lundi 29 février 2016

A quand la suppression du délit d'outrage ?

Liberté, égalité (de tous devant la loi), fraternité. 
Dans notre pays tant épris d'égalité et qui est fier d'avoir assassiné les rois, c'est quand même étonnant que, selon l'Article 433-5 du code pénal,  

"Constituent un outrage puni de 7 500 euros d'amende les paroles, gestes ou menaces, les écrits ou images de toute nature non rendus publics ou l'envoi d'objets quelconques adressés à une personne chargée d'une mission de service public, dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de sa mission, et de nature à porter atteinte à sa dignité ou au respect dû à la fonction dont elle est investie."

C'est le fameux "outrage à agent", si souvent dégainé par la police. 

Ne serait-ce pas une mesure de justice, une mesure d'égalité, que de rendre la parole des citoyens aussi audible que celle des fonctionnaires ? 
En attendant de supprimer le statut de la fonction publique, pourquoi ne pas supprimer le délit d'outrage à une personne chargée d'une mission de service public ? 

Au moment où, sous couvert de lutte contre le terrorisme, on sur-arme, à tort ou à raison, la police nationale ou municipale, tout en déniant au citoyen lambda le droit de s'armer, lui aussi, pour protéger sa vie et celle des siens plutôt que de composer le 17 et attendre que quelqu'un réponse, comment accepter que, dans la réalité, il y ait deux France sur le plan de l'expression : celle qui a le droit de parler, et celle qui a le droit de la fermer ? 

Ce syndicaliste CGT qui a certes tenu des propos insultants envers le Premier Ministre (1), nous rappelle que comme dans les régimes les moins recommandables de cette planète, il n'est pas recommandé de commettre de crime de lèse-majesté. 
C'est. ça, la République ? C'est ça, la "gauche" ? C'est ça, l'égalité ? 

La dépénalisation du délit d'outrage n'est pas une lubie isolée de blogueur ultra libéral ;-), c'est une proposition de la Ligue des Droits de l'Homme (2) . Le fait que Sarkozy ne soit plus président de la République depuis 4 ans maintenant ne doit pas nous faire oublier l'actualité sans cesse renouvelée d'une telle proposition. 
Et que les amis de la droite républicaine, attachés à l'ordre, se rappellent qu'eux aussi peuvent être victimes de la police. Ils n'ont toujours pas compris que l'outrage à agent ne concerne pas que les racailles non intégrées des banlieues chaudes (3). 
C'est toujours étonnant, trois ans après la répression de la Manif pour Tous, ou, à une échelle infiniment plus grave,  74 ans après la Rafle du Vel d'Hiv, de voir que certains, à droite, s'étonnent du fait que la Police, en tant qu'institution, n'a hélas pas toujours des états d’âmes, elle n'a que des ordres, et des missions, et elle n'a pas d'affect, mais des armes, létales ou judiciaires, le tout au service du pouvoir du moment. 






4 commentaires:

  1. Tous ces Jean-Foutre se prennent pour des entités supérieures, de droit divin. Pourtant leurs droits s'arrêtent là où commencent ceux des asticots.

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  2. Le site du CODEDO, qui initia la pétition, est ici :
    http://codedo.blogspot.fr
    Précisons que nous sommes venus à bout du délit d'offense au chef de l'État. Pour l'outrage, cela risque d'être un peu plus difficile. À moins que Henri Guaino soit condamné en cassation et se tourne vers la Cour européenne des droits de l'homme… On en saura un peu plus d'ici la fin 2017.
    http://jeanjacquesreboux.blogspot.fr/2015/10/et-si-le-delit-doutrage-etait-chasse-du.html

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  3. tellement de vrai dans cet article

    effectivement nous sommes allés assassiner nos monarches... pour ensuite créer une nouvelle hyper-classe de citoyens encore plus privilégiés.

    difficile à comprendre si on n'est pas énarque :)

    http://www.parti-libertarien.com/police
    http://www.morsay.net/police

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