lundi 14 mars 2016

SDF et migrants : les habitants du XVIeme face aux clichés journalistiques

Il y a vraiment certaines réunions d'information et de "concertation" auxquels les habitants feraient mieux de s'abstenir de participer.

Prenez par exemple celle qui se tient ce lundi 14 mars à Dauphine, et qui est consacrée au projet d'Anne Hidalgo et Ian Brossat de créer un centre d'hébergement d'urgence.





Ca fait plusieurs mois que ça gronde du coté de la porte de la Muette.



Ce soir, un journaliste de 20 Minutes, dont le métier est de se promener aux heures où la majorité des gens sont dans leur bureau ou dans les transports en commun, découvre deux choses : que la population du XVIe est en moyenne sensiblement plus âgée que celle de Paris en général, et que seuls les retraités ont le temps d'aller à une réunion publique organisée à 19h.


Les habitants et riverains sont contre la construction, et ils le font savoir.



Finalement, suite aux sifflets et au chahut, Laurent Batsch, le président de l'université Paris Dauphine qui hébergeait la réunion, a annoncé la suspension de la réunion.




Est-ce la première fois que des riverains s'opposent à un projet quelconque ? Bien sur que non. Le phénomène "not in my backyard" est généralisé, de Notre-Dame-des-Landes (contre l'aéroport) à Marseille (camp rom incendié par des riverains) en passant par Wissous (camp rom dénoncé par des riverains), la rue Lariboisière dans le Xeme (les riverains opposés à la salle de shoot) ou par le stade Championnet dans le XVIIIeme. 

Seulement, pour un journaliste de Libé, le droit d'opposition n'est pas accessible aux habitants du XVIe, qui se voient qualifiés de sauvageons.


Pour un journaliste du Monde, c'est pareil.



Les habitants du XVIeme sont des "riches" et des "minables".
Qu'aurait-il dit des habitants du Marais, ou de ceux du quartier Latin, la où le prix du mètre carré est de 20 à 50% plus élevé que dans le XVIeme ?

Non, le XVIeme n'est pas le quartier des riches, cf le prix du mètre carré


De toutes façons, le "débat" est plié d'avance : Anthony Leroi, "communiste. Chef de cabinet à l'Hôtel de Ville de @Paris" a son point de vue :


Quand au maire (PS) du XVIIIeme arrondissement de Paris, c'est encore plus drôle : il confond le point de vue du conseil d'arrondissement et l'opinion des riverains. Eric Lejoindre a t-il, par exemple, demandé l'avis des habitants du XVIIIeme, ce soir ?


Maintenant, puisque l'objectif est quand même d'offrir une solution aux SDF, voyons un peu le fond du projet : face à la présence de 28 000 SDF à Paris et petite couronne, et face à l'arrivée de  quelques milliers de migrants en France en 2015,  Anne Hidalgo et Ian Brossat proposent de construire 200 places d'hébergement dans un quartier parisien sans métros ni commerces, sur une zone verte donc théoriquement non constructible. 
Question : est-ce que ce projet ressemble à du bon sens, ou correspond-il à la volonté de punir le quartier le plus socialophobe de Paris ? Si Anne Hidalgo et Ian Brossat sont parvenus à contourner, une fois de plus, comme pour la Fondation Louis Vuitton, la réglementation de l'urbanisme du Bois de Boulogne, comment se fait-il qu'ils ne soient pas parvenus à mettre ce centre d'hébergement dans le Jardin du Luxembourg, beaucoup plus central et desservi par la ligne 4 du métro et la ligne B du RER ?

Deuxième question : pourquoi rassembler SDF et migrants ? Bien que les deux publics souffrent de mal logement, en quoi leurs situations sont-elles comparables ? Pourquoi les mettre sur le même lieu ? 
Autant les migrants sont dans une démarche individuelle de mobilité, d'ailleurs, souvent, pour ne pas rester en France, autant, les SDF, eux, relèvent souvent d'une autre démarche. Leurs problèmes ne sont pas du tout comparables.
Si Anne Hidalgo et Ian Brossat veulent vraiment aider les SDF parisiens, alors ils pourraient adopter une mesure très simple : demander aux CCAS qui fournissent des services de domiciliation de cesser de demander une preuve de rattachement au territoire parisiens aux SDF qui viennent s'inscrire. Oui, vous avez bien lu. Si vous êtes SDF et que vous voulez recevoir votre courrier dans une association agrée, cette association va par exemple vous demander une attestation de bénéficiaire du RSA versé à Paris. 

