lundi 31 janvier 2011

Le libéralisme et les libéraux en France - Etat des lieux

On lit souvent des poncifs sur le libéralisme, et il y a également beaucoup de questions soulevées sur la réalité du libéralisme. Voici quelques élements de réponse



Question : le libéralisme, de gauche, de droite ?

Réponse: les libéraux ne se reconnaissent pas dans la notion de gauche / droite, ils se reconnaissent dans la notion étatisme / libéralisme. Les libéraux préferent le diagramme de Nolan à l'élipse d'une Assemblée.
Voir le post "paysage politique français" du 21 Aout 2010.

Toutefois, pour des questions de moindre appétence (théorique) pour l'action étatique, la droite conservatrice est, dans un système bi partisan strict comme la Veme République, le partenaire des libéraux.

De même, dans les régimes parlementaires aussi, les couples naturels sont libéraux et conservateurs, comme en Allemagne (FDP), au Royaume Uni (Libdem) ou aux Pays Bas (VVD). Plus les libéraux s'appuient sur les Centristes, plus ils sont à même de pouvoir combattre les conservatismes. (Voir le post Conservatisme vs Libéralisme du 19 janvier 2010).
Cela dit, il faut bien s'assoir quelque part à l'Assemblée Nationale ;-)


Question : quel est le lien entre capitalisme et libéralisme ? 

Réponse: le capitalisme est un mode de production, le libéralisme est un régime politique de libertés dont celle de vivre en économie de marché.
Le libéralisme est plus large que le capitalisme.

En 1989, quand le Mur de Berlin est tombé, les pays de l'Est ont voté pour le libéralisme. On trouve des capitalistes (des gens qui mettent du capital au service d'une production dans le but de faire un profit) chez les communistes chinois et dans les régimes autoritaires.
Wikiliberal complète la définition.



Question : quel est le livre de chevet des libéraux français ?

Réponse: il y en a plusieurs
- 1984, de George Orwell
en route vers ...
- le meilleur des mondes, de Aldous Huxley
- La Pétition des fabricants de chandelles, de Frédéric Bastiat
- Atlas Schrugged, de Ayn Rand

mais aussi, plus récents
- Le Capital, suites et fin, de Guy Sorman (lien vers son blog le futur c'est tout de suite)
- Le jour où la France a fait faillite, de Philippe Jaffré et Philippe Riès
- Un libéral nommé Jésus, de Charles Gave (lien vers son blog la faillite de l'etat)

Au demeurant, dire que tel ou tel ouvrage est le livre de chevet des libéraux est aussi pertinent que de se demander si les socialistes dorment avec "Le Capital" de Marx sur leur table de nuit, ou si les droiters lisent une page des "souffrances du jeune Werther" avant de se coucher. Chaque pensée est plurielle.

Vous trouverez sur le blog de Tu peux courir une biblioteque virtuelle liberale (libertarienne).


Question : Pinochet , un libéral ? 

Réponse : Non. Pinochet est un militaire conservateur, qui, dans un pays ultra socialiste des années 70, a appliqué un régime capitaliste. L'intervention de l'Ecole de Chicago dans l'experience chilienne a certes été bénéfique pour l'économie du pays, mais au prix d'un bain de sang que les libéraux n'approuvent pas, pas plus qu'ils l'approuvent la présidence Allende. Les libéraux français estiment que l'Université de Chicago a commis une grave erreur en s'appuyant sur la table rase de Pinochet pour expérimenter leurs théories. La gauche renvoit souvent aux libéraux Pinochet, mais oublie le cas du Canada des années 90, qui s'est désétatisé sans recours à une dictature. La référence des libéraux, s'il devait y en avoir une, serait plus le Canada que le Chili, ou encore la Suisse et sa démocratie directe.


Question : pourquoi tant de banquiers et financiers chez les libéraux ?

