Il y a un métier d'avenir pour les agences de communication : la défense des causes perdues, comme le soutien aux habitants du XVIe qui ne veulent pas d'un centre d'hébergement pour SDF près de chez eux (1).
En effet, la révolte de 2000 habitants activistes du XVIe (sur un total de 160 000 habitants) contre le projet d'Anne Hidalgo d'installer un centre d'hébergemement dans le Bois de Boulogne constitue un cas d'école de ce qu'il ne faut pas faire.
En effet, et ce alors que le phénomène Not in My Backyard (NIMBY) touche la France entière, comme le reconnait même la très peu droitière France Culture (2), les activistes du XVIe n'oint-ils pas permis à l’exécutif socialiste parisien de se refaire une virginité à peu de frais ?
Envolées, les images d'un exécutif (socialiste) parisien employant les mêmes méthodes expéditives que la droit, 20 ans plus tôt à Saint Bernard.
Oubliées, les nombreuses destructions de camps de Roms demandées par Anne Hidalgo (comme Aubry à Lille ou Ayrault à Nantes).
Effacé, le nettoyage des Berges des SDF pour cause de Paris Plage.
Le méchant, désormais, c'est l'habitant du XVIe.
Et il faut dire qu'au vu des insultes qui ont fusé lors de la réunion publique qui s'est tenue à Dauphine, il y a des preuves pour en attester.
On se demande même comment un vieux routier de la politique politicienne comme Claude Goasguen a pu tomber dans le panneau.
Bien que les dommages soient faits, il reste quelques options (dont certaines libérales) pour les riverains du Bois de Boulogne, comme Max Guazzini, qui ne veulent pas de SDF en bas de chez eux.
Passons ces options en revue
L'appel au bon sens : contre productif
Anne Hildago et son adjoint communiste au logement, Ian Brossat, celui qui est fier de "créer" des HLM surtout s'ils se situent juste au dessus d'un concessionnaire Porsche (véridique), ont un projet : créer un centre d'hébergement pour SDF dans le XVIe, dans le Bois de Boulogne.
Déjà, le projet a changé. Au départ, il s'agissait d'héberger des réfugiés (3) avant de passer au public des SDF, mais passons. L'executif parisien a changé son fusil d'épaule face à ce que certains appelaient déjà un "Sangatte du Bois de Boulogne".
La vraie question est : en dehors du fait (non négligeable) d'avoir un endroit où s'abriter et habiter, est ce que des SDF au RSA ont envie d'habiter entre la Porte de la Muette et la Porte d'Auteuil, loin de tout métro et de commerces aux prix abordables ? Car, oui, 25 ans après le Auteuil Neuilly Passy des Inconnus et leur "pas un arabe du coin ni un Euromarché", force est de constater que le quartier où Hidalgo prévoit d'implanter son centre n'est pas très bien fourni en quoi que ce soit.
La logique voudrait que les SDF, comme les migrants, ne soient pas logés ensemble dans des Algéco, (quelque soit le quartier) mais au contraire, dispersés et fondus dans la population et sur le territoire, de façon à s'intégrer.
Mais face à cet argument, l’exécutif parisien répondra "solidarité obligatoire du XVIe !". Il ne sert donc à rien.
Le combat juridique : perdu d'avance
Face à ce projet, une autre réponse logique serait de s'engager dans le combat juridique. Après tout, le Bois de Boulogne est inconstructible. Mais, pourtant, c'est perdu d'avance.
En effet, à l'occasion d'autres projets qui lui tiennent à coeur comme l'extension du stade de Roland Garros au détriment des Serres d'Auteuil, ou la construction du musée d'art moderne de la fondation Louis Vuitton (oui, tout ça c'est dans le XVIe), la mairie de Paris ne s'est-elle pas assise sur les recours en justice, y compris en foulant aux pieds l'opinion de ses alliés d'Europe Ecologie les Verts ?
Anne Hidalgo, au pouvoir à Paris depuis 2001 puisqu'elle était 1er adjointe de Bertrand Delanoë, a toujours privilégié son alliance avec, curieusement, le très Grand Capital de LVMH ou celui de la Fédération Française de Tennis, contre les intérêts des petits capitalistes du XVIe.
On a donc bien compris que pour le centre d'accueil des SDF comme pour les autres sujets, le droit saura se plier à la raison du plus fort, celle de la Mairie de Paris.
Après tout, n'oubliez pas : quand la Mairie de Paris (comme les autres collectivités) est engagée dans une action en justice, c'est avec l'argent des contribuables qu'elle joue, pas avec celui des élus.
Ca aide à prendre de la hauteur et à laisser le temps au temps.
