Vous savez que les hommes politiques de gauche comme de droite font semblant d'afficher leur désarroi devant la crise économique, en disant que les économistes ne les avaient pas prévenu.
C'est en partie faux. Les hommes politiques de gauche comme de droite n'écoutent qu'une partie du spectre des économistes, et ils n'ont jamais entendu parler de l'Ecole Autrichienne.
Avez-vous vu ou lu que Pascal Salin, Georges Lane, Henri Lepage, Jean-Louis Caccomo ou Jacques Garello allaient conseiller le gouvernement ? Non. On ne les a pas appelé, pourtant ils sont facile à joindre : fac d'Aix ou Dauphine et ils ont des choses à dire différentes de ce que Mathieu Pigasse, Marc Touati, Patrick Artus, Jean-Paul Fitoussi ou encore les "économistes atterés" racontent. Le problème est que leur message ne risque pas de plaire aux gouvernements, puisqu'en gros ils disent que la crise fait partie du cycle économique mais que l'intervention gouvernementale a plutôt tendance à aggraver le cycle qu'à l'assainir.
C'est quand même comique qu'on accuse de tous les maux la science économique dans son ensemble alors qu'une école est complètement ignorée. Un peu comme si on accusait d'incompétence généralisée la médecine, une science pluri millénaire, incapable de dire pourquoi nous vivons ou comment nous pouvons ralentir le vieillissement cellulaire. Passons.
Toujours est-il que pendant que les politiciens blablatent, quelques économistes, pas forcément idéologiquement identifiés d'ailleurs, travaillent. Par exemple, le Policy Exchange, un think tank conservateur britannique, réfléchit à un problème bien concret de la zone Euro : la possibilité d'en sortir. Ils viennent de décerner le Wolfson Economic Prize, après avoir réfléchi au cas suivant : The Wolfson Economics Prize, which challenges the world’s brightest economists to prepare a contingency plan for a break-up of the Eurozone, today unveiled a shortlist of five finalists. The shortlisted entries, though all very different from each other, provide valuable ideas about how best to manage a member state leaving the euro
Il est donc techniquement possible d'imaginer qu'on puisse sortir de l'euro.
En France aussi, on peut entendre un son différent, comme le discours de Charles Gave, qui ne fait que tirer des conclusions logiques de faits économiques (voir son blog la faillite de l'Etat , et son site l'Institut des Libertés. Certes, Charles Gave a raison : puisque les nations européennes sont sur des modèles économiques différents, alors l'euro n'est pas une zone monétaire optimale, donc il ne peut pas survivre. Mais il oublie deux choses :
- la France, elle même, n'est pas une zone monétaire optimale. Quand la Lorraine exportait du charbon, le Languedoc importait du pétrole. Il n'y a pas de taux de change du franc français qui puisse satisfaire deux intérêts aussi opposés.
- l'Euro est explicitement une construction politique, qui aurait dûe être accompagnée de deux choses : le processus de Lisbonne (construire une économie de la conaissance, partout en Europe, pour converger micro économiquement vers le haut, et non pas juste une Europe du BTP espagnol ou de l'auto low cost tchèque, et le respect des critères de Maastricht, pour converger macro économiquement). Ni l'un ni l'autre n'a été fait, y compris en France et non pas juste en Grèce.
Si on veut construire un Etat fédéral Européen, alors, tout comme le dollar est un compromis entre l'économie californienne et l'économie du Vermont, l'euro a sa place dans le dispositif. Ceci dit, cessons de dire que les économistes, libéraux notamment, n'ont pas vu venir la crise. On a juste pas voulu écouter les porteurs de mauvaise nouvelle, et apparemment ca n'est pas fini.
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