Réponse: Il n'y a pas plus de banquiers et de financiers chez les libéraux qu'ailleurs, et les banquiers et  financiers ne sont ni plus ni moins libéraux que la moyenne de la population; Certains d'entre eux ne crachent pas sur l'argent public d'ailleurs.  Jean-Marc Vernes, Jacques Heyer ont soutenu ou soutiennent la droite RPR-UMP, pas Alternative Libérale tandis que Jacques Attali, Benjamin de Rothschild, Matthieu Pigasse soutiennent le PS, pas les libéraux. Des hedge funds soutiennent un ministre en exercice (!) voir le Post Les hedge funds réhabilités ? du 22 Juillet 2010. Un gérant de fond de private equity (oui, grace au journaliste Laurent Mauduit, on sait que Pierre Bergé gagne de l'argent dans des LBO sur des meubles d'hypermarché, pas en vendant de la haute couture) soutient Marie-Ségolène Royal.


Question : le libéralisme, le recyclage de l'extreme droite ?

Réponse: il y a des anciens GUDards et autres extrémistes de droite des années 60 et 70 qui sont devenus libéraux. On pense à Alain Madelin and co. Les libéraux sont partagés par rapport à cela, car ils savent que pour certains, la conversion n'est que de facade. De nombreux anciens du Parti des Forces Nouvelles sont toujours radicalement contre la démocratie, notamment.

Ceci étant dit, les faits comptent plus que les actes, et la génération Madelin a été parmi les premiers à dénoncer l'horreur des Boat People, des Laogai et autres joyeusetés issues du communisme. De plus, la présence d'extrémistes actuels et surtout passés n'est pas limitée aux libéraux.

On trouve des trotskystes chez les Socialistes, des gens qui appelent au meutre au Parti de Gauche, des anciens du FN à l'UMP, des anciens communistes au Front National, des communistes au Parti Communistes, des pro life actifs au Modem etc... que chacun balaye devant sa porte, quand on sait que le Parti Socialiste n'abolit jamais les lois extrémistes votées par la droite, sous la pression des idées d'extrème droite, quand il est au pouvoir. Jospin crée le FNAEG, ne supprime pas la double peine, fait voter la loi du 3 Octobre 2001 sur les fouilles de véhicules,  Huchon valide le Pass Navigo malgré l'avis négatif (mais consulatif) de la CNIL. Etc...
Donc oui il existe des anciens d'extrème droite chez les libéraux, mais 1. ils ont changé 2. ils sont minoritaires. 3. il y a moins d'extrémistes chez AL qu'au sein des autres partis : Alternative Libérale, née en 2006, a une moyenne d'age proche de 33 ans au niveau de ses adhérents.




Question : le libéralisme, la loi du plus fort  ?

Réponse: le libéralisme c'est le respect du contrat librement établi entre deux parties. Rien à voir avec les violences policières impunies typiques des régimes ultra socialistes, le mépris des clients dans les services publics et autres. Le droit du plus fort s'exerce mieux en Chine qu'entre Carrefour France et ses clients. (Voir le post Entreprises libres et tribunaux indépendants sont les mamelles de la démocratie du 20 Décembre 2010). Le droit du plus fort, c'est le socialisme, qui garantit à l'Etat qu'il sera toujours le plus fort, et ce de manière légale.


Question : être libéral c'est accepter les inégalités ?

Réponse: oui. Les inégalités existent. Mais les pires inégalités sont probablement celles dont on ne parle pas assez. On dit souvent que l'argent achète tout. C'est faux. Les fils de commercants sont parmi les pires taux de réussite à l'école, alors que les enfants de professeurs ont des taux de réussite disproportionnés, qui ne s'explique que par du délit d'initié non marchand. De plus, le fait qu'on trouve des Enarques dont un parent est Enarque est tout simplement inconcevable sur le plan statistique. Etre libéral c'est accepter les inégalités pour mieux créer de l'équité, et non pas pour garantir le statu quo de l'hypocrisie.
C'est aussi être responsable et savoir que l'engagement personnel pour des causes fonctionne mieux que l'engagement étatique. Il faut bien comprendre que, de toutes façons, les expériences d'égalitarisme forcenées ont toujours échoué et fini dans la violence, de la République de Sparte au régime des Khmers, en passant par la RDA ou la Corée du Nord.


Question : être libéral c'est refuser la solidarité ?

