La première secrétaire du Parti Socialiste (mais aussi maire de Lille, présidente du Conseil de Lille Métropole Communauté urbaine et candidate aux primaires socialistes, le tout en 35 heures) est extraordinaire. Dans son édito publié par le Monde, "Contre la dette, pour l'emploi : ma "règle d'or"", il est fait usage des mêmes ficelles, du même mix de vérités et de propos contestables que ceux que la gauche reproche en permanence, et à raison, à l'actuelle majorité.
La droite, dont on sait, grace à Eric Besson, qu'il s'agit en fait d'une gauche déguisée,
a fait progresser la dette publique au delà des limites, et bien plus que la gauche. C'est vrai. Mais qui a legué aux finances publiques françaises les dégrévements de charge lié au passage aux 35 heures ? Qui n'a pas su équiilibrer le budget en période de forte croissance, pendant la bulle Internet ? Mais tout ceci, c'est du passé. Voyons plutôt la situation actuelle. La première secrétaire du Parti Socialiste écrit sans sourciller :"Même en retranchant les 100 ou 150 milliards d'euros de dette liée à la crise financière de l'automne 2008 ...". C'est une plaisanterie. Le Parti Socialiste était le premier à reprocher au gouvernement actuel de ne pas assez charger la barque en terme de plan de relance, rappelez-vous ! Au pouvoir entre 2007 et 2012, les socialistes de gauche (en opposition à leurs amis, confrères et concurrents les socialistes de droite, alias l'UMP) auraient faire pire peut-être, pareil surement.
M.Aubry : le plan de relance des socialistes par PartiSocialiste
Dans le détail des mesures proposées dans Contre la dette, pour l'emploi : ma "règle d'or", apparemment il n'y a pas eu de souci de cohérence ? Sinon comment expliquer la création d'une nouvelle niche fiscale (abaisser à 20 % l'impôt sur les sociétés des entreprises qui réinvestissent leurs bénéfices) avec la volonté de réduire ces mêmes niches fiscales ? Sans compter le fait que les créateurs de PME peuvent chercher à se rémunérer en dividendes.
La première secrétaire du Parti Socialiste propose ensuite une "action continue en matière d'innovation et par une nouvelle ambition industrielle" par les mesures suivantes
- hausse de l'effort de recherche publique et privée
- transition énergétique du pays ;
- création d'une Banque publique d'investissement sous forme de fonds régionaux qui soutiendra filières d'avenir, industries stratégiques et PME ;
- défense de la création d'un gouvernement économique européen, d'une politique commerciale imposant la réciprocité des règles et des sauvegardes et ainsi que d'une régulation ferme du système financier
S'il s'agissait d'un vague candidat aux chances quasi nulles d'arriver au pouvoir, d'un autiste qui ne serait pas au courant de l'actualité de son pays, on pourrait sourire. Mais comme on parle ici d'une personne qui a de très sérieuses chances de devenir Présidente de la République en 2012, ne serait-ce que par défaut, vu l'état de rejet du pouvoir actuel, on ne peut qu'être inquiet. Le Parti Socialiste ignore t-il que la France n'a pas vraiment de problème de fonds alloués à la R&D mais plutôt d'incitations pour les chercheurs à créer leur entreprise ?
voir le post "Collision" du 27 Mai 2010 à ce sujet. Et la première secrétaire du Parti Socialiste ignore t-elle que ses collègues à l'Assemblée Nationale passent leur temps à remettre en cause le crédit impot recherche ? Comment vont ils dans ce cas inciter les entreprises à investir et innover ? En postant un commissaire du peuple dans le bureau de chaque comptables des 2 millions d'entreprises du pays ?
Le reste, le gouvernement actuel l'a déjà testé aussi : la banque publique d'investissement (Fonds Stratégique d'Investissement au niveau public, et avantage fiscal donné au FIP au niveau privé), la transition énergétique (voir la polémique sur les éoliennes comme en Baie de Somme, ou à Saint Aubin sur Mer), etc ...
Le gouvernement actuel n'est pas plus bête (mais pas plus intelligent non plus) que ses amis/collegues/confrères/concurrents socialistes. Ils aimeraient bien, très probablement, une France avec un taux de chomage bas et un taux de croissance elevé. Et pour ca ils utilisent exactement les mêmes outils que ceux que le Parti Socialiste promettent d'utiliser : plus de lois, plus de dépense publique, des visites de terrain dans les usines (car l'économie, la vraie, pas la virtuelle ce sont des tonnes d'acier ou de ciments produites !), la pression sur les financiers, des bouc émissaires bien faciles et cette combinaison d'utilisation des injonctions de Bruxelles quand ca les arrangent et de rejets de celles ci à d'autres moments. Cette stratégie, ne pas dévier de l'ultra étatisme et de l'interventionnisme, tous s'y rallient peu ou prou. Borloo promet une nouvelle taxe sur la finance, Morin parle de nécessaires hausses d'impots, l'UMP les mettent déjà en place (plus de 20 nouveaux prélévements crées depuis 2007) quand à la gauche, pas de surprise, on ne déroge pas à cet état d'esprit.
La règle d'or que propose le gouvernement est une blague. Le traité de Maastricht, qui était déjà une règle d'or, a été bafoué dès septembre 2004 en France. Pour proposer une règle d'or, il aurait fallu que l'UMP nous dise très concrètement quelles dépenses publiques il allait supprimer : trois fois moins de policiers dans Paris pour arriver au même nombre par habitant qu'à Berlin ? La fin de la guerre d'Afghanistan lancée par Chirac et Jospin ? L'arrêt de la guerre contre la drogue, un échec total ? La privatisation de la SNCF ? La sortie du giron français de Mayotte ? La hausse du nombre d'élèves par classe pour pouvoir avoir moins de! profs ? La privatisation de l'enseignement supérieur ? La privatisation du parc HLM ? Rien de tout cela n'a été proposé, et ne semble être au programme d'aucun candidat en 2012.
la règle d'or, c'est : quelque soit le candidat, toujours plus d'Etat.
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