jeudi 3 avril 2014

" L'homosexualité est une abomination"


Christine Boutin a encore fait fort. Elle a déclaré à un magazine inconnu au bataillon (1) : "Je n'ai jamais condamné un homosexuel. L'homosexualité est une abomination. Mais pas la personne. Le péché n'est jamais acceptable, mais le pécheur est toujours pardonné. (...) Je suis dans le péché, moi aussi, je suis une pécheresse, mais vous ne me verrez jamais faire l'apologie d'un péché". 
L'entretien a été repris par l'Express (2). 

Pourquoi en parler ? 

Déjà, parce que la petite phrase a été abondamment reprise sur twitter

Ensuite parce qu'elle donné lieu à des commentaires christianophobes
Enfin parce que des responsables de l'UMP,  Florian Silnicki, délégué et membre fondateur de la Nouvelle Donne, et Sébastien Chenu, fondateur de Gaylib, condamnent (3). 

Condamner ? pourquoi faire ? 

D'une part, parce que la France est laïque. Les lois sont votées par les députés, pas par les religieux.
(Enfin, quand ca arrange. Le
repos dominical fait l'objet d'un étrange consensus entre gauchistes, CGTistes et. pratiquants religieux).

Dautre part, au vu du passé récent où les homosexuels ont été l'objet de discriminations et de violence, la France s'est engagée dans une politique de lutte contre l'homophobie. Autrement dit, le corpus législatif et l'état d'esprit des lois ne laisse aucune place aux mesures de discrimination.

Tout ceci est bien, et tous les humanistes contestent avec force les propos de Boutin, mais ne tombons ni dans l'hystérie ni dans le piège communautariste.

Dire " L'homosexualité est une abomination", ce n'est ni être d'extrême droite, ni être un provocateur. Cela ne devrait être qu'une opinion (que d'aucuns jugeront stupide ou intelligente, c'est selon). 


Le vrai problème du lobby LGBT est que C n'est pas du tout la seule à penser que l'homosexualité est une abomination. La Torah aussi le dit (4). 

Or, avez-vous, pendant la période du débat sur le mariage pour tous, lu la moindre remarque sur un quelconque conservatisme des juifs ? A t-on, à gauche comme à droite, évoqué "l'homophobie" (au sens LGBT du terme) de la Torah ? Nulle part.

Le poids de la concurrence victimaire, ou son refus, s'imposent de plus en plus dans le débat public. Les gays (ou plus exactement : DES gays) l'ont bien compris, la gauche socialiste ne l'a pas encore bien perçu. On l'a vu pendant les municipales, où l'approche communautariste du PS (et de l'UMP) vis à vis des arabes et des noirs s'est heurtée à deux courant dont on sous-estime l'importance en France : le phénomène Farida Belghoul (5), et la croissance des églises protestantes évangéliques (6). 


Oui, des tas de gens en France et ailleurs pensent que l'homosexualité est une abomination, soit parce qu'ils l'ont lu dans un livre, soit pour une autre raison. 
Evidemment, en matière de commentaires sur les LGBT, il est plus facile de condamner Christine Boutin et les catholiques, catégorisés une fois pour toutes comme oppresseurs (et ce alors que les chrétiens sont une minorité opprimée dans le monde) que d'autres aspirants à la victimisation (comme les juifs). Mais on est bien dans le "deux-poids-deux-mesures" dont le ridicule ne peut plus être caché. 

Face à cette impasse : les libéraux (et plus spécifiquement les libertariens) proposent une sortie par le haut : la liberté, la freedom of speech, pour que chacun soit libre de penser et de dire ce qu'il veut tout en continuant à vivre ensemble, ou plus exactement à cohabiter. 

Oui, Christine Boutin devrait pouvoir être libre de tenir des propos homophobes, tout comme les arabes devraient pouvoir être libres de tenir en public des propos racistes. 


Interdire de prononcer des mots n'a jamais supprimé les pensées. On l'a vu en matière de racisme : 40 ans de lois Gayssot Pleyven n'ont pas supprimé le racisme et les discriminations.

Alors pourquoi ne pas cesser de condamner, symboliquement ou judiciairement, les propos qui heurtent les consciences individuelles ou collectives ?

Face à des hiérarchies de valeurs absolument irréconciliables, revenons à l'essence de la loi, celle de rendre possible la coexistence des gens. 





5 commentaires:

  1. "Les noirs sont des cons" est aussi une opinion. Le même présent de vérité générale est utilisé (pour être dans le technique). Condamnable cependant (en tout cas condamnée). Car notre société en a décidé ainsi (et ce choix n'est pas une mauvaise en soi, il définit les limites de la société). Le même choix a été pris pour les propos homophobes (car c'en est un).

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    1. ok avec toi, Vallenain, mais dans ce cas, quand est ce qu on condamne la Torah ?

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    2. Je ne connais pas du tout les passages incriminés de la Torah mais on la condamnera quand on voudra se mettre la communauté juive à dos. C'est triste d'avoir à écrire ça mais je pense qu'il y a le poids de l'histoire (et je ne parle pas que de la WWII hein...) et qu'il faudrait avoir un certain cran pour prendre une telle décision (d'autant qu'on doit trouver des passages condamnables dans de nombreux textes religieux).

      (L'OL s'est bien battu mais était trop juste en seconde période, et puis en face, c'était quand même la Juve)

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  2. Je ne suis vraiment pas d'accord avec ta conclusion. Personne ne devrait avoir le droit d'appeler à la haine ou d'inciter au meurtre. Les pensées haineuses dont tu veux libérer la parole aboutiront inéluctablement aux crimes les plus épouvantables.
    Je te concède en revanche tout à fait qu'il faut se garder de brailler au racisme ou à l'homophobie à tort et à travers.

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