Réponse: les libéraux pensent, comme la majorité des français, que la solidarité et la mixité sociale forcées ne sont pas de bonnes réponses. Les exemples sont nombreux pour montrer que la solidarité, on l'aime chez les autres. Des hierarques socialistes vivant dans le VIeme arr mais pronant des HLM chez les autres, en passant par la persistance de droits sans devoirs, Alternative Libérale préfererait une société où chacun puisse aligner les mots et les actes, plutot que ce décalage entre la devise de la République et la réalité de terrain.



Question : pourquoi l'allliance Alternative Libérale Nouveau Centre ?

Réponse: le libéralisme économique et sociétal, l'engagement pour une Europe Fédérale, l'Atlantisme sont des valeurs partagées par les Centristes libéraux démocrates à travers toute l'Europe et en France également. Le Nouveau Centre, la Nouvelle UDF, est un bon partenaire pour AL dans le cadre de la reconstitution du Centre.


Question : un parti libéral, n'est ce pas paradoxal ?

Réponse:
quelque part, et sur le plan philosophique, oui. Maintenant, sur le plan pratique, pour changer les lois il faut prendre le pouvoir. Face au consensus français entre l'UMP et le PS vis a vis de l'Etat, il faut un parti libéral, il faut Alternative Libérale.

Question : pourquoi le rejet de la dette publique et l'acceptation des dettes privées ?

Réponse:
c'est une question de responsabilité. Les problèmes qui sont à tout le monde ne sont à personne. Et les opportunités qui sont à tout le monde finissent en réalité par n'appartenir qu'à quelques uns.

Question : pourquoi les libéraux se définissent ils comme humanistes ?

Réponse :
les libéraux pensent que les gens sont mieux placés que les Etats pous savoir ce qui est bon pour eux.

Question : a quoi ressemble le paradis libéral ?

Réponse:
A rien ! Il n'y a pas de paradis libéral possible car les hommes sont imparfaits  ! Maintenant, il existe des pays plus libres que d'autres. Les petites monarchies constitutionnelles Européennes, toutes bien notées au niveau de leur Indice de Développement Humain, ainsi que la Suisse, semblent être de bons compromis. Le Free State Project est un test intéressant également. Maintenant, en ce qui concerne la France, toute baisse du poids de l'Etat ne peut qu'immanquablement nous faire progresser, vu d'où nous partons. Plus de la moitié du PIB est étatisé d'une manière ou d'une autre, en France.



Question : les libéraux sont ils un groupuscule destinés à ne jamais gouverner ?



Réponse: les libéraux sont au gouvernement de nombreux pays Européens (cf le Post Les libéraux en Europe - mise à jour du 5 Décembre 2010) et leur partenariat avec le Nouveau Centre renforcent leur crédibilité.


Question : les libéraux sont ils d'accord entre eux ?


Réponse: globalement, tous les libéraux veulent moins d'impots, plus de libertés, et plus d'équité. Les libéraux veulent un Etat impartial. Après, la où les libéraux débattront, c'est eventuellement sur la méthode à privilégier. Est ce que l'Etat va s'effrondrer de lui meme sous le poids de ses contradictions (poids des lobbys, dette publique) ou bien faudra t il piloter la désinflation législative et budgétaire, telle est la question. Autre poids de débat : l'Europe est elle en risque de devenir un nouvel échelon du Leviathan ou bien est elle la garantie que les Etats fédérés respectent dans leurs législations au niveau des droits fondamentaux .?  Chez Alternative Libérale on privilégie la deuxième solution, celle d'une Europe qui protège nos libertés.

2 commentaires:

  1. Je ne suis pas d'accord sur le bilan définitif que vous évoquez pour les chicago boys. Pinochet après son échec de sa politique dirigiste fit appel aux Chicago Boys de Milton Friedman pour essayer de remettre l'économie chilienne sur les rails. Le bilan des chicago boys est surtout perceptible à long terme où les gouvernements démocratiques qui succéda aux régime fasciste jusqu'à nos jours ne remirent pas en question les théories libérales de chicago. Et cela explique pourquoi le Chili est aujourd'hui l'économie la plus développée du continent sud américain.

    Mais il est vrai que Pinochet ne fut jamais libéral.

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