L'enfer législatif est pavé de bonnes intentions. Vous le saviez déjà. Mais avez vous vu la dernière idée des sénateurs ? Le Sénat a reconnu ce jeudi que la pauvreté pouvait être un critère de discrimination, en adoptant un projet de loi d'un sénateur socialiste. (1)
Cela fait des années qu'ATD Quart Monde dénonce l'existence de cas dans lesquels les pauvres (2). Les cas les plus connus, ce sont ces affaires où des médecins refusent de soigner des gens qui sont couvert par le dispositif CMU.
ATD Quart Monde nous apprend également ce qu'on savait intuitivement, à savoir le fait que dans des testings de CV, quelqu'un qui a, dans son parcours, été dans une structure d'insertion sociale par le travail, est discriminé. Autrement dit, les emplois jeunes enferment leurs bénéficiaires mais ne leur permettent surement pas de s'insérer.
Alors, face aux refus de soin ou face aux discriminations diverses et variées, fallait-il légiférer ?
Le législateur propose de punir de peine de prison et d'amendes les auteurs de telles discriminations. L'intention, lutter contre les discriminations, est louable, mais dans un pays qui comprend entre 5 et 8 millions de pauvres selon l'INSEE, soit autant de victimes potentielles, qui peut croire que l'on va pouvoir lutter contre cela ?
Va t-on mettre en prison les sans doute milliers de médecins qui discriminent ? Forcer les employeurs à embaucher, surtout s'ils ont le choix des candidats ?
Evidemment, c'est trop compliqué pour des socialistes (de gauche comme de droite) de reconnaître quelques vérités simples : d'une part, les dispositifs publics censés aider les gens tombent souvent à coté de leur objectif, de manière intrinsèque, car l'intervention publique introduit toujours de la complexité (papiers à remplir, critères à respecter, administrations à contacter ...). Or, tout le monde n'est pas adepte du "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?"
D'autre part, les dispositifs d'aide sont effectivement des marqueurs sociaux (pensez aux tickets de rationnement que l'UMP proposait en 2010) et c'est exactement pour cela que, quand ils ont encore le choix, les pauvres n'en veulent pas (3). Et oui, eux aussi ont leur dignité.
La meilleure lutte contre la discrimination, c'est une politique pro business, qui permettra de revenir à de meilleurs niveaux d'emploi. Quand les employeurs auront épuisé le stock de candidats 100% désirables (la bonne adresse, la bonne apparence, le bon sexe), alors ils se tourneront vers les autres. Quand à la lutte publique anti pauvreté, elle est inutile tant que les politiciens n'auront pas compris qu'il faudrait passer d'une logique centralisée de stock à une logique décentralisée de flux. Evidemment, cela présuppose un certain nombre d'actions (4) que des étatistes ne sont pas près de mettre en oeuvre ...
(1) RMC BFM La pauvreté doit-elle être considérée comme un critère de discrimination ? 18 juin 2015
(2) Le Figaro La discrimination envers les pauvres débattue au Sénat 18 juin 2015
(3) Le Parisien Libéral Tickets de rationnement pour les pauvres : stop ! 16 août 2010
(4) Contrepoints « Mort aux pauvres ! » 4 mars 2015
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