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Interview publiée par retraitegenerationsacrifiee.fr/
3 questions à Louis-Marie Bachelot, Président d’Alternative Libérale
Louis-Marie Bachelot
Que pensez-vous de la réforme des retraites actuellement en cours d’examen au Parlement ?
La montagne a accouché d’une souris !
Après neuf mois de concertation, la grande réforme annoncée du quinquennat aboutit au maintien du statu quo, hormis quelques ajustements techniques marginaux : Pas de pérennisation des retraites car pas de remise en cause du système par répartition, pas de suppression des régimes spéciaux, faux alignement public / privé, pas de liberté de choix de son départ à la retraite.
Ce projet de réforme perpétue donc la fiction de la démocratie d’Etat-Providence dans laquelle on achète la paix sociale à court terme au détriment des générations futures. C’est l’égoïsme intergénérationnel et le triomphe du corporatisme !
Mais alors, comment expliquez-vous le mouvement de protestation qui tend à se durcir avec des grèves reconductibles à partir de cette semaine ?
La réforme n’est pas à la hauteur des enjeux et les Français le pressentent parfaitement. Ils vivent cette réforme comme des frustrations supplémentaires qui ne règlent pas le problème sur le fond.
Mais surtout le Gouvernement a été mauvais sur la forme, mauvais en terme de pédagogie. Et aujourd’hui nous nous retrouvons avec des grèves à répétition pour lesquelles il y a clairement une erreur de casting. Ce sont les retraités et les salariés des secteurs protégés, pas ou peu touchés par les mesurettes annoncées, qui forment l’immense majorité des grévistes.
Où sont les salariés du secteur privé, les travailleurs indépendants – artisans, commerçants, professions libérales -, les jeunes générations, celles et ceux qui subissent, et subiront encore plus à l’avenir, l’absence de courage politique des gouvernements successifs, et à nouveau de celui-ci, depuis que l’effondrement inéluctable du système par répartition est connu de tous, c’est-à-dire depuis le livre blanc sur les retraites du gouvernement Rocard en 1991 ?
Fort de ce constat et de cette analyse, que proposez-vous ?
A Alternative Libérale, nous pensons que seul un changement radical mettant en œuvre les principes de liberté, de responsabilité et d’égalité, ceux qui prévalent dans une authentique démocratie libérale, est à même de répondre dans la durée au défi des retraites. Ce changement devra également être lisible et équitable, pour être compris et accepté de tous. C’est pourquoi nous proposons une véritable réforme s’articulant autour de trois mesures pivots, cumulatives dans le temps. La première de ces mesures est l’adoption de règles communes pour l’ensemble des actifs, du privé comme du public, qu’ils soient élus ou simples citoyens. Cela signifie la suppression immédiate et sans compensations de tous les régimes spéciaux, et l’alignement du calcul des retraites du public sur le privé. Cet alignement doit se faire tant en termes d’annuité de cotisation, de pourcentage de réversion que de taux de cotisation, et ce pas seulement sur la partie dite salariale qui n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il faut en effet savoir que là où les entreprises paient 15% du salaire brut de leurs employés, l’Etat abonde à hauteur de 60% pour les agents de la fonction publique. Cela engloutit chaque année l’équivalent de 40 % de l’impôt sur le revenu.
La seconde mesure est le passage progressif à un système de retraite fondé sur l’épargne personnelle, au-delà d’un minimum vital constitué par l’allocation universelle de liberté – celle-ci se substituant à l’ensemble du maquis des allocations et autres revenus de solidarité actuel. Pour étayer cette mesure phare, Alternative Libérale a publié le mois dernier un véritable plaidoyer intitulé « Retraites : la solution de l’épargne personnelle ». Ce document démonte une à une les idées reçues qui persistent sur les systèmes de retraite par répartition et par capitalisation. Il fait ainsi la preuve qu’en ce domaine, aussi, une alternative existe.
Enfin, si au cours de la période de transition d’un système à l’autre, un rallongement significatif de la durée de cotisation est inévitable afin de ne pas faire porter l’effort sur une seule génération ; à terme, et c’est notre troisième mesure, l’épargne personnelle donnera à chacun une vraie liberté de choix de son âge de départ à la retraite
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RépondreSupprimerCeux qui ont commencé tôt, qui auront cotisé 41 annuités à 60 ans et qui vont devoir travailler deux années supplémentaires vont être ravis d'apprendre qu'ils ne sont que les pauvres victimes d'un "ajustement technique marginal".
RépondreSupprimerLa réalité est très différente : ceux qui ont commencé tôt et qui travailleront 2 années supplémentaires sont en réalité les seuls à payer la réforme, dans les grandes lignes. Le reste étant pour l'essentiel, ponctionné sur le fonds de réserve des retraites. C'est une réalité arithmétique qui mériterait d'être un peu mieux partagée.
Ceux qui aujourd'hui ont une carrière incomplète à 60 ans passeront entre les gouttes de la réforme ou obtiendront une retraite bonifiée s'ils partent à l'âge légal, par le fait de la réduction de la décote (+10%) et de deux 41èmes ajoutés au salaire de référence (+5%).
On peut être libéral (favorable à l'alignenent des régimes, défavorable à la fiscalisation des retraites, etc) et reconnaitre en même temps la profonde injustice sociale de cette réforme, due au report d'âge sans augmentation de la durée de cotisation.
On peut être libéral, favorable à l'effacement de l'âge légal pour laisser le choix à chacun, sans pour autant vouloir passer par dessus bord les solidarités inter-générationnelles qui fondent le système par répartition.