L'action directe et médiatique type ZAD (zone à défendre) : peu réaliste
Et si les habitants activistes du XVIe se muaient en véritables ZADIstes, comme à Notre Dame des Landes ? Après tout, le projet d'Ayraulport est devenu un véritable bourbier type Vietnam pour le gouvernement (4) ?
Et il existe d'autres foyers de cristallisation dans le XVIe, à savoir le stupide projet d'extension de Roland Garros qui va détruire une partie des Serres d'Auteuil sans constituer une solution de long terme pour le tournoi de tennis de la Porte d'Auteuil, beaucoup plus petit que Flushing Meadow ou Wimbledon.
Seulement, l'idée est peu réaliste. Notre Dame des Landes, Sivens ou même les Serres d'Auteuil bénéficient du soutien d'une partie de la population qui n'est pas directement concernée par ces projets car ils constituent tous, à divers degrés, des aberrations écologiques et financières. Le centre d'hébergement pour SDF dans le XVIe ne correspond pas à un grand projet inutile. Il ne mobilisera donc jamais au delà du N.A.P.
La comparaison avec d'autres arrondissements : pas mobilisatrice
Les habitants du XVIe opposés au centre d'hébergement pour SDF dans le XVIe pourraient alors montrer, à juste titre, qu'à aucun moment il n'a été envisager de construire ce centre dans le bien plus sympathique quartier du jardin du Luxembourg, dans le VIe arr, en plein coeur de la capitale, ou du coté de l'Avenue Gabriel, dans les jardins qui se situent entre le Palais de Elysée et l'avenue des Champs Elysées.
Ce faisant, ils oublieraient juste une chose : les politiciens, de droite comme de gauche, vivent dans ces quartiers. Eux sauront activer leurs relais pour tuer dans l'oeuf tout projet de ce type. Après tout, n'a t-on pas un premier ministre (socialiste) qui a su faire appel à la police pour débarrasser de sa rue les SDF qui incommodaient la vue de sa violoniste d'épouse ?
Il faut, par exemple, s'appeler Edith Cresson, ancienne première ministre (socialiste), pour pouvoir tenir des propos douteux les gens du voyage sans que cela ne déclenche un scandale.
Il faut, par exemple, s'appeler Edith Cresson, ancienne première ministre (socialiste), pour pouvoir tenir des propos douteux les gens du voyage sans que cela ne déclenche un scandale.
La grève de la solidarité : à manier avec précaution
Dans le XVIe, c'est un fait, il y a un peu plus, en moyenne, d'argent qu'à la Courneuve. Et qui dit argent dit deux formes de solidarité : forcée, ou volontaire.
Pour la solidarité forcée, no comment. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Il y a 160 000 habitants dans le XVIe, 2.2 millions de parisiens, 11 millions de franciliens et 66 millions de français.
Les franciliens représentent 17% de la population française mais 43% de l’impôt sur le revenu payé en France. Et les habitants du XVIeme arr paient 20% de l'impôt sur le revenu payé dans Paris pour 7% de la population parisienne.
Autrement dit, les habitants du XVIe sont "naturellement" solidaires.
Mais c'est sans compter la vie associative, ou encore les dons aux associations.
Échapper au fisc, c'est difficile. Même expatriés, même morts, les français sont harcelés par Bercy.
En revanche, décider d'une grève de la solidarité, c'est possible. Seulement, les conséquences d'une grève de la solidarité réelle ne seraient pas les mêmes que celle d'une hypothétique grève de l’impôt. Dans un cas, l'Etat français serait obligé de balancer moins de bombes sur des pays lointains pour cause de guerre contre le terrorisme et le président Hollande aurait à lever le pied sur les voyages avec Air Sarko One, dans l'autre, les bénéficiaires des solidarités seraient directement affectés. Est-ce bien le but ?
Pour la solidarité forcée, no comment. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Il y a 160 000 habitants dans le XVIe, 2.2 millions de parisiens, 11 millions de franciliens et 66 millions de français.
Les franciliens représentent 17% de la population française mais 43% de l’impôt sur le revenu payé en France. Et les habitants du XVIeme arr paient 20% de l'impôt sur le revenu payé dans Paris pour 7% de la population parisienne.
Autrement dit, les habitants du XVIe sont "naturellement" solidaires.
Mais c'est sans compter la vie associative, ou encore les dons aux associations.
Échapper au fisc, c'est difficile. Même expatriés, même morts, les français sont harcelés par Bercy.
