mardi 8 janvier 2013

Suite au post de Laurent de Boissieu intitulé "Comment ne pas mépriser les déserteurs fiscaux ?" écrit en réaction du départ de Depardieu en Russie, un débat s'installe sur le blog "ipolitique" relatif à la notion d'humanisme. 

Les ultra étatistes de tout poil, Laurent de Boissieu (d'obédience plutôt démocratie chrétienne), mais aussi Laurent Pinsolle et Nicolas Dupont-Aignan (gaullistes), Andrée Roger ou Communisme Ouvrier (communistes, alors que le mur de Berlin s'est effondré), Sarkofrance (socialiste), Actupol, Seb Musset, Neobonapartiste, tous ont le même avis unanime : il existe un concept appelé solidarité nationale qui emplique qu'en ce moment, en ces temps de "crise", alors chacun doit contribuer plus, surtout les riches. 

(Parenthèse : il est difficile de trouver sur la toile ce que pensent les militants clairement identifiés UMP). 

Est ce que nos amis ultra étatistes se rendent compte des faiblesses de leur raisonnement ? 

D'abord, les mots ont un sens, ils demandent à être clairement définis. Jusqu'où doit aller la solidarité nationale exactement ? Et pourquoi nous parle t-on de crise ? Du point de vue des finances publiques (impôts et dépenses), la crise dure depuis 30 ans et quelques. La génération X et la génération Y N'ont jamais connu autre chose.

Ensuite, qu'est ce que l'argent des français ? Le reste du monde existe t-il dans la tête de nos ultra étatistes ? Les autres pays doivent-ils acheter notre production ? Pourquoi se réjouir quand des français exportent des produits Made in France (payés avec l'argent de nos partenaires commerciaux, donc) et regretter que de l'argent reparte à l'étranger ?

De plus, que font nos ultra étatistes de la libre circulation des hommes, des capitaux, des marchandises et des idées que nous avons collectivement voulu, au moins au niveau communautaire ? 


Quand à la notion de solidarité nationale qui implique que le modèle social français comprenne le caractère public et non dérogatoire de l'Education Nationale, de la Sécurité Sociale, de la production d'électricité, de services postaux et de télecoms, d'automobile, de services de santé ou la régulation du marché du travail, les ultra étatistes ne comprennent-ils donc pas les limites du raisonnement ? Si l'Etat doit vraiment être en charge de tout ce qui est indispensable, pourquoi nos ultra étatistes ne demandent-ils pas la nationalisation de Danone, Nestlé France, Unilever France, Auchan, Carrefour, Leclerc, Kaufman & Broad, Maisons France Confort, Hestia, Laforet, de Particulier à Particulier ou Seloger.com ? 
Dans l'ordre absolu des priorités pour vivre, avoir à manger et à boire d'abord, puis un toit ensuite, est 1000 fois plus vital que de bénéficier d'hopitaux ou de bureaux de poste. Personne ne peut le nier. Pourtant, les ultra étatistes ne réclament ni l'attribution arbitraire (par tirage au sort, par exemple) d'une surface unique de logement, quelque part sur le territoire national, ni la distribution centralisée d'une quantité de nourriture égale par personne. Pourquoi ? 
Parce qu'ils savent bien que malgré les imperfections du système qui fait que certains vivent dans la rue et d'autre dans 300m², le marché libre reste le meilleur système pour que chacun ait à manger et un toit, en fonction de ses capacités, de ses envies et de ses opportunités. 

De toutes façons, osons même l'affirmer : l'égalité, non pas devant la loi mais de situation, les français n'en veulent pas. On ne peut pas reprocher à Depardieu de fuir et en même temps passer son temps à rechercher des niches fiscales et des exonérations diverses et variées. Veut-on un système fiscal juste et efficace ? Adoptons une flat tax de 15% sur l'ensemble de nos revenus, du 1er au dernier euro gagné, dans ce cas.

En fait, la vérité c'est que les ultra étatistes ne sont pas humanistes. Ce sont des égoïstes comme les autres, et on ne peut pas leur reprocher cela. Les libéraux sont les vrais humanistes dans le sens où ils pensent que les individus sont bien mieux placés que quiconque pour faire leurs choix et savoir ce qui es bon pour eux. Les ultra étatistes, et nul ne peut le reprocher, évacuent leurs peurs en faisant passer les solutions adoptées pour du bon sens de solidarité nationale. Mais ce faisant, ils ne réalisent pas (ou pas) qu'ils ne font que transmettre les désidérata de la classe du baby boom qui a pris en otage le pays. Le SMIC qui crée du chômage chez les jeunes et les non qualifiés, les hôpitaux ou les aéroports  utilisés par des gens aisés ou CSP + du point de vue intellectuel, l'Education Nationale qui, même du point de vue sociologique gauchiste Bourdieusien, n'est qu'une plaisanterie (exemple : un étudiant sur 2 à Polytechnique a au moins un parent prof), tous ces mécanismes publics qui sont financés par les contribuables ne sont que des machines à transmettre du capital à un groupe (et ses alliés) qui pense que la situation exceptionnelle de la France et de l'Occident entre 1950 et 1975 est un dû.

Faut-il approuver les choix de Depardieu ? Non. Autant aller en Belgique, c'est à dire en Europe, avait du sens, autant déménager en Russie est un pied de nez du plutôt mauvais goût. Mais les goûts et les couleurs ... Par contre, que les ultra étatistes cessent de brandir cet étendard de solidarité nationale qui n'est en réalité qu'un habillage, sympathique ou pas, d'une prise en otage. Si il y a des fuyards fiscaux, c'est que nous sommes donc dans une prison fiscale, non ? 

Ce qui se passe actuellement a déjà été décrit, notamment par Ayn Rand dans la Grêve (Atlas Shrugged). Heureusement, il existe une solution à cette impasse qu'est la solidarité forcée. Ce qui fonctionne pour le Téléthon ou la Croix Rouge est reproductible, ce sont les solidarités volontaires, bien plus efficaces que la coercition. Ou pourrait même suivre les pas du philosophe allemand Peter Sloterdijk sur l'impot remplacé par le don.

Lire aussi "Exil : l'idéologie de la prison fiscale" sur Gauche Libérale, Contrepoints ou Rue89.


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