Rebondissons sur l'analyse du journaliste du Monde, Samuel Laurent, qui a étudié la blogosphère politique française en coopération avec Linkfluence.
Il écrit dans son chapitre"Anti-hollandisme" et ponts avec l'extrême droite: "Si Opposition Républicaine essaye de faire dans la critique "de fond" et "s'interdit de tomber dans la facilité de taper sur 'Flanby'", le sobriquet dont les sympathisants de droite affublent souvent François Hollande, d'autres ont moins de scrupules. De sa cravate de travers à sa compagne en passant par ses tics de langage, le "Hollande bashing" fleurit dans la blogopshère de droite, comme l'antisarkozysme avait servi de ciment à celle de gauche entre 2007 et 2012."
Il est vrai que ce blog n'est pas exempt de cette tendance qui consiste à nommer le président de la République du nom d'un dessert lacté caramélisé.
- Flamby, ce sont les socialos qui en parlent le mieux, 20 avril 2012
- Berlin : Conseils pour le Flamby !, 15 mai 2012
- Bravo à Flamby !, 18 juin 2012
- La déception Flamby (pour celles et ceux qui y ont cru), 3 juillet 2012
- la Reine flambe ! Flamby aussi ... 29 juillet 2012
Alors, posons nous la question : Pourquoi l'anti-Hollandisme ?
Réponse : parce que Hollande a été élu, non pas sur un programme, mais avant tout parce que les gens ne voulaient plus de Sarkozy. Qui l'affirme ? Tout le monde, surtout à gauche :
- la gauchosphère comme voie militante "Raison #1 : Sarkozy n’aime pas les gens. Nous nous souviendrons longtemps de ces insultes répétées, de ses frasques. Je crois que ce n’est pas le cas de François Hollande"
- les tribunes d'intellos qui s'expriment dans le Monde et commencent par "Beaucoup d'électeurs veulent faire barrage à Sarkozy".
- des élus socialistes comme Raymond Occolier qui affirme "Les gens n’avaient pas bien lu le programme de François Hollande ! Les Martiniquais ont d’abord voté contre Sarkozy. Certains étaient certes conscients du projet de « mariage » homosexuel, mais ils s’imaginaient que cela ne passerait jamais dans l’opinion, tout comme le vote des étrangers.
La première source du Hollande bashing, c'est la campagne de Hollande elle-même. Les meilleurs opposants à Hollande ont été les communistes qui voient en Hollande un capitaine de pédalo, et les socialistes, qui savent qui est Hollande. Surtout Marie-Ségolène Royal.
La deuxième source du Hollande bashing, c'est l'attitude outrancière de la gauche socialiste entre 2007 et 2012. On pouvait ne pas être d'accord avec Sarkozy, ses nationalisations, ses augmentations d’impôts ses lois et son interventionnisme ultra étatiste et sa politique keynésienne et ultra socialiste, mais fallait-il l'attaquer sur :
- sa taille
- ses origines familiales
- son phrasé
Sur le plan politique, peut-on :
- dénoncer (à juste titre) la droitisation de l'UMP et ne pas dénoncer la gauchisation du PS ?
- insister sur les affaires qui concernent l'UMP et ne pas voir celles au PS ?
Il faut de la cohérence. Si on ne veut pas d'un petit (de taille) avocat de Neuilly à la diction incertaine et entouré de gens mis en examen ou condamnés, prêt à tout pour gagner y compris à défendre certaines des idées de la fille à papa de Saint Cloud, alors comment peut-on vouloir d'un petit (de taille) énarque de Neuilly à l'orthographe incertaine et entouré de gens mis en examen ou condamnés, prêt à tout pour gagner y compris à défendre certaines des idées de Mélenchon ?
La vérité c'est qu'entre 2007 et 2012, Sarkozy, au delà des erreurs (fatales) de style, a pratiqué la politique que la gauche aurait fait : hausse des impôts hausse du déficit pour ne pas couper dans les dépenses publiques, tentative de rationaliser la gestion de l'Etat, nombre record de lois, interventionnisme public, politique diplomatique active (mépris de nos partenaires Européens et compromis entre des alliances classiques et des nouveaux partenariats). Voyant cela, la gauche ne pouvait pas vraiment critiquer le fond, elle a donc critiqué la forme, oubliant que Hollande est un millionnaire qui déjeune dans des restaurants bien plus chers que le Fouquet's et se déplace en jet privé. Ne parlons pas de DSK et ses steaks à 242 $.
La troisième source du Hollande bashing, c'est que les français, notamment les libéraux, ne sont pas dupes. Ils savaient que Hollande augmenterait la TVA, par exemple, ou que ce que les électeurs de gauche dénonçaient chez Sarkozy se retrouverait chez Hollande, comme les expulsions de Roms ou le non respect de la séparation des pouvoirs. En dehors du fait de gagner et conserver le pouvoir, quels sont les moteurs d'action chez Hollande ? Quelle est sa vision, en dehors du Toujours plus d'Etat et toujours moins de libertés ?
Enfin, pensez-vous que Mitterrand aurait pu être président de la République à l'heure de Youtube, Dailymotion, Facebook et Google ? Sarkozy a été le premier président français vivant à l'heure du net 2.0.
Le vrai moteur du Sarkobashing a été la transparence de l'Elysée, voulue ou subie.
C'est pour ça qu'on peut affirmer : vous avez aimé le Sarkobashing ? Vous adorerez le Hollande bashing. Il n'y aura ni indulgence, ni respect !
Vous avez raison d'être dans votre rôle ! ;+) Après 7 mois à la tête du pays, nous avons aussi à gauche beaucoup de raison de détester François Hollande.
RépondreSupprimerLa force du Hollande bashing est qu'il réunit les gens de gauche qui le trouvent trop libéral (comme moi),les gens de droite qui le trouvent pas assez libéral, les souverainistes qui le trouvent trop européen, les cathos qui n'aiment pas les réformes sociétales, etc...ça fait beaucoup ! La gauche déçue est d'ailleurs la plus virulente pour l'instant (crise à l'ump oblige ?),notamment sur le web où les vidéos fleurissent, comme celle sur "Le Hollandisme ou la valse des renoncements" par exemple que je trouve excellente d'ailleurs (http://www.youtube.com/watch?v=JYI-kwo5pSY). Ceci annonce une bonne déculottée pour le PS aux prochaines élections je pense...
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