Pour l'ensemble de nos concitoyens, la cause est entendue : un peu de protectionnisme ne ferait pas de mal. Après tout,cela ne fait il pas 20 ou 30 ans que nous subirions la concurrence "déloyale" de pays à bas couts ? Les pays émergents d'Asie ou d'Europe de l'Est ne prendraient ils pas nos emplois et nos entreprises ?
En fait,ce raisonnement introduit un biais. Il suppose que la France, et les entreprises situées en France, c'est la même chose. C'est évidemment inexact. Un entrepreneur choisit de créer ou de reprendre une entreprise à Massy Palaiseau, à Romorantin ou à Perpignan, mais les capitaux, eux, sont sur un compte en banque dont la localisation géographique n'est qu'une convention.
De plus, ce raisonnement oublie le role des importations. Quand un français achète une voiture assemblée à Wolfsburg (Allemagne) ou à Pitesti (Roumanie) plutot qu'à Flins ou à Sochaux, il achète aussi un modèle social. Nous n'achetons pas de voiture tous les jours ? Certes. Mais si un ménage achète une voiture coutant 15.000 euros tous les 5 ans, cela a autant de poids que de dépenser 250 euros par mois pour se nourrir.
Alors, y a t-il des solutions pour tirer parti de la mondialisation plutot que de la subir, notamment au niveau du chomage ?
Déjà, ce qu'il faut savoir, c'est que le taux de chomage ne dépend pas du niveau d'ouverture d'un pays. Les nations les plus ouvertes et les plus commercantes, fortement insérées dans le commerce international et à forte proportion d'étrangers dans leur population, ont des taux de chomage inférieur au notre. On peut citer la Suisse ou les Pays Bas dans ce cas. Certes, nos emplettes sont nos emplois, comme disait Jean Arthuis il y a déjà 15 ans, mais les emplois dépendent avant tout de la capacité qu'on les employeurs à créer et à détruire des jobs rapidement et sans contrainte. En France, on a fait un choix qui n'a rien à voir avec la mondialisation, celui de protéger très bien ceux qui sont au coeur du marché du travail, les personnes qualifiées, employées en CDI de grandes entreprises publiques ou privées.
Ensuite, toujours en France, on refuse de voir le monde tel qu'il est depuis la chute du Mur de Berlin. Certes, les nations existent. Mais l'ouverture amène à ce que, progressivement, les chances des gens, partout dans le monde, dépendent progressivement un peu moins de leur nation et un peu plus d'eux mêmes. Chacun aspire aux mêmes choses, un toit et à manger, et ensuite une voiture et des vacances, que l'on vive au Brésil, au Nigéria ou au Laos. Les modes de vie des gens commencent à converger. Pour certains, la convergence est déjà réalisée : les milliardaires ont un mode de vie similaire à Pékin ou à Dusseldorf, car il existe des biens au prix mondial, comme les Ferrari ou les sacs Vuitton.
Est ce que ca veut dire que la classe moyenne française devra vivre comme des Chinois ? répondons à cette question par une autre question : y a t-il, fondamentalement, une raison pour que, face à une productivité identique, un ouvrier Chinois soit moins payé que son homologue Européen, ou qu'un trader russe soit moins payé que son homologue de Wall Street ?.
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