jeudi 19 janvier 2012

Le ministère de l'Éducation nationale en 2012


Alternative Libérale apporte à Hervé Morin son point de vue sur ce que devrait être l'éducation (ou mieux appelé) l'enseignement donné à nos enfants.



Nicolas Sarkozy s’est exprimé le 5 janvier sur l’éducation. Son constat est juste, mais les solutions qu’il propose sont largement insuffisantes pour éviter le naufrage !
Oui : la situation est préoccupante. Oui : elle n’a pas été prise au sérieux jusqu’à présent et les mesures prises ont été inadaptées à la menace. Oui : il faut maintenant faire preuve de courage politique et écouter Claude Allègre, qui le répète depuis plus de dix ans.
Puisqu’il est conscient du danger, nous lui proposons de reprendre la parole et de déclarer :
- Un tel "paquebot" ne peut changer de cap brutalement : 12 millions d’élèves, un million de personnels titulaires, dont plus de 730 000 enseignants, un budget de 60,5 milliards d’euros en 2011.
- Nous n’avons plus le choix : nous devons renoncer à ce modèle qui a fait notre fierté, faute de quoi nous sacrifierons notre jeunesse !
Regardons autour de nous : l’Europe, le monde nous invitent à partager des valeurs et des pratiques que nous approuvons :
L’école doit prendre en compte chaque enfant : doit lui permettre de s’engager de manière délibérée dans un processus volontaire, gage de sa motivation et de sa réussite. L’élève est alors partie prenante dans la construction de sa scolarité : la négociation aboutit à un accord sur des objectifs différenciés et sur les modes d’évaluation.
Les nouvelles orientations reposent sur une conception négociée et interactive du fonctionnement de l’école, prenant en compte les besoins spécifiques de chaque élève, imposant le travail en équipe, donnant lieu à un travail par projet sur des sujets transdisciplinaires, entraînant une résolution des problèmes en collaboration, faisant émerger l’esprit d’initiative, d’entrepreneuriat dans les établissements scolaires devenus responsables du pilotage pédagogique.
Mesures d'urgence
Devant permettre la remise à plat de l’institution en fonction des besoins de l’école du 21e siècle et non de l’école française du XIXe siècle
1) Création d'agences indépendantes en charge :
• De l’évaluation des établissements scolaires publics et privés.
• Du respect de nos engagements européens :
- 50% de diplômés de l’enseignement supérieur.
- Formation tout au long de la vie.
- Orientation vers des métiers scientifiques et technologiques.
- Suppression du décrochage en cours de formation scolaire, des sorties du système sans qualification. 
- Lutte contre l’illettrisme.

2) Création de directions régionales
• À la place des Recteurs – héritage du passé, deux siècles d’existence - et des directeurs d’administration centrale, peu formés aux fonctions de leadership : de vrais managers en charge de l’éducation dans une Académie/Région.
• Obligation pour chaque autorité régionale de chiffrer en euros le coût de sa politique éducative et de rendre compte de ses dépenses.
3) Conseils d'administration
Renforcer le pouvoir des conseils d’administration devant se saisir chaque année de la question de l’évaluation des résultats de l’établissement.
4) Conseils pédagogiques
Renforcer le pouvoir des conseils pédagogiques : leur conférer l'obligation de prendre en compte le diagnostic du chef d'établissement et sa lettre de mission.
5) Chefs d'établissement
• Conférer aux chefs d'établissements du premier et du second degré d’établissement des responsabilités pédagogiques comparables à celles de leurs voisins européens (cf. Allemagne, GB, NL, etc.), leur permettant de retrouver une marge de manœuvre, de s’affranchir des programmes disciplinaires nationaux et des prescrip-tions d’utilisation des moyens.
• Leur confier le recrutement de l'équipe de professeurs et la mise en place d'une véritable GRH.
6) Enseignants 
• Les maîtres du premier et second degré - dans un contexte d’autonomie renforcée des acteurs locaux - ont désormais un rôle clé : leur engagement sur le projet de l’établissement devient indispensable au moment du recrutement.
• Ils seront formés au nécessaire travail en équipe et devront s’engager à se former tout au long de la vie : comme en Finlande, chaque professeur travaille dans une équipe et dispose d’un budget propre pour prendre en charge deux ou trois responsabilités particulières (en interne, mais aussi avec des partenaires extérieurs). Les équipes ont une vision stratégique et l’objectif d’améliorer les conditions d’apprentissage et les innovations.
• Un enseignant est davantage un guide qu’un professeur et doit considérer ses élèves comme des adultes en devenir. C'est ce qui fait son autorité. Nul n'est besoin de lui en conférer une autre. D'autre part, il sera recruté sur son aptitude à diriger : sans autorité naturelle et peu enclin à encadrer des groupes de personnes, il devra revoir son choix professionnel et se "réorienter" !
• Le modèle : un professeur = une classe = une discipline a vécu. Le décret découlant de la loi d’orientation de 2005, relatif au service des enseignants, abrogé le 1er septembre 2007 par Xavier Darcos dès son arrivée au M.E.N., redeviendra le point de départ de l'élaboration d'un nouveau statut du métier d'enseignant.
• La dualité éducation-enseignement, une exception française très néfaste à l’ensemble des élèves disparaîtra au profit d’un décloisonnement entre "vie scolaire" et "enseignement".
7) Parents
En conséquence, les parents d’élèves pourront choisir l’école de leurs enfants, en étant en mesure d’évaluer la capacité de chaque école à prendre en compte la diversité des besoins des élèves. Un système de financement de la scolarité intégrant chèque éducation et crédit d’impôt permettra une réelle diversification de l’offre.
Nelly GUET – 9/01/2012 Alternative Libérale
Avec son aimable autorisation, en reprise du Post.fr et des Echos 

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