lundi 15 juin 2015

Migrants de la Chapelle : quand le PS au pouvoir contredit le PS de l'opposition

Les images ont fait le tour du web, si ce n'est le tour du monde, et elles auraient du faire mal aux anciens donneurs de leçon, actuels gouvernants, que sont les socialistes : la gauche envoie la police déloger des migrants sans papiers, clandestins, de squats du XVIIIeme arrondissement, et n'oublie pas au passage de frapper, au propre comme au figuré, sur leurs amis d'extrême gauche !
On dit bien "aurait du faire mal" car, tant de part l'actualité politico médiatique dominée par le VallsGate que de part le silence du gouvernement, on voit bien qu'au final, le Parti Socialiste assume mener la même politique que "l'opposition" de "droite", les Republicains (ex UMP).

Comment le PS a t-il pu en arriver la, c'est à dire au remake de l'évacuation de Saint Bernard, dans un un quartier qui, au passage, outre les tentes des migrants des clandestins, est aussi l'objet du débat sur les salles de shoot ?

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C'est relativement simple : si l'opération de Bernard Cazeneuve a initialement recueilli l'assentiment de l'"opposition", c'est parce que la France est dans une impasse : d'un coté, on affiche des valeurs d'accueil et d'humanisme, mais de l'autre, ni la population (en dehors de quelques associations) ni même les élus ne veulent faire de la France une terre d'accueil.
A ce titre, il est vraiment très symptomatique que les socialistes ne commentent pas plus la réaction de l'Elysée (1), qui est "hostile à la création d'un centre pour migrants à Paris"  (mais plus loin en banlieue ou la campagne, pourquoi pas).

Outre l'opinion publique, qui est clairement hostile à l'installation en France des migrants du boulevard de la Chapelle (quand bien même ils seraient réfugiés et non pas juste migrants économiques), la gène vient à la fois du fait que nous sommes corsetés par nos lois contradictoires et par le manque de volonté de remettre en cause l'Etat providence. 

En effet, quel sens cela a t-il d'alterner coups de matraque de la part de CRS et proposition de relogement dans des centres pour SDF ? 
Et pourquoi ne pas aborder autrement le problème de l'immigration, en choisissant de laisser venir des gens avec un minimum de moyens et susceptibles de repartir chez eux, plutôt que de forcer les migrants à s'engager sur une voie sans retour ? L'existence de restriction aux migrations ne fait enrichir que les mafias de passeurs. Les gouvernants ne peuvent pas l'ignorer. 

Si les migrants expulsés de la Chapelle et de la Halle Pajol la semaine dernière sont aussi démunis, c'est aussi parce que leur voyage les a financièrement épuisé. Puisqu'ils viennent, malgré la mer à traverser ou malgré des barrières mortelles type Ceuta et Mellila à franchir, pourquoi ne pas plutôt que de chercher à les bloquer, favoriser leur mobilité ? 

Vous direz, il y a trois problèmes : il n'y a pas de logement pour eux, ni de travail, et enfin leur culture est trop différente de la notre. Pour le logement, il est vrai que dans un pays qui bénéficie d'une loi qui octroie un droit au logement, ce n'est pas gagné. Mais n'oublions pas que la France ne se limite pas à Paris. Au niveau emploi, en revanche,  n'oublions pas que les sans-papiers pourraient trouver du travail si l'inspection du travail était disposée à cesser le harcèlement des entrepreneurs, notamment dans le BTP et la restauration.
Le vrai problème, sur le plan économique au moins, c'est moins les immigrés illégaux sans papiers que toutes ces lois qui les empêchent de travailler : SMIC et code du travail de 3 kilos.
Sur le plan culturel, on évoque souvent le fait que personne ne veut voir la France devenir une république islamique. C'est vrai que notre mode de vie, s'il peut s'accommoder de pratiques confinées au cadre strictement privé, entre en conflit avec ces nouvelles revendications plus ou moins anecdotiques ou plus ou moins significatives c'est selon, telles que les horaires séparées pour les femmes dans les piscines ou le porc à la cantine. 
Mais la encore, il s'agit en réalité d'un tout autre débat que celui de l'immigration. Si la France était moins crispée sur son laïcisme ultra jacobin et un peu plus intéressée par les libertés, de croire, d'entreprendre ou de s'exprimer, les faits divers liés à l'islam ne prendraient pas l'importance qu'ils ont dans notre actualité Et surtout, comme le rappelle l'Abbé Grosjean, il serait bon que les français s’interrogent sur leur propre pratique religieuse historique.


En conclusion, les migrants de la Chapelle auraient pu être l'occasion de remettre en cause certains des blocages qui n'impactent pas que les candidats à l'immigration, mais tous les français. Le PS, par idéologie, n'en fera rien, et préférera maintenir l'actuel entre deux, statu quo sans logique.
Ce faisant, il n'ose pas s'avouer que le parti national socialiste, celui qui plait à 25% des français, est dans le vrai : si on veut préserver le socialisme, il faut des frontières fermées.
En revanche, si on veut donner leur chance aux migrants, alors il faut totalement remettre en cause l'état providence.

Le PS, celui qui donnait des leçons il y a encore peu, a les cartes en main !




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