samedi 29 août 2015

Réfugiés : et si on cessait de tergiverser ?

L'immigration a toujours existé. Les hommes se déplacent, vont d'un endroit à un autre, pour des durées plus ou moins longues. Certes, le nomadisme n'est pas généralisé. Il est même minoritaire. En général, il est plus facile pour une personne d'habiter là où elle a son réseau social. 
Mais parfois, la migration n'est plus un choix. Elle devient une nécessité. 

Par exemple, quand pour des raisons complexes qui vous échappent, vous vous retrouvez dans un pays où on bombarde votre maison, où on tue, où on viole et rackette, si, comme la plupart des gens, vous n’êtes ni un expert des combats, ni un pro du maniement d'armes lourdes, si vous en avez les moyens physiques ou financiers, vous cherchez à partir, pour tenter de protéger votre famille ou vous donner un espoir d'avenir. 

C'est la où l'Europe, zone de destination des réfugiés, de Syrie notamment, commet une première erreur : les migrants qui arrivent ne sont pas des pauvres ères, ce sont des gens qui ont réussi à payer des passeurs. Question : pourquoi ne pas lever quelques obstacles aux migrations, les visas notamment, afin de faire en sorte que les réfugiés dépensent leur argent ici, pour s'installer, plutôt qu'au milieu de la mer Méditerranée ? 

Certains diront : les réfugiés, nous ne pouvons pas les accepter car, non seulement nous avons déjà nos propres difficultés (chômage, déficits sociaux), mais en plus, il y a les différences culturelles.

Il faut vraiment, à la fois que nous soyons très incertains de notre identité, et conscients de sa fragilité, pour qu'on considère que 300 000 personnes menacent 60 millions de français. 
C'est vrai que certaines normes qui étaient implicitement considérées comme partagées, telles que l'égalité hommes-femmes (et que donc des médecins hommes peuvent s'occuper de femmes, que les piscines sont mixtes, que jupe n'est pas synonyme de pute). Or, la réalité force à admettre que toute une partie de la population française a un système de valeurs en totale opposition au vivre-ensemble
Mais le problème que nous rencontrons avec l'islam n'est que la conséquence du refus d'ouvrir et de clore, en France, le débat sur la guerre d'Algérie. Il est temps, en effet, de sortir de la repentance, d'en finir avec le marxisme culturel qui entretient le mythe de ces pauvres immigrés maghrébins (et leurs descendants) excusables car héritiers d'une histoire d'exploitation et de noter une fois pour toute que bien qu'il y ait eu des crimes pendant la guerre d'Algérie, nous français de 2015 n'en sommes pas responsable. Evidemment, pour cela, il faudrait que la gauche, notamment, fasse son examen de conscience, elle qui a d'abord dit qu'il fallait coloniser les sauvages puis lutté pour le maintien de l'Algérie en France.
Quand au vivre-ensemble dans son ensemble, s'il est quelque peu heurté, ce n'est pas que de la faute non plus des arabes et des noirs des cités. Quand des députés sifflent Cécile Duflot parce qu'elle porte une robe, quand des français bien "de souche" violent une handicapée mentale, quand des instituteurs pédophiles sévissent dans les classes, peut etre qu'on peut cesser d'accuser "les racailles" ? 
Enfin, si la France se pose tant que questions sur son identité, c'est aussi peut-être parce qu'elle a conscience des énormes différences culturelle qui existent entre les français (ceux qui vivent entre Senlis et Orléans), les Chtis, les Occitans, les Sayoyards, les Basques, les Bretons, les Alsaciens ...
Il est donc clair que tant qu'on entretiendra le mythe jacobin d'une France unitaire de Dunkerque à Perpignan, tout en refusant de parler de cet énorme tabou qu'est la guerre d'Algérie, alors nous continuerons à vivre dans cet étrange mélange de repentance et de quête identitaire. 
Pas exactement les conditions idéales pour, en effet, accueillir des réfugiés en nombre. 

