Libération et le Huffington Post titraient tous deux hier sur l'interrogation de Mehdi Bigaderne, adjoint (socialiste) au maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Ce membre de l'Association nationale des élus de la diversité (Aneld) se demandait, en écho à ce que pensent d'autres élus et acteurs de la banlieue, sans parler des gens "il est où, le changement ?".
Les deux articles confirment que "Les quartiers" ont largement contribué à la victoire de Flamby Mollande François Normal 1er Hollande qui a décroché 77% des suffrages à Trappes (Yvelines) ou 76% à Bobigny (Seine-Saint-Denis).
Ces articles posent plusieurs questions. La première est : est-ce que le PS va lancer le chantier du droit de vote donné aux étrangers non communautaires, sachant qu'il y a un gros risque que la réforme constitutionnelle qu'implique ce changement de loi soit rejeté (1). Le PS aura eu, au final, beau jeu de dire "nous, on a respecté notre promesse, mais c'est les méchants de droite au Sénat et à l'Assemblée Nationale qui ne veulent pas".
La deuxième question est, sur le fond, le fait de savoir si il faut donner le droit de vote aux immigrés non communautaires. Pourquoi vote t-on ? On vote pour élire des représentants qui, envoyés à l'Assemblée Nationale, votent et contrôlent le budget et adoptent des lois. La fonction première du Parlement est de traduire en politiques publiques la "volonté nationale" et, pour cela, de voter des recettes (impôts et taxes) et des dépenses (police, justice, armée, diplomatie et autres missions). Qui devrait voter pour ces représentants ? Pour le moment, c'est tout citoyen majeur, français ou communautaire, car, depuis Maastricht, la citoyenneté d'un des membres de l'UE donne droit à la citoyenneté de l'ensemble de l'UE.
Mais cette définition du droit de vote n'a pas toujours été la même. Puisque le Parlement vote le budget, on pourrait très bien imaginer le retour au suffrage censitaire : que chaque contribuable vote en proportion de ce qu'il paie. Du coup, ça réglerait la question du droit de vote des étrangers non communautaires, puisque ceux ci sont parfois contribuables. Resterait à faire accepter la mesure par les 50% de ménages qui ne paient pas d'IRPP mais votent, qu'ils soient retraités, ménages à faibles revenu, à nombre élevé d'enfants ou à forte défiscalisation. Si le suffrage censitaire était retenu, l'Assemblée Nationale aurait vraiment une autre tête que l'actuelle : près de la moitié des élus seraient franciliens, car les parisiens et franciliens paient 43% de l'IRPP collecté en France (2).
En réalité, la chose surprenante est le fait que les banlieues aient voté Hollande et soient socialistes. C'est même un contresens total.
Certes, le vocabulaire sarkozyste, et plus encore, les propos des Hortefeux et autres repoussoirs ont choqué et blessé. D'ailleurs, l'UMP, qui a perdu tout le vote centriste et libéral démocrate en 2012, se mord probablement encore les doigts par rapport au discours de Grenoble.
Mais la vérité c'est que Hollande n'a pas de divergence fondamentale de vue sur les arabes et les noirs, par rapport à Sarkozy. Quand à l'UMP, fondamentalement, elle n'est pas plus raciste et racialiste que le PS. 'est peut-être même le contraire.
En effet, banlieues, posez-vous la question : pourquoi y a t-il des racistes en France ? Pourquoi y a t-il des français qui détestent les arabes et les noirs ? Et est-ce que ça peut changer ?
Si il y a du racisme au sein de la classe politique, c'est pour les raisons suivantes :
- certains sont convaincus de la supériorité des blancs sur les autres
- d'autres ont en souvenir des questions historiques précises, comme le douloureux chapitre des décolonisations et de la guerre d'Algérie
- d'autres, enfin, pragmatiques, constatent qu'il y a un lien complexe mais réel ou fantasmé (à définir) entre "diversité" et délinquance et que les "quartiers" sont, en 2013, un coût net
Pour la première raison, il n'y a rien à faire, le changement de mentalité sera long. Mais souvenez-vous que cette question de la supériorité Européenne a été théorisée non pas par les idéologues de la droite mais bien par des penseurs et des politocards de la gauche "laïque et républicaine" (3). Rousseau et le mythe du bon sauvage, Ferry et sa mission civilisatrice, Mitterrand et sa répression en Algérie ne sont pas des inventions mais des faits. Le fait que la gauche ait une image anti raciste est un fait récent, médiatisé (SOS Racisme, etc) et en plus c'est mensonger. La gauche en 2012 est raciste, dans le sens où :
- les hiérarques de gauche préfèrent habiter bien au chaud dans le VIeme ou le XIeme arr plutôt que dans le 93
- les électeurs de gauche préfèrent que leurs enfants soient dans des écoles dans arabes et noirs (4)
- la gauche est fondamentalement collectiviste et différentialiste. Elle se moque des individus, et préfèrent les groupes (et les cases qui vont avec). La gauche se moque de votre potentiel. A ce titre, le mot "banlieues" ou "quartiers" qui ne veut rien dire (mais qui est repris ici, faute de terme plus approprié) ne veut pas dire grand chose
- pour la gauche, la diversité, c'est bien deux minutes, mais pas trop. Où est l'acceptation du mariage polygame, par exemple, s'ils étaient cohérents ?