Troisième question : et si on cessait l'hypocrisie ? Les SDF, les migrants, à la différence de l'Autre en tant qu'individu, personne n'en veut. Autant, à gauche comme à droite, chez les riches comme chez les pauvres, chacun est, selon sa situation, plus ou moins prêt à tendre la main à un individu, autant personne n'aime voir son environnement changer radicalement.
Quid, par exemple, des habitants du XVIIIeme, de gauche, qui ne veulent pas que leurs enfants soient dans des classes où il y a "80 à 90% d'africains" ? La mixité sociale, personne n'en veut vraiment !



Pourquoi reproche t-on aux habitants du XVIeme ce qu'on accepte ailleurs, à savoir préserver son mode de vie ?
Au passage, qu'est ce que le Bois de Boulogne a donc fait aux socialistes et aux communistes parisiens pour qu'ils s'acharnent autant, y compris en reniant leur orientation théoriquement de gauche quand ils s'allient avec le Grand Capital pour détruire les Serres d'Auteuil au profit de Roland Garros ?

Oui, il faut accueillir les migrants, comme Merkel l'a fait en Allemagne, et à la différence de ce que la France socialiste de Valls et Hollande a fait. Notons qu'il est normal, au passage, que la France se barricade quand l'Allemagne s'ouvre : on ne peut pas avoir un état providence et une politique socialiste avec des frontières ouvertes, comme le rappelait le pro immigration Milton Friedman.

En revanche, accueillir les migrants ne devrait vouloir dire ni régler des comptes politiques, ni même faciliter la vie des migrants une fois qu'ils sont sur le territoire national. Ouvrons notre porte aux migrants, c'est à dire supprimons toutes ces barrières à la mobilité qui ne font qu'enrichir les passeurs tout en rendant les voyages dangereux, et ensuite, pratiquons la politique du chacun pour soi.
La logique consisterait donc à supprimer les dispositions du droit du travail qui empêchent les réfugiés de travailler, ou d'abolir les contrôles douaniers préalablement effectués par les compagnies aériennes (1), plutôt qu'à construire des centres d'accueil. 

Alors, les habitants du XVIeme ont-ils perdu une occasion de se taire ? Les journalistes du Monde, de 20 Minutes et de Libération étaient venus chercher du cliché, ils les ont trouvé.



(1) Le French Libertarien Le cynisme des politiques sur la crise des migrants 4 septembre 2015



4 commentaires:

  1. Un article du Monde parlait de cette opposition des habitants du 16 à ce camp. Vous auriez dû lire les commentaires des gens en dessous. C'est assez effrayant. Un déferlement de haine et d'intolérance contre les habitants du 16, contre les riches,....Je trouve marrant de voir les gauchistes reprocher l'intolérance et le fait de faire des généralités, de croire en des stéréotypes tout cela à l'égard des réfugiés alors qu'eux même font exactement la même chose à l'égard des riches et des habitants du 16. Les gens qui reprochent aux habitants du 16 leurs réactions contre ce centre pour migrants sont juste des hypocrites. La plupart des gens n'apprécient pas d'avoir un centre pour migrants à côté de chez eux et on peut parfaitement les comprendre. La plupart des gens s'offusquant de la réaction de ces riverains seraient les premiers à refuser que des migrants habitent à côté de chez eux

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    1. Dans le XIeme, les riverains préfèrent ne pas avoir de SDF en bas de chez eux, il parait (source Matignon ;-) )

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  2. Tout ce que vous dites est vrai. Néanmoins pour être tout à fait honnête le 16eme abrite la plus forte concentration d assujetis à l ISF en France (plus de 13 000 foyers). Le lien entre prix de l'immobilier et richesse des foyers n'est pas aussi étroit. Plus le patrimoine est important (or, le 16eme est avec Neuilly et le 7eme le lieu où le patrimoine moyen est le plus important) plus la part de l'immobilier se réduit. Cordialement

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    1. Oui, vous avez raison, il y a la plus forte concentration de gens à l'ISF de France, dans le XVIe, mais cet arrondissement compte 160 000 habitants.

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