En 1919, 52 ans après qu'un historien allemand eut écrit que le capitalisme devra être remplacé par un mode de production fondé sur la propriété commune, des révolutionnaires inspirés par cette idée débutent l'expérience qui débouchera sur l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Pour l'idéologue et ses exégètes, pour sortir de la "lutte des classes" ("bourgeoisie" contre "prolétariat"), la fin (l'horizon communiste) passe par une phase socialiste. C'est la trame du manifeste du Parti Communiste. Le but est de créer un "homme nouveau", débarrassé de ses "anciens déterminismes".
Parallèlement, en Italie, un ancien membre du Parti Socialiste Italien pousse le concept d'homme nouveau jusqu'au bout de sa logique (le fascisme). Ce leader italien inspire son alter égo autrichien, membre du Parti National Socialiste des Ouvriers Allemands. En URSS aussi, on précipite l'expérience, en évitant le débat (fin de la démocratie) et en faisant comprendre, de force, ce que les gens doivent faire (kolkhozes agricoles par exemple).
On peut donc dire que, le socialisme, c'est un homme ou un groupe qui, sous prétexte de mieux savoir que les gens ce qui est bon pour eux, mettent en place un système coercitif et répressif afin que les objectifs globaux soient atteints. Aux anciens régimes antilibéraux (empires autoritaires, monarchies non démocratiques, etc), le socialisme ajoute donc le fait de se parer des couleurs du bien.
En 1939, le dirigeant de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), Joseph Staline, signe un pacte avec l'Allemagne National-Socialiste d'Adolf Hitler. C'est le pacte Germano Soviétique, approuvé par les communistes du Parti Communiste Français et du journal l'Humanité.
Ce pacte prévoyait notamment la répartition entre les deux puissances antilibérales des territoires tels que celui de la Pologne.
En 1945, l'Armée Rouge dirigée par Joseph Staline pérennise ses positions prises sur les nazis en Europe de l'Est, et met en place des régimes de "démocraties populaires", d'inspiration socialiste et pro soviétiques, dans les pays sous occupation, de la Bielorussie à la République Démocratique Allemande (Allemagne de l'Est). Les partis politiques sont supprimés et réprimés, mais c'est pour le bien de tous. Et surtout, la liberté de circuler est supprimée. C'est une constante dans les dictatures : les dirigeants ne veulent pas que les citoyens partent.
Spécifiquement, en Allemagne, non seulement les allemands de l'est n'avaient progressivement plus le droit d'aller s'installer en zone occupée par les Anglais, les Français et les Américains, mais dans Berlin également, il en fut de même. En 1961, les soviétiques emmurent les secteurs Anglais, Français et Américains afin d’empêcher les habitants de Berlin Est de fuir à l'ouest, et pour les faire rester dans le paradis socialiste. Ce système durera 28 ans.
Paradoxalement, le coût de gestion des frontières est-allemandes (jusqu'à 2% du PIB durant les années 80) contribuera à la chute du bloc de l'est).
En 1989, suite à une combinaison de désorganisation au sein de l'appareil politico-administratif de la RDA, de manifestations géantes à Leipzig, de l'action de Jean-Paul II et d’essoufflement de l'URSS dans sa course avec les Etats Unis, le Mur finit par tomber.
Il y a plusieurs observations à tirer de l'échec, car c'est un échec, de la parenthèse des démocraties populaires en Europe de l'Est.
Premièrement, les régimes socialistes, dirigistes, centralisés, ne marchent pas. Toutes les tentatives de diriger l'économie aboutissent au mieux à une pauvreté partagée, au pire à des graves pénuries. Dans le cas de la RDA, on dispose d'un cas d'école. Rappelons que la Prusse et Berlin ont été le théâtre d'un vrai développement, Berlin étant par exemple la première ville d'Europe à disposer d'un éclairage public électrique, pas Frankfurt ou Munich. Les destructions par bombardement massif des alliés, en 1944, ont de plus fait repartir l'Allemagne à zéro après la Seconde Guerre Mondiale. Or, en 1989, la différence technologique et économique entre l'est et l'ouest était gigantesque. Au niveau écologique également, l'écart était considérable (1). Alors que les véhicules ouest allemands étaient tous équipés de pots catalytiques en 1989, en Allemagne de l'Est, ce n'était pas le cas, loin de là.
Deuxièmement, la démocratie libérale, bien qu'imparfaite, au même titre que la nature humaine, attire plus que les régimes socialistes. Ce qui est frappant, c'est, d'une part, que la RDA se soit sentie obligée d’empêcher sa population de fuir. Or, il n'y a aucun pays de la CEE de l'époque qui se soit doté d'un système équivalent, pas plus qu'il n'y a eu d'exode ou de tentative d'exode massif, entre 1945 et 1989, d'ouest vers l'est.
La leçon de 1989, c'est que les gens préfèrent, in fine, être libres. Aucun habitant de Hambourg n'a construit de tunnel ou de ballon pour fuir vers la RDA.
Troisièmement, la liberté reste un combat actuel, y compris et surtout dans les pays tels que la France ou les Etats-Unis.
En effet, la RDA aurait rêvé d'avoir à sa disposition les moyens technologiques et légaux à la disposition de la France ou des US de 2014. Aux fiches cartons de l'époque répondent maintenant les fichiers de tout type qui traquent les citoyens sans que des organismes comme la CNIL aient leur mot à dire. Paranoïa ? Non, simplement, constatation que la technique de la grenouille plongée dans l'eau tiède fonctionne. On commence par dire, par exemple, que le FNAEG ne concerne que les violeurs, et au final, de simples manifestants doivent voir leur ADN fiché par l'Etat.
En fait, parfois, on se demande si la démocratie libérale a vraiment gagné en 1989, ou si ce n'est pas l'étatisme qui a trouvé un compromis, partout dans le monde. Déjà, sur le seul plan économique, les pays vraiment libéraux sont rares. Il y a certainement la Suisse, les Pays Bas, Hong Kong, mais la France certainement pas, et les Etats Unis dans une certaine mesure, non plus. Ensuite, sur le plan des libertés civiles, c'est pire. Edward Snowden a beau être piégé, son message est passé.
Partout dans le monde, on sait que les gouvernements interviennent, interfèrent, fichent, traquent, taxent, imposent, surveillent, et ce en profitant du fait que nous nous éloignons de la démocratie directe. En France, à 57% du PIB qui passe par l'Etat, nous ne sommes pas encore aux 99,9% de la RDA, mais nous nous en inspirons, parce que le rêve de 99% de nos politiciens n'est pas de laisser les gens se débrouiller.
Enfin, sur le plan purement politicien, la différence de traitement médiatique, en France, entre une extrême gauche qui a une filiation directe avec les régimes socialistes d'Europe de l'Est, et l'extrême droite, est choquante.
Comment se fait-il que le hashtag #MoiMaGauche, lancé par le Parti Communiste, n'ait pas été massivement dénoncé par les journalistes, à l'image de la réaction qui aurait été déclenchée par un hashtag du type #MoiMonNationalSocialisme ?
(1) Ecologie Libérale Chute du Mur de Berlin - 9 Novembre 1989 9 novembre 2011
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