Quand aux difficultés financière qu’entraîneraient l'accueil d'un afflux massif, pourquoi ne pas changer de perspective et au contraire voir l'opportunité d'en finir avec un modèle social français intenable car payé à crédit ? 
Il faut vraiment que les français aient une faible opinion d'eux-mêmes pour qu'ils se sentent menacés, professionnellement parlant notamment, par des gens qui ne parlent pas la langue et qui n'ont pas de contacts dans notre pays. Evidemment, si on en profite pour réouvrir le douloureux dossier des offres d'emplois non pourvues ...
Quand à admettre que l'on puisse croire à la théorie de l'appel d'air (celle qui dit que les immigrés viennent en France pour toucher des allocations et des aides), pourtant contrebalancée par les faits (les migrants préfèrent aller en Angleterre (plutôt libérale) ou en Allemagne (le pays des minijobs, nous dit-on)  ou même en Suède (pas de SMIC) plutôt que chez nous, alors pourquoi ne pas découpler l'accueil des gens de leur éligibilité au système social français ? Pourquoi ne pas leur proposer de leur faire payer eux-mêmes leur assurance sociale, avec l'argent qu'il n'auront pas versé aux passeurs ? Et pourquoi ne pas aller plus loin, à savoir considérer que le SMIC, le RSA, les allocations familiales, les HLM ne sont pas juste des problèmes en cas d'immigration, mais des problèmes tout court, étant donné, rappelons le, que les "performances" sont là : 6 millions de chômeurs, 8 à 10 millions de pauvres, l'exclusion massive des jeunes du marché du travail, un mal logement endémique.
Le problème de la France, ce n'est pas l'immigration, c'est le socialisme et l'héritage communiste, ultra dirigiste du conseil national de la résistance. 

Alors certains répondront : mais si vous aimez tant les migrants, pourquoi vous ne les accueillez pas chez vous ? Ce sont des propos qui ont été tenus par les identitaires d'extrême droite, ou par des socialistes comme Jean-Marie le Guen. 
La réponse est pourtant évidente. Il faut cesser de considérer notre pays comme une vaste copropriété sans propriétaires, une terre de commons où chacun pourrait récolter comme bon lui semble. Voyons plutôt la France comme une addition des propriétés privées, sur lesquelles chacun devrait être libre d'inviter ou de rejeter qui bon lui semble.
Que les migrants soient libres de venir en France, charge à eux de se trouver un logement et du travail. Et que les meilleurs gagnent. 
Ainsi, on aura réconcilié l' exigence de la main tendue vers celui qui souffre, et l'opportunité de réformer notre pays qui en a bien besoin.


1 commentaire:

  1. "Alors certains répondront : mais si vous aimez tant les migrants, pourquoi vous ne les accueillez pas chez vous ? "

    Vous le savez bien, la question est spécieuse. On ne discute pas d'accueillir des milliers de personnes chez soi, ce qui supposerait du reste d'habiter une très grande demeure, ce qui rend la chose impossible tant il faudrait qu'elle soit vaste, mais d'accueillir des milliers de personnes dans cet espace commun dont vous parlez et qu'on appelle la France.

    Remarquons d'ailleurs que lorsque l'on accueille chez soi quelques étrangers sans titre de séjour, un seul même, on commet un délit: l'aide au séjour irrégulier. Cela se fait, mais cela relève de la résistance civique. Et ça aussi les identitaires vous le reprocheraient, si vous le faisiez.

    Soit la chose est impossible, soit elle relève du délit. Les identitaires sont évidemment de mauvaise foi.

    Maintenant, prétendre comme vous que la France est une juxtaposition de propriétés privées où le propriétaire, tel le landlord anglais règnerait en maître, sans qu'il existe un domaine public ou du moins en faisant abstraction de celui-ci, c'est gonflé.

    C'est précisément parce que les identitaires ont cette vision de la France, une vision de petits propriétaires croyant régner sur leur parcelle de croûte terrestre qu'ils peuvent dire: "si vous les aimez tant, accueillez les chez vous!"

    Dans leur esprit, c'est logique, la France étant une accumulation de "chez soi", il leur suffit de dire qu'ils ne veulent pas d'étrangers chez eux, à charge pour vous de les accueillir chez vous, "puisque vous les aimez tant".

    Mais la France n'est pas une copropriété ou une simple addition de parcelles privées: c'est un espace commun incluant des propriétés privées et un domaine publique habités par une nation.

    C'est important la nation. Sur la question de la nation, on voit que l'identitaire a le plus souvent une conception ethnico-religieuse, mythologique, qui ne correspond pas au vécu de ce pays et des gens qui l'habitent, mais seulement aux petites envies étriquées de petit propriétaire pingre des identitaires. Ils veulent nous refiler un truc qui ne marche pas à l'échelle d'un grand peuple comme le nôtre, comme une chemise trop petite: dès que vous commencez à bouger, les coutures craquent.

    Et puis il y a l'Etat. Le nôtre est jacobin, ce qui veut dire qu'il est centralisé et centralisateur, ça tout le monde le sait. Mais cela veut surtout dire qu'il se conçoit dans une articulation avec la nation: c'est un Etat-Nation.

    Si je vous suis bien, vous voulez découpler les deux. Et au milieu, jeter des étrangers en leur disant "que le meilleur gagne!".

    Bon, c'est une conception du libéralisme que je trouve assez destructrice, mais pourquoi pas?

    je dis ça d'un air détendu comme s'il n'y avait aucun danger à essayer votre formule, mais à bien y regarder, c'est en réalité ce que nous sommes précisément en train d'expérimenter.

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