mercredi 2 octobre 2013

Vivement un shutdown en France, dixit L'Opinion

Le quotidien l'Opinion a vraiment un excellent titre, ce matin !

Oui, vivement un shutdown en France !

Le shutdow, c'est le fait que faute d'accord sur le budget annuel entre républicains et démocrates au Congrès, les Américains se sont réveillés mardi avec un Etat fédéral tournant au ralenti. Des centaines de milliers de fonctionnaires, mis en congés sans solde, ont dû rester chez eux (1). 

En France, en ce moment, les 577 députés sont en train de discuter du Projet de Loi de Finance 2014, autrement dit, de voter le budget. Or, avant même que 2014 n'ait commencé, et en dépit des propos rassurants de Cazeneuve qui nous parle d'économies, nous savons que quand l'Etat dépensera 1 euro, il empruntera 25 centimes. 

Oui, vous avez bien lu : pour dépenser 400 milliards d'euros, l'Etat va prélever  298 milliards d'euros en impots et taxes de toutes sortes, il faudra donc emprunter plus de 100 milliards d'euros pour boucler son budget. Et comme cela fait 30 ans que cela dure, voila pourquoi la France doit 2000 milliards à ses créanciers. 

Autrement dit, parce que l'Etat français veut s'occuper d'autres choses que ses seules missions régaliennes (police, justice, armée et diplomatie), non seulement les impôts explosent mais en plus cela ne suffit pas, donc le pays s'endette pour payer des dépenses courantes. Quel ménage irait chez son banquier ou chez Cetelem pour payer, non pas le crédit de la voiture, mais le loyer de la maison et les courses alimentaires ? Pour payer 7 millions de fonctionnaires (au sens large, c'est à dire d'Etat, territoriaux et hospitaliers) actifs et retraités, nous choisissons donc collectivement, à travers les décisions prises par nos députés, d'emprunter 25 centimes quand on dépense 1 euro. 

On aurait pu croire que, depuis 2008, point de départ de la crise de l'endettement, les choses se seraient calmés. Les Etats Européens ont bien compris que, faute d'avoir respecté les critères de Maastricht, ils mettaient en danger leurs équilibres financiers. Mais, l'Europe a réussi à échapper à ce qui arrivait jusque là quand un pays approche de la faillite : débarquement d'une armée du FMI, diminution de 50% du nombre de fonctionnaires et/ou de leurs salaires, bref le plan d'ajustement structurel classique que les pays d'Afrique ou d'Amérique Latine ont bien connu durant les années. 80 et 90.

Simplement, chez nous, on estime que nous valons mieux que cela et que nous pouvons réécrire à l'infini les règles de la comptabilité. Du coup, personne ne prend vraiment conscience qu'à chaque fois que nous montons dans un train opéré par la SNCF, à chaque fois qu'une école propose une activité extra scolaire, à chaque kw/h nucléaire qu'EDF produit, non seulement nous avons payé des impôts très lourds pour cela, mais en plus nous nous endettons. 
Il est vrai que, tant que nous ne disons pas quelles missions de service public nous abandonnons, nous n'auront aucun espoir de voir la pression fiscale diminuer et l'endettement revenir dans des proportions raisonnables. Mais critiquer le Projet de Loi de Finance revient-il à vouloir une France revenue à une sorte de Moyen-Age ? 

Non. Nous savons que même sur les grands postes de dépenses (armée, éducation nationale, police), l'argent est dépensé en dépit du bon sens. Un seul exemple concret : comment se fait-il que, alors que nous avons moins de jeunes à éduquer que nos voisins allemands, nous dépensions plus en éducation nationale ? Deuxième exemple : alors que nous sommes ruinés, comment un Président de la République peut sérieusement envisager d'aller faire la guerre aux quatre coins du monde, en Syrie par exemple ? 

Sans même remettre en cause la pertinence de l'action publique (or, il y aurait beaucoup à dire sur la soi-disante égalité des chances que rendrait possible la dépense publique), on voit que les députés, tenus par le système des partis et drivés par le gouvernement, ne font pas leur travail de vote du budget, ils avalisent simplement des dépenses qui sont en pilotage automatique. Voila pourquoi nous avons besoin d'un shutdown en France. Le wake-up call que constituerait le débranchement du pilote automatique serait la meilleure façon de réveiller les élus sur la situation actuelle. 

On peut toujours rêver. 





(1) Le Journal du Dimanche : Paralysie des Etats-Unis, à qui la faute? 1er octobre 2013 
(2) Assemblée Nationale : Projet de loi de finances pour 2014

1 commentaire:

  1. N'oublions pas qu'en social-démocratie, les dépenses publiques ont pour but d'acheter des clientèles électorales. Ici, on trouve 600 millions qu'on n'a pas pour se payer les voix d'étudiants, là on propose d'abaisser la majorité pour étendre la base électorale de l'hydre socialiste.

    L'obsession des socialistes, hormis pouvoir vivre du travail des autres comme tout bon parasite, est d'accéder au pouvoir et s'y maintenir coûte que coûte.

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