritablement parler de mensonges dans ce dont parle l’auteur à propos de Hollande. Fixer un objectif et ne pas le tenir n’est pas mentir. C’est une drôle de conception du mensonge qu’a l’auteur.

    (e) A propos du racisme de Trump. Quelle différence avec Valls ? Prenons une citation de Trump : « Ils [immigrés mexicains] envoient ceux qui posent problème. Ils apportent avec eux la drogue. Ils apportent le crime. » Ici Trump nous expliquent que les immigrés mexicains sont des voleurs, des criminels. C’est une conversation publique ; Est-ce de la même portée que ce que dit M. Valls, en privé, qui finalement dit à sa manière (qu’on peut critiquer mais n’oublions pas que c’est une conversation privée) que la mixité n’existe pas.

    (f) J’aimerais demander à l’auteur ce qu’il estime être beauf : prendre un jet privé ou aller voir un match de foot ?

    (g) Libération aurait pu en effet critiquer Trump sur sa volonté de préférer main street à wall street, mais la critique est tellement évidente : un magnat de l’immobilier qui critique la finance…. No comment.

    (h) Enfin, les propos de l’auteur sur « l’identité des USA » me laissent perplexe et me font penser aux discours chers au FN sur l’identité nationale. Cela relève d’un essentialisme. Ce qui implique une nature immuable, l’identité ne changerait pas avec le temps. J’ajoute que prétendre que les USA ne sont pas une terre de socialisme c’est véritablement montré son ignorance de l’histoire des USA ou plutôt montrer son adhésion à des clichés des stéréotypes coupés de la réalité. C’est aux USA que naît l’idée d’un revenu maximum notamment pour garantir la démocratie. Même si l’auteur est ignorant je ne pense pas qu’il le soit à ce point pur ignorer Roosevelt et les années qui on suivi jusque justement les années 70 qui ont marqué une rupture. Mais bon, l’auteur est un bon idéologue, il déforme la réalité à son avantage.

    Pat H

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    1. merci de votre lecture. Evidemment, on est pas tout à fait d'accord, même si sur certains points, vous avez raison.

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