Jusqu'à présent, il était admis que, malgré toutes les imperfections de la pratique politique, la France était une démocratie (représentative) appliquant le principe de séparation des pouvoirs :
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- le peuple élit des représentants, un corps législatif qui fait la Loi, à commencer par la plus importante, la loi de finance
- le gouvernement exécute, c'est à dire dispose de l'administration pour mettre en oeuvre les politiques voulues par les représentants du peuple
- les juges s'occupent de faire en sorte que les lois soient respectées.
Mais ça, c'était avant.
Hier, le 30 juin 2014, l'Assemblée Nationale discutait d'amendement sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Le sujet est d'importance, surtout au moment où les patrons font savoir leur impatience (1) et où tous les indicateurs sont au rouge écarlate (2000 milliards de dette, 5 millions de chômeurs (2), croissance atone ...).
Or, le gouvernement et les députés ne sont manifestement pas d'accord. A tort ou à raison, notamment 41 députés socialistes ne veulent pas de la politique que le gouvernement voudrait mettre en oeuvre, à savoir baisser la pression fiscale sur les entreprises. Au moment de passer au vote, le gouvernement a suspendu la procédure (3), pour ne pas avoir à se battre amendement par amendement. C'est une initiative "étonnante" (4) (euphémisme ...) que seul le bruit généré par la coupe du Monde de football a pu couvrir ... !
Tout l'Élysée est rassemblé autour du président @fhollande pour soutenir les Bleus #FRANIG #CM2014 pic.twitter.com/qQsT191dGN
— Élysée (@Elysee) 30 Juin 2014
Bien sûr, qu'on ne peut que regretter le fait que les 41 députés socialistes frondeurs pensent ce qu'ils pensent. Mais, attention, au moment où, rappelons le, la France a des forces armées un peu partout en Afrique pour se battre "pour la démocratie", est-il acceptable que, ici, chez nous en France, notre gouvernement se moque bien d'un principe aussi fondamental en démocratie que la séparation des pouvoirs ?
Les chefs du parti socialiste, Jean-Marie le Guen (celui qui sous évalue son patrimoine de 700 000 euros) ou Bruno Leroux, en vrais chefs de gang, menacent les élus frondeurs en leur disant :
- quand on est dans une majorité, on vote ce que le gouvernement dit de voter
- il n'y a pas de députés de droit divin, vous avez été élus grâce à Hollande et à votre étiquette PS
- le risque, c'est la dissolution, et vous ne serez pas réélu.
Au delà de leurs menaces, le Guen et Leroux soulèvent de vraies questions, celles du quinquennat ou de la nature du mandat des élus, impératif ou non. Si on poursuit la logique de Le Guen et Leroux, alors pourquoi ne pas ressortir une promesse de Hollande, la proportionnelle, assortie de scrutins de listes nationales, plutôt que l'actuel système de scrutin uninominal majoritaire ? Comme ça, le nom du député importera peu, et chaque élu sera attaché à une seule circonscription, la France ?
Même si les 41 frondeurs contribuent à ne pas aller dans la bonne direction (pour ne pas dire :à couler la France !), ils ont raison de rappeler qu'ils ne sont pas aux ordres de l'Elysée et de Matignon !
De plus, nul ne peut prédire avec certitude le résultat d'une dissolution. Si Hollande démissionnait, c'est clair, il ne serait pas réélu, c'est évident. Mais quelle majorité se dégagerait d'une élection législative ? Mystère. L'état de décomposition de l'UMP (5) et la désorganisation de l'UDI ne garantissent nullement que l'actuelle opposition gagne des sièges, quand au FN, le système à deux tours fait que même si l'extrême droite est peut être la première opinion politique en France, elle a du mal à attirer 50% d'électeurs. Autrement dit, une dissolution pourrait amener à un statu quo, voire à une gauchisation accrue de l'Assemblée Nationale. Et si c'était les 41 frondeurs qui avaient raison (sur la forme, et non pas sur le fond) ?
En tout cas, ce qui est certain, c'est que le socialiste Manuel Valls affiche ses priorités : c'est la république avant la démocratie. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas (6) !
(1) L'Opinion Le ras-le-bol des entreprises contre l'Etat 29 juin 2014
(2) Contrepoints Seuil de 5 millions de chômeurs franchi en France 27 juin 2014
(3) Le Monde A la surprise générale, les votes sur le budget de la Sécu sont reportés 1er juillet 2014
(4) Atlantico Budget de la Sécu : le gouvernement reporte le vote, polémique à l'Assemblée nationale 1er juillet 2014
(5) Authueil L'étrange écroulement 24 juin 2014
(6) Le Parisien Libéral Démocratie en France : on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas 7 février 2014
Moi je dis: vous êtes mal barrés dans tous les cas! (Et nous -les belges- aussi!) ;-)
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