Maurice Leroy, UDI |
Oui, il faut alléger le mille-feuille. Oui, il faut réformer l'organisation territoriale de la France. Oui, il faut diminuer le nombre de régions. Il faut même aller plus loin et oser, comme je le propose depuis longtemps, supprimer les départements. Mais est-ce trop demander que cela se fasse avec intelligence et non, comme cela nous est proposé, dans une précipitation clientéliste qui risque de ne conduire qu'au chaos ?
Malheureusement, c'est ce scénario catastrophe qui semble commencer à s'écrire. Déconsidéré, isolé, affaibli, le Président de la République n'a rien trouvé de mieux à faire que de bricoler, sur le coin de table d'un entre-soi crépusculaire, une architecture impossible. Il renonce aux principales ambitions, repousse la vraie réforme à 2020 et dessine en catimini une carte des Régions guidée seulement par le poids de certains élus.
Ainsi, sauf peut-être dans un petit manuel de l'histoire et de la géographie pour les Nuls, personne n'aurait pu imaginer prétendre fusionner la région Centre avec le Limousin et le Poitou Charente. Cette carte griffonnée à la va-vite dans le clair obscur de l'Elysée provoque dans notre région un rejet massif, jusqu'au sénateur socialiste du Loiret Jean-Pierre Sueur, pour lequel cet assemblage sans queue ni tête constituerait "une région fourre-tout, sans visibilité...". C'est le moins que l'on puisse dire ! D'Orléans à Brive La Gaillarde, il n'y a en effet guère, à l'échelle de notre pays, plus de logique et d'unité que de Dunkerque à Tamanrasset ou de l'Atlantique à l'Oural. Le charcutage proposé défie la géographie, l'histoire, l'identité culturelle. Bref, la raison. Le premier ministre lui-même a laissé ouverte la porte à de possibles adaptations, à la condition qu'elles ne fassent pas augmenter le nombre des régions voire le diminue.
Chiche ! Plutôt que se résigner et ratiociner à l'infini sur l'absurde des élucubrations élyséennes, je préfère prendre au mot le chef du gouvernement et proposer la suppression pure et simple de la région Centre actuelle, avec le rattachement de l'Indre-et-Loire et du Loir-et-Cher aux Pays de la Loire, celui du Loiret et de l'Eure-et-Loir à l'Ile de France et le Cher et l'Indre à l'Auvergne ou au Limousin.
Pour dire le vrai, le sacrifice n'est pas bien grand : le Centre a toujours été la seule région française sans histoire, ni fondement identitaire, ni logique, née seulement de l'agrégat fortuit de "restes" dont personne ne voulait ! L'opportunité est donc à saisir de rattacher les six départements qui constituent la région Centre à leurs vrais territoires naturels. Pour le Loiret et l'Eure et Loir, c'est évidemment le bassin parisien et d'ailleurs de nombreuses voix dans ces deux départements ont déjà fait savoir que, dans ce contexte, ils souhaitaient se tourner vers l'Ile de France. Quant à l'espace naturel de l'Indre et Loire et du Loir-et-Cher, c'est sans l'ombre d'un doute les Pays de la Loire et les élus socialistes du Loir et Cher et d'Indre-et-Loire se sont d'ailleurs déjà prononcés pour ce rattachement. N'importe où ailleurs que dans les salons de la présidence de la République, il est évident que notre axe fluvial reconnu par l'UNESCO, le Val de Loire, commence à Chambord. Toutes les logiques, tous les éléments objectifs et concrets convergent pour rapprocher nos deux départements des Pays de la Loire : la nature, l'histoire, la culture littéraire, la gastronomie, le tourisme, les infrastructures de communications (autoroute A10 et TGV Atlantique), l'axe de développement qu'a toujours été la Loire...
Au-delà des clivages politiques, on l'a vu, des voix se sont élevées en ce sens parmi les élus de nos régions. Il serait temps, pour une fois, que les apprentis sorciers du charcutage les entendent, nous entendent.
Source :Huffington Post
Source :Huffington Post
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