Ne nous laissons pas abuser par les quelques bonnes nouvelles sur le front économique, comme le retour à une croissance légèrement meilleure que prévue en France au Q1 2011. Ne nous trompons pas non plus quand à la pertinence de la soit-disante règle d'or adoptée par les députés.
Certes, au premier trimestre 2011, la croissance du PIB s'est portée à +1% contre 0,3% sur les trois mois précédents (nb : en ce qui concerne l'Allemagne, c'était +1.5% sur la même période). Et le gouvernment mettra aussi, sans doute, en avant la volonté de maitriser les déficits publics, par l'affirmation de la volonté de constitutionnaliser l'équilibre des finances publiques. Au passage, il était temps. Le dernier budget public voté en équilibre date de 1980.
Toutefois, ni le vote de finances publiques équilibrées, pour peu que ce soit possible, ni 1% de croissance ne seront suffisants pour nous permettre d'atteindre la trajectoire de croissance économique forte que certains optimistes comme Alain Madelin pensent possibles pour la France.
Les raisons sont multiples.
La première est que 1%, c'est peu, en termes relatifs. Certes, la plupart de nos partenaires Européens, à commencer par le Royaume Uni, font pire. Mais le reste de la planète avance 4 ou 5 fois plus vite, du Mexique à la Corée du Sud, en passant par l'Indonésie ou le Nigeria. Ces pays partent de plus bas en terme de revenu par tête, donc ils restent loin derrière en termes absolus, mais l'idée est que nous n'avançons pas vite.
La deuxième idée est que même si nous parvenions à voter des budgets en équilibre, il resterait la dette. Pour la réduire, il faut en réalité voter des budgets en excedent. Or, les impots sont déjà élevés. C'est donc des coupes franches dans les dépenses publiques qui sont nécessaires. Bien plus que les électeurs, la plupart des hommes politiques ne sont pas près à cela, car ils s'adressent à diverses clientèles qui ne comprendraient pas que l'on réduise la part du budget public qui les concernent. De plus, contrairement à la vocation première d'un parlement, les députés n'ont que très peu de levier sur le budget, qui décidé dans ses grandes lignes à Bercy, et est à 80% reconduit d'une année sur l'autre. Pour le moment, on ne voit pas quelles dépenses vont être fortement réduites.
C'est tout le paradoxe. La France est un pays riche en valeur absolu, et encore plus en valeur relative. Le revenu par habitant y est elevé. Simplement, nous vivons doublement au dessus de nos moyens. Sur le plan privé, nous avons jusqu'à présent profité de l'importations de biens et matières premières agricoles ou minières venues d'ailleurs, et sur le plan public, l'Etat emprunte pour financer des dépenses courantes, ce qui n'est pas tenable à moyen terme. C'est donc au moment à la fois le prix des matières premières doit monter et que les dépenses publiques ne peuvent pas baisser que nous devons réduire notre dépendance à l'argent public et aux bénéfices dérivés de la mondialisation. Comment ca va se traduire pour chacun d'entre nous ? C'est simple, il va falloir accepter plus d'inégalités, à moins que nous adoptions une voie d'austérité uniformisée. Le pouvoir d'achat de l'Euro reste ce qu'il est, elevé, mais en cas de renchérissement du coût de la dette, tout va devenir plus cher : l'argent que l'Etat emprunte pour boucler ses fins de mois, le crédit immobilier, etc. Dans un scénario catastrophe mais pas totalement fictif, c'est la version "Le jour où la France a fait faillite" (du titre de l'essai de Philippe Ries et Phillipe Jaffré) qui nous attend. L'exemple argentin de 2001 donne une idée très précise de ce qui se passe dans ce cas la. Est ce que la baisse de la dépense publique, préalable à la diminution de la dette, est tant un problème que cela ? Non, car l'argent public, contrairement à ce que laisse penser la thèse de la bienveillance neutralité de l'Etat, n'aide pas le citoyen. Il s'agit de sommes prelevées au profit de missions parfois mal effectuées (sécurité, éducation et enseignement, transports publics) et parfois liberticides (défense, police, justice, poste et télécoms etc).
Il existe donc trois pistes de sortie de crise de la dette. La première est la voie empruntée par les Etats -Unis, qui eux aussi sont confrontés à une crise de la dette publique : acceptation de la dévalorisation constatée du dollar (ce qui en plus peut avoir un effet positif sur leurs exportations) + recherche de nouvelles sources d'énergie comme le gaz de schiste domestique ou le pétrole irakien + acceptation des chocs assymétriques touchant quelques parties du territoire par accompagnement de l'Etat fédéral (comme au Tennessee ou dans l'Etat du Mississipi, où 20% des gens dépendent des aides publiques pour manger.
La deuxième voie est la piste empruntée par l'Union Soviétique à plusieurs reprises, qui consiste à faire défaut, tout simplement. De l'emprunt russe qui a touché tant de familles françaises aux GKO bonds de 1998 qui ont surtout frappé les spéculateurs comme Edouard Stern, c'est toujours la même histoire d'un pays qui ne respecte pas sa parole et qui se restructure dans la violence interne et externe.
La troisième piste c'est celle que tente de suivre l'Union Européenne, qui consiste à se fixer des règles et à les respecter (traité de Maastricht, par exemple), à créer un marché commun pour que les chocs assymétriques soient atténués par la possibilité de faire circuler les hommes, les marchandises, les capitaux, les idées et à rechercher un nouveau chemin de croissance fondé sur l'économie de la connaissance.
Quelle piste emprunteront nous ?
pour terminer sur les differentes pistes de la sortie de la dette voici une conference tres explicite...
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