jeudi 4 juin 2015

Mais au fait, libéral, tu votes pour qui ?

Une question récurrente qui revient, quand on interroge un libéral, c'est "mais finalement, à force de critiquer les socialistes de gauche (Parti Socialiste) ou les socialistes de droite (Les Républicains) (1), tu votes pour qui ?"
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Bonne question ! A commencer par le cas de l'élection reine en France, la présidentielle. Et attention à la réponse ! Si tu as le le malheur de répondre "ni le PS, ni les Républicains" (ce que dans ton esprit veut dire ni pour les socialistes de gauche, ni pour les socialistes de droite), gare aux réactions qui sont invariablement du type :"mais tu es Front National !"

Répondre à la question "tu votes pour qui ?" c'est se poser la question de l'existence de politiciens , dans le paysage politique français, pour qui la politique, c'est, par exemple, de "permettre à des couples gays de pouvoir défendre les plans de marijuana qu'ils cultiveraient sur leur propriété, avec leurs propres armes à feu (2)", ou, autrement dit, défendre toutes les libertés qui ne nuisent pas à autrui. Evidemment, depuis que Madelin a quitté la politique, ils se font rares, même si le Parti Libéral Démocrate a repris le relais. 

Les libéraux français qui, dans l'absolu, ne veulent pas prendre le pouvoir mais le rendre (3), (comme le rappelle les Libertariens), sont pour la majorité d'accord avec le constat de Ghislaine Ottenheimer (4) qui note que notre pays souffre spécifiquement d'un problème : le fonctionnement de nos institutions et le fait qu’un seul homme, le président de la république, monarque républicain, décide de tout sans pourtant parvenir à mener à bien les réformes nécessaires (et ce quelque soit sa couleur politique, son profil ou sa volonté). 
Ensuite, les libéraux français regrettent également cette stupide et artificielle bipolarisation de la vie publique, conséquence directe de ce focus sur la présidentielle. Cette bipolarisation entraîne un certain nombre d'incongruités, telles que le regroupement à gauche comme à droite de personnalités pourtant, idéologiquement parlant, absolument incompatibles entre elles. En effet, quel lien entre Guaino et Raffarin, Peltier et le Maire, Morano et la Raudière, Emmanueli et Macron, Lienemann et Blisko ou Jego et Bourlanges ? Les partis politiques ne brillent pas par leur cohérence !

Comment faire de la politique tout en se situant dans le champ post-politique (5) et avec la petite dose d'idéalisme que suppose le rejet de l'artificielle bipolarisation de la vie politique ?  

Voila le paradoxe du vote libéral : identifier les politiciens qui accepteront qu'il y ait aussi peu d'Etat que possible, et autant que nécessaire. Etant donné la propension des hommes (et femmes) politiques à s'accaparer toujours plus de pouvoir, pas facile d'avoir confiance !

Si, déjà, les partis politiques PS et les Républicains parlaient de responsabilité, la leur et celles de leurs membres qui, globalement, ont tous cogéré la France depuis les années 80, sans oublier la responsabilité des français qui non seulement n'hésitent pas à valider les politiques catastrophiques que les politiciens mènent, peut être que cela irait mieux. Car, oui, tout n'est pas entièrement de la faute des élus. Malgré tous les défauts de notre pays, nous sommes en démocratie, et le choix des élus est libre, même s'il est contraint par les règles de la vie politique.
Comment cela se fait que les français votent pour des repris de justice, des pourris, des incompétents, mais aussi pour des gens qui, par leurs actions, mettent sciemment le pays et ses finances publiques en danger ? Que les socialistes de gauche ou de droite votent, années après années, des budgets en déficit (et donc une dette en hausse), soit, mais comment se fait-il qu'ils soient reconduis ?
Est-ce une déviance du suffrage universelle, qui fait que les bénéficiaires des politiques publiques ne sont pas les payeurs, ou une illustration du court termisme de la politique dans son ensemble ?

Par défaut, un libéral sera donc amené à voter blanc, surtout à un deuxième tour de présidentielle socialisme de gauche/socialisme de droite - Hollande/Sarkozy. Il n'y a aucune différence de fond entre les deux hommes, qui se veulent providentiels, ni avant l'élection, ni après. Sarkozy avait gommé ses mesures intéressantes avant 2012, telles que la loi TEPA, quand il ne renie pas ses quelques mesures libérales (l'auto entrepreneur), inspiré qu'il est, hier comme aujourd'hui, par l'idée que décidément, c'est à l'Etat de s'occuper de tout. Hollande, n'en parlons pas. Lui au moins assume son dirigisme. Et les deux hommes ont les mêmes déficits, la même liberté prise avec les règles européennes (qu'ils ont pourtant tous les deux voté), etc.

Plus intéressantes, peut être, sont les élections locales et européennes. Au niveau local, que ce soit la ville ou la région, d'une part, la proportionnelle est de mise, et, d'autre part, la démocratie locale et directe peut parfois jouer après l'élection. Quand au niveau européen, non seulement c'est le seul pertinent, mais en plus il permet de retrouver une meilleure représentativité de tout le spectre des idées politiques, de l'extrême gauche antilibérale à l'extrême droite anti libérale, en passant par les sociaux démocrates, les écolos, les libéraux et les conservateurs.

Pour les prochaines élections, les régionales, les choses sont simples : le Parti Libéral Démocrate présente des listes (6). Si on pense que l’arrêt de la hausse de la fiscalité, l'amélioration de la qualité de service des RER, l'autonomie des établissements scolaires sont des priorités, c'est clairement pour Aurélien Véron qu'il faudra voter en décembre prochain.
Mais au delà, en ce qui concerne les élections qui intéressent les sondages ? Dans un système comme le notre où les politiciens sont en même temps des hauts fonctionnaires la plupart du temps, jamais le reflux de l'Etat ne se fera, ni même une vraie fédéralisation européenne de la vie politique française. Tant que Bercy (la fine fleur des énarques) aura la capacité de racketter taxer le contribuable, nous continuerons à subir ce cadre jacobin : les hauts fonctionnaires ne vont pas d'eu-même scier la branche sur laquelle ils sont assis !

C'est pourquoi le jeu démocratique implique, plutot que de s'abstenir, de tenter de constituer des majorités de bon sens, projet par projet (un peu ce que propose Jean-Christophe Fromantin (7), le député maire de Neuilly) et de permettre à une jeune classe politique, déterminée car indépendante, d'émerger. Ça prendra du temps ! Mais après tout, il a aussi fallu du temps pour que Margaret Thatcher arrive au pouvoir, que le Parti Conservateur devienne libéral et surtout que les britanniques acceptent et soutiennent des réformes !





2 commentaires:

  1. Excellent billet !
    Ajoutons aussi qu'il faudrait commencer par réhabiliter l'image du libéralisme et de ses grandes figures (notamment Thatcher).
    Il est aujourd'hui le bouc-émissaire de tous les maux et c'est pourtant son absence qui fait défaut.

    Alors oui, le PLD est une alternative. Charge maintenant à ses forces vives de lui donner du poids et de l'installer durablement dans le paysage politique.

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