- la gauche est convaincue du fait les noirs et les arabes ont des qualités différentes des blancs. Exemple : tous les commentaires que vous pourrez lire sur le pape émanant d'une gauche pourtant laïque et christianophobe : ils pensent qu'un pape noir africain ou latino serait forcément progressiste. La gauche pense que l'opinion des arabes et des noirs est dictée par leur couleur
- quand il faut passer aux choses politiques sérieuses, la gauche revient aux fondamentaux et exclue des militants implantés localement mais qui n'ont pas le bon nom de famille, au profit d'énarques parachutés (5).
Alors, les banlieues, gauche, droite, même combat donc aucun espoir ? Pas forcément.
D'une part, ce qu'on appelle l'UMPS (même adjoints de leurs deux Fronts, de Gauche ou National) ne représentent que la moitié de l'opinion publique française. Le système électoral donne une prime aux grand partis, mais la moitié des français ne votent pas, et une partie de ceux qui votent sont à la recherche d'une alternative.
D'autre part, l'Europe est un espoir. Pourquoi ? Parce que le projet Européen fédéral, de construction d'un seul pays issu de 27 états indépendants, est l'un des moyens par lequel la France sera forcée de reconnaître sa diversité. Les banlieues ne sont pas la seule diversité dans ce pays, très loin de là. Le jacobinisme républicain, le style politique qui inspire le PS, a opprimé pendant des dizaines voire des centaines d'années les langues régionales (le Breton, le Basque, le Corse, le Provencal, l'Alsacien, etc). C'est une fiction que de croire que le français et la culture française sont uniformément répartis sur l'hexagone, alors qu'il s'agit des attributs de la France (la région qui s'étend de Senlis à Orléans) que les successeurs des Capétiens ont réussi à imposer aux régions conquises, surtout après la chute de la monarchie en France, en réalité. Il n'y a donc rien d'automatique à ce que tous les travers du jacobinisme (Education Nationale par exemple) perdurent, d'autant plus que l'interventionnisme ultra étatique qu'implique le jacobinisme est payé à crédit.
Alors, que faire, comme disait Lénine ? ;-)
Déjà, soutenez tous ces militants libéraux qui, à travers le pays, se battent non pas uniquement pour vous accorder des droits, mais aussi et surtout limiter ceux de l'Etat et de ses représentants.
Pour cela, les options sont multiples. Elles passent par le fait d'adhérer au Parti Libéral Démocrate UDI, par exemple.
Ensuite, sortez de l'idéologie égalitaire gauchiste. Bien sûr qu'il y aura toujours du racisme. Bien sûr que la police recrutera toujours plus, en moyenne, des individus motivés par le fait de lutter contre les arabes que la moyenne ! Depuis que Copwatch (6) analyse le profil de certains policiers, c'est devenu un secret de polichinelle. Mais, d'une part, quel habitant de banlieue peut affirmer que les habitants de banlieues ne sont pas racistes ? Le mot qui signifie "noir africain" en arabe, n'est -il pas le mot qui signifie également esclave ? D'autre part, n'y a t-il pas des juifs ou des antillais qui votent Front National, explicitement parce qu'ils ne veulent pas que leurs efforts d'intégration soient ruinés par le comportement de quelques immigrés ?
Enfin, refusez d'écouter tous ces bonimenteurs (PS, CGT, Sud, SOS Racisme, UNEF, Fidel, SNES, etc ...) qui disent vouloir vous aider (7). Prenez-vous en main vous même et ayez conscience que rien n'est gratuit. Le rôle de l'Etat devrait être limité, au niveau économique, à créer un climat favorable aux entrepreneurs et aux entreprises. Si déjà l'Etat assurait l'égalité de tous devant la Loi plutôt que de vouloir se mêler de tout, ce serait déjà formidable.
Banlieues, Hollande n'a aucun intérêt à faire adopter le vote ouvert à tous, en dehors de misérables considérations politicardes. Son seul éventuel but est de vouloir gêner l'UMP qui va se déchirer sur le sujet.
Hollande ne peut rien changer aux contrôles policiers au faciès ou à la discrimination à l'embauche car le système socialiste, par nature, ne peut fonctionner que dans un cadre national. C'est tout le paradoxe : les étrangers ont leur role en socialie, mais ils sont en même temps indésirables.
Il n'est pas dit que le vote ouvert à tous soit une bonne chose sur le plan philosophique, même si ça peut se discuter. Mais ce n'est pas de l'ouverture du droit de vote dont les banlieues ont besoin. C'est d'un pays qui respecte les libertés de chacun, dans la limite des libertés des autres, ainsi que d'un environnement pro business, dans le respect du droit.
(4) Bobos de gauches, racistes et intolérants http://www.youtube.com/watch?v=JYePIuM275Y
(5) Bagdad Ghezal, candidat indésirable à la fédération PS du Pas-de-Calais, le Monde, 9 février 2008
(6) http://owni.fr/2011/09/24/copwatch-police-copwatching/
(7) SOS Racisme est raciste http://www.youtube.com/watch?v=tM_DRQ_fT-M