vendredi 20 juin 2014

Le projet de "salle de shoot à Paris" remis sur les rails

Apparemment, le projet de loi santé, en cours de rédaction (1) remet sur les rails le projet d'expérimentation en France de "salle de shoot" (2). Ce projet de salle de shoot est au point mort depuis un avis négatif du Conseil d'Etat en octobre 2013, et il avait suscité une vive opposition chez les futurs riverains (3).

Encore un projet qui va faire du bruit ! En effet, l'opposition parisienne est contre, sur des critères moraux aussi bien qu'en raisons de problèmes objectifs, tandis que le PS va mettre en oeuvre le projet de salle de shoot dans un contexte défavorable. 

Disons le clairement, l'idée de salles de shoot est un bon concept, dans l'absolu. Les drogués existent. Alors, tant qu'à faire, il vaut mieux qu'ils s'adonnent à leur activité dans des conditions sanitaires saines plutôt que dans un contexte qui favorise des maladies opportunes. C'est tout l'objet des salles de shoot (dont le nom proposé par les partisans est "salles de consommation à moindre risque"). Dans ces salles, les drogués utilisent des seringues propres, et accessoirement (pas tant que ça, en fait ...), ces seringues finissent dans les poubelles de la salle, et non pas dans un bac à sable de jardin public où jouent des enfants ...

Cependant, les opposants aux salles de shoot notent que non seulement ce n'est pas aux autorités publiques à aider les drogués dans leurs activités mais qu'il reviendrait plutôt à la collectivité de les aider à sortir de la drogue (argument moral), mais qu'en plus les salles de shoot vont concentrer des populations à problèmes à certains endroits, ce qui va avoir un effet négatif sur l'attractivité du quartier, le prix de l'immobilier, la sécurité, etc (argument économique). 

On peut entendre ces deux arguments, même si le premier relève plus de l'hypocrisie que du réalisme. Déjà, rien n’empêche de mener en même temps des campagnes de prévention contre la consommation de drogue et de favoriser, pour ceux qui en prennent, des modes de consommation moins dangereux sanitairement parlant. Certains diront : "pourquoi parler de santé, alors que la consommation de drogue est par définition dangereuse" ? On pourra toujours leur répondre que c'est toute la vie qui est risquée, et que le risque n'est pas limité à la prise de cocaïne. On peut aussi mourir, étouffé dans son cholestérol, suite à une consommation abusive de vin de de saucisson ? Tout est question de mesure de de proportion. La drogue tue, certes, masi la viande rouge aussi. On pourra aussi ajouter que ce n'est certainement pas à l'Etat de nous dire quoi consommer ou non, mais que c'est plutôt à l'individu, éventuellement aidé de son entourage (parents, amis, etc) à faire ses propres choix dans la vie
Que nos amis conservateurs soient un peu cohérents : pourquoi dans le même temps regretter que l'Etat se mêle de dire quoi dire ou quoi penser, pour ensuite s'étouffer quand l'Etat, dans le contexte d'une salle de shoot, s'abstiendrait de dire ce qui est mal ou pas ? C'est à nous citoyens à se mobiliser, non pas contre la drogue, ça n'a aucun sens, mais pour le retour à une vie plus saine de telle ou telle personne que nous connaîtrions !
Le deuxième argument, l'impact sur le quartier, est tout à fait recevable. Personne n'a envie de vivre à coté d'une salle de shoot, surtout quand on habite déjà dans un quartier qui a tant de problèmes, le triangle Gare du Nord-Villemin-Barbès. C'est bien le coeur du problème de ce projet de salle de shoot. Ce n'est pas UNE salle de shoot qu'il faudrait, mais 50 ou 100, afin que consommer à moindre risque des stupéfiants ou substituts soit aussi banal que de descendre au tabac aller chercher des cigarettes. De plus, la politique de guerre contre la drogue, elle, continue, malgré son échec retentissant et son coût démentiel. 40% du temps de travail des policiers et 20% des personnes en prison en France ont un lien, de près ou de loin, avec le problème de la drogue.

Tant que nous poursuivrons cette politique de prohibition qui ne fait qu'enrichir des mafias, il n'y a aucune raison pour que nous citoyens ne continuions pas à payer pour les damages collatéraux de la consommation de drogue : activités illégales et criminelles pour se procurer de l'argent et surpopulation carcérale, sans parler de la Sécurité Sociale !

En parallèle de l'expérimentation, limitée, d'une salle de shoot, c'est la refonte de notre approche du problème qu'il faudrait aborder. 
Comme cela n'a a priori aucune chance de se produire, il est donc cohérent que les habitants du Xeme arr se mobilisent contre la salle de shoot. Dommage mais logique ! Nous ne sommes plus à l'époque où c'était la République, la dealer numéro un (4) ! 



2 commentaires:

  1. A Lausanne ( j'habite près dans son agglomération ) un projet de salle de schoot a été refusé par les lausannois en votation. Apparemment les votants préfèrent voire des seringues usagées traîner sur la voie publique et dans les parcs et jardins familliaux.

    Je suis d'accord avec l'article. Par contre ce que je craint avec ces salles de shoot c'est d'y voir un tourisme des drogués venant d'autres villes moins tolérantes et que ces sales de shoot n'arrive plus à suivre.

    En Suisse nous avons eu ce problème à Zurich. Les toxicos a force d'être chassé des quartiers d'habitation par les policiers on fini par trouver un lieu un peu plus retiré pour se droguer. Il fut mis en place par la suite une antenne médicale et sanitaire avec la bénédiction des autorités pour fournir des seringues neuves pour prévenir les maladies comme le SIDA liée aux seringues échangées et pour assister les toxicos en cas de problème de santé qui nécessite des soins d'urgence. ça marché un certain temps. Mais par la suite il fallait faire avec les autres toxicos des autres cantons moins tolérant jusqu'à la venue de toxicos des quatre coins d'Europe. ça fini par devenir impossible à gérer tout ce monde qui affluait de partout. Les autorités ont fini par laisser tomber et ont fermer ce site

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