En revanche, décider d'une grève de la solidarité, c'est possible. Seulement, les conséquences d'une grève de la solidarité réelle ne seraient pas les mêmes que celle d'une hypothétique grève de l’impôt. Dans un cas, l'Etat français serait obligé de balancer moins de bombes sur des pays lointains pour cause de guerre contre le terrorisme et le président Hollande aurait à lever le pied sur les voyages avec Air Sarko One, dans l'autre, les bénéficiaires des solidarités seraient directement affectés. Est-ce bien le but ?
La sécession avec Paris : difficile à imaginer
Puisque Anne Hidalgo a le pouvoir sur Paris, et que son pouvoir s'impose à celui des maires d'arrondissement, une autre option consisterait à se séparer définitivement de Paris.
Après tout, 160 000 habitants; n'est ce pas bien plus que l'immense majorité des communes françaises ?
En revanche, si on a déjà vu des communes fusionner, on n'a pas encore assisté à des splits de villes. Tout est donc à écrire en la matière.
De plus, n'oublions pas que la ville de Paris n'évolue pas, seule en apesanteur, mais, au contraire, est insérée dans un mille feuille administratif de plus en plus épais. L'intercommunalité du Grand Paris vient de rajouter une énième strate (5) au maquis, avec le soutien des Républicains comme du PS. Dans ce contexte, qui peut imaginer une quelconque sécession ? Anne Hidalgo, Maire de Paris, est aussi 1ère vice-présidente de la Métropole du Grand Paris ...
En revanche, si on a déjà vu des communes fusionner, on n'a pas encore assisté à des splits de villes. Tout est donc à écrire en la matière.
De plus, n'oublions pas que la ville de Paris n'évolue pas, seule en apesanteur, mais, au contraire, est insérée dans un mille feuille administratif de plus en plus épais. L'intercommunalité du Grand Paris vient de rajouter une énième strate (5) au maquis, avec le soutien des Républicains comme du PS. Dans ce contexte, qui peut imaginer une quelconque sécession ? Anne Hidalgo, Maire de Paris, est aussi 1ère vice-présidente de la Métropole du Grand Paris ...
La privatisation du Bois de Boulogne : la vraie solution
En 1852, la propriété du Bois de Boulogne a été cédée par Napoléon III à la ville de Paris, qui voulait l'aménager sur le modèle des parcs londoniens. Entre 1852 et 1929, bien que propriété de la ville de Paris, le Bois de Boulogne est resté administrativement rattaché aux communes de Boulogne-Billancourt et Neuilly-sur-Seine jusque dans les années 1920. Il a été officiellement annexé par la ville de Paris par le décret du 3 avril 1929 pour la partie boulonnaise et par le décret du 18 avril 1929 pour la partie neuilléenne. Le Bois de Boulogne est devenu rattaché au 16e arrondissement.
Actuellement, donc, le Bois de Boulogne est la propriété de la Mairie de Paris, qui en assure l'entretien, la "propreté", les plantations d'arbres et décide des concessions (hippodromes avec France Galop, Roland Garros et la FFT, le Racing Club de France, le Tir aux Pigeons, des restaurants et bâtiments.).
Est ce que cette propriété publique est satisfaisante ? Non, évidemment.
D'abord, chacun sait que la gestion du Bois de Boulogne souffre de la schizophrénie de l'Etat qui, d'un coté, par exemple, lutte contre la prostitution, mais d'un autre coté, en tire profit.
On n'entend guère la Mairie de Paris, officiellement abolitionniste, protester contre ce qui se passe dans le Bois de Boulogne la nuit. L’enchevêtrement des responsabilités entre l’État et la ville, dans ce domaine comme dans d'autre, mérite un sérieux démêlage.
D'autre part, est-il logique que la Mairie de Paris organise l'entre-soi des clubs privés du Bois de Boulogne, et touche sa commission sur leurs business ? Chacun pourra juger de l'hypocrisie qui consiste à dénigrer les riches mais à bénéficier quand même de leurs dépenses.
Pour info, si vous voulez nager à la Croix Catelan, ça coutera un peu plus que dans une piscine municipale classique.
Le fait est que la proximité du Bois de Boulogne est un vrai plus, comme disent les agents immobiliers, sur la valorisation des appartements situés à proximité. (On s'étonne, d'ailleurs, que la Mairie de Paris, pourtant accro à la bulle immobilière, ne soit pas sensible à cet argument. Sans doute le faible niveau de transactions immobilières dans le quartier concerné par le projet de centre d'hébergement dans le XVIe joue en défaveur des opposants ?).
Si le Bois de Boulogne est un plus, ne seraient pas aux riverains à assumer les charges liées à ce plus ? De la sorte, ils seraient en mesure d'influer sur l'usage de l'espace.
A Paris, la propriété privée (collective) des parcs et jardins n'existe pas. A Londres, elle est monnaie courante.
