jeudi 15 janvier 2015

Stop aux subventions à la presse !

L'affaire de l'assassinat des dessinateurs de Charlie Hebdo ramène sur le devant de la scène un sujet qui a le don d'irriter les contribuables et citoyens que nous sommes tous : le scandale des subventions à la presse (1). Ces aides servent à « garantir la liberté de la presse et à conforter les conditions de son pluralisme ». En effet, Fleur Pellerin, ministre de la culture, avait rapidement évoqué l'idée d'une subvention exceptionnelle à Charlie Hebdo (2).

Le plus drole est de voir ces politiciens, notamment d'extrême gauche, en appeler à l'Etat, c'est à dire à notre argent, pour organiser ce "pluralisme, bien qu'au quotidien, ils luttent contre ce pluralisme, et alors que l'ensemble de la presse française, y compris celle de droite, est prise dans le carcan du cadre mental  et idéologique hérité de 1945.

Qu'est ce qu'un journal ? C'est avant tout une entreprise, c'est à dire une réunion de gens qui, parce qu'un actionnaire a mis de l'argent dans un projet, ont choisi de mettre en commun leurs compétences rédactionnelles pour servir de média, c'est à dire d'intermédiaire entre l'information et les clients. Une entreprise, c'est censé faire un produit et gagner de l'argent grâce à ses clients, ou fermer si le projet n'est pas rentable.
Le blogueur Autueil notait, il y a quelques temps, à quel point le journalisme était entré dans une phase d'obsolescence, notamment parce qu'il avait manqué la nécessaire adaptation de son produit (4). En France, c'est plus que cela. La presse française n'est pas seulement en retard au niveau numérique (avec les notables exceptions de l'Opinion ou surtout de Médiapart), elle est surtout en retard de diversité. En effet, si on admet que la presse devrait refléter la diversité d'opinion, où est le grand quotidien ou l'hebdomadaire conspirationniste (un corpus de thèses peu ou prou partagé par 50% des français (5) ) 
Où est le grand quotidien ou l'hebdomadaire anti européen voire europhobe (une opinion partagée par au moins 20% des électeurs) ?
Il est communément admis de dire qu'un journal n'est pas qu'une entreprise, mais que c'est aussi un des vecteurs de la démocratie et donc à ce titre un projet d'intérêt "général". Si c'est vrai, la France, qui lit très peu de quotidiens par rapport à ses voisins, a donc du souci à se faire.
Si la presse doit refléter le pluralisme, est-il cohérent que l'Humanité, diffusant une idéologie morte en 1989, soit aidé y compris par le biais d'amendements nocturnes et discrétionnaires  (6) ? Le gouvernement ne devrait-il pas, par cohérence, choisir d'aider autant Minute que ses alter ego d'extrême gauche ? 




En réalité, la raison pour laquelle il n'y a absolument pas besoin d'aider la presse réside dans le fait que le pluralisme existe, non pas grâce à l'État et à ses fonctionnaires, mais parce qu'en 1992, dans un laboratoire à Genève, un informaticien anglais a inventé le worldwide web, parce qu'en 1995, un jeune ingénieur californien a crée le premier navigateur grand public, et parce que depuis plus de 15 ou 20 ans maintenant, des entrepreneurs (au sens large de du terme, pas seulement au sens marchand) se saisissent de leur pouvoir de création pour lancer des plateformes d'information (Agoravox, le Huffington Post) ..., des espaces de bloggings (Blogger ...), des réseaux sociaux (Facebook, Twitter), etc.

Durant les événements de la semaine dernière Porte de Vincennes et à Dammartin-en -Goele, les musulmans avaient été invités à se démarquer des terroristes et à condamner leurs actes, alors qu'ils pouvaient éventuellement partager de la gène vis a vis des caricatures de Charlie Hebdo. Les musulmans feraient mieux, plutôt que de qualifier tel ou tel titre d'islamophobe (7), de commencer par demander l'arrêt de toutes les aides à la presse.
De manière plus globale, les français doivent comprendre que le vrai préalable au pluralisme de la presse, c'est la liberté entrepreneuriale, et le démantèlement du système actuel dominé par une AFP partiale (8) et archi subventionnée. Ainsi, une fois la liberté restaurée, on cessera de se demander pourquoi la presse parle des 17 morts de Paris mais pas des 2000 morts du Nigéria (9)

Cette liberté, c'est celle qui fait que Charlie Hebdo survivra grâce à ses clients (10), et non pas parce que Matignon ou l'Elysée auront décidé de prendre des abonnements et le ministère de la culture fait voter une subvention.



(1) Contrepoints Le montant des aides à la presse révélé 24 décembre 2013
(2) La Tribune Qui soutient Charlie Hebdo ? 9 janvier 2015
(4) Authueil L'obsolescence du journalisme 31 décembre 2014

6 commentaires:

  1. Le premier scandale est de voir des titres comme Télé7jours, TéléZ, TéléLoisirs, touchent des aides de la presse. Autant les journaux d’information classiques (Figaro, Libération, Le Monde, La Croix, etc) participent de manière assez évidente au débat politique, autant pour les premiers cités, c’est beaucoup moins clair (en euphémisant).

    Le second scandale est le mode de calcul des aides qui tient compte autant des pages de pub que des pages d’information.

    Pour ma part, ce qui me fait sourire lorsque je regarde le classement c’est de voir le montant des subventions touchées par des journaux qui critiquent allègrement le trop de dépenses publiques en France mais qui pour le coup, sont bien contents de profiter des subventions à la presse (nommons par exemple le Figaro, le Point, l’Express ou encore Valeurs actuelles).

    Quant aux nouvelles formes numériques (blogs, plate-forme), cela pose tout de même un problème, car elles conduisent à un gloubi-boulga informationnel, dans lequel une rumeur infondée peut être relayée des millions de fois, passée pour une information sérieuse, dans lequel tout le monde peut dire n’importe quoi, dans lequel tout se vaut (donc plus rien n’a de valeur).

    Enfin, si on veut supprimer toutes les aides à la presse, il faut songer à supprimer également l’exonération fiscale dont bénéficient les donateurs…..

    greg

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    1. "Enfin, si on veut supprimer toutes les aides à la presse, il faut songer à supprimer également l’exonération fiscale dont bénéficient les donateurs….."


      oui, évidemment !

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  2. Le parisien qui soigne des libéraux comme vous28 mars 2015 à 16:29

    La réponse à votre question en titre de cet article est très simple : quand vous accepterez de ne plus être subventionné pour l’exérèse de votre tumeur mal placée, la mise en place de votre colostomie (poche), et le traitement qui s’ensuivra, le tout pour 1 000 000 d’euros. Et que vous les paierez de votre poche (je veux dire, celle qui contient votre portefeuille, pas l'autre...)

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    1. En admettant que l'on puisse mettre sur le meme plan des problèmes médicaux et les subventions à la presse, chiche, monsieur Le parisien qui soigne des libéraux comme vous

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    2. Le parisien qui soigne des libéraux comme vous30 mars 2015 à 22:52

      Soit. J'attends donc que vous prouviez que vous payez et que vous paierez l'intégralité de vos dépenses de santé.

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    3. helas, comme vous le savez, monsieur l'antilibéral, le simple fait d'informer sur la désaffiliation de la secu est un delit passible d'amendes et de prison, et ce au pays de la liberté d'expression.
      Idem pour le home schooling, un delit. Alors, on fait comment avec des étatistes comme vous ?

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