Certains parcs et jardins de la capitale britannique, les locked gardens, ne sont en effet accessible qu'aux riverains qui possèdent une clef.
Pourquoi les parisiens du XVIe, qui disent être attachés à la propriété privée, ne tenteraient pas une telle expérience ? Pourquoi ne pas privatiser le Bois de Boulogne ?
Est ce que cette propriété publique est satisfaisante ? Non, évidemment.
D'abord, chacun sait que la gestion du Bois de Boulogne souffre de la schizophrénie de l'Etat qui, d'un coté, par exemple, lutte contre la prostitution, mais d'un autre coté, en tire profit.
On n'entend guère la Mairie de Paris, officiellement abolitionniste, protester contre ce qui se passe dans le Bois de Boulogne la nuit. L’enchevêtrement des responsabilités entre l’État et la ville, dans ce domaine comme dans d'autre, mérite un sérieux démêlage.
D'autre part, est-il logique que la Mairie de Paris organise l'entre-soi des clubs privés du Bois de Boulogne, et touche sa commission sur leurs business ? Chacun pourra juger de l'hypocrisie qui consiste à dénigrer les riches mais à bénéficier quand même de leurs dépenses.
Pour info, si vous voulez nager à la Croix Catelan, ça coutera un peu plus que dans une piscine municipale classique.
Le fait est que la proximité du Bois de Boulogne est un vrai plus, comme disent les agents immobiliers, sur la valorisation des appartements situés à proximité. (On s'étonne, d'ailleurs, que la Mairie de Paris, pourtant accro à la bulle immobilière, ne soit pas sensible à cet argument. Sans doute le faible niveau de transactions immobilières dans le quartier concerné par le projet de centre d'hébergement dans le XVIe joue en défaveur des opposants ?).
Si le Bois de Boulogne est un plus, ne seraient pas aux riverains à assumer les charges liées à ce plus ? De la sorte, ils seraient en mesure d'influer sur l'usage de l'espace.
A Paris, la propriété privée (collective) des parcs et jardins n'existe pas. A Londres, elle est monnaie courante.
Certains parcs et jardins de la capitale britannique, les locked gardens, ne sont en effet accessible qu'aux riverains qui possèdent une clef.
Pourquoi les parisiens du XVIe, qui disent être attachés à la propriété privée, ne tenteraient pas une telle expérience ? Pourquoi ne pas privatiser le Bois de Boulogne ?
Certes, le Bois de Boulogne et ses 846 hectares (8,4 millions de mètres carrés) sont un gros morceau, et à 500 euros le mètre carré, c'est 4,2 milliards d'euros qu'il faudrait débourser, ou 26 000 euros par habitant du XVIe.
Cette somme, il faut la relativiser. 26 000 euros, c'est juste un peu plus de 3m² de logement habitable. Et avec un peu de chance, racheter le Bois de Boulogne permettra de défiscaliser (L'intérêt d'investir dans la forêt ne réside t-il pas, outre l'amour du bois et du vert, dans l'existence d'une exonération successorale et d'ISF ?)
Alors, habitants du XVIe ? Et si vous vous montriez proactifs ? Anne Hidalgo, elle, a décidé qu'elle fera son centre d'hébergement de SDF.
Cette somme, il faut la relativiser. 26 000 euros, c'est juste un peu plus de 3m² de logement habitable. Et avec un peu de chance, racheter le Bois de Boulogne permettra de défiscaliser (L'intérêt d'investir dans la forêt ne réside t-il pas, outre l'amour du bois et du vert, dans l'existence d'une exonération successorale et d'ISF ?)
Alors, habitants du XVIe ? Et si vous vous montriez proactifs ? Anne Hidalgo, elle, a décidé qu'elle fera son centre d'hébergement de SDF.
On voit déjà le prochain reportage de Zone Interdite, de Bernard de la Villardière : "le Bois de Boulogne dans le XVIe : sa drogue, ses prostituées, ses SDF, ses milliardaires".
(1) Le Parisien Libéral SDF et migrants : les habitants du XVIeme face aux clichés journalistiques 14 mars 2016
(2) France Culture Le XVIème arrondissement de Paris, une France en plus petit 16 mars 2016
(3) Le Parisien Un centre pour réfugiés en projet au bois de Boulogner 14 octobre 2015
(4) Contrepoints Notre Dame des Landes, Vietnam de Hollande
(5) Des idées pour demain Métropole du Grand Paris : une énième strate pour le mille-feuille francilien ? 29 janvier 2016
(5) Des idées pour demain Métropole du Grand Paris : une énième strate pour le mille-feuille francilien ? 29 janvier 2016
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