Les propos irresponsables de Ségolène Royal sur l’arrêt de l'écotaxe (1) permettent au moins la confirmation sur le point suivant : les entreprises, même du CAC 40, même impliquées dans le capitalisme de connivence (2), ont raison de ne pas avoir confiance en l'Etat et sa parole toujours susceptible d'être remise en cause.
En effet, la ministre de l'environnement ne s'est pas contentée de mettre fin à l'écotaxe, adoptée à la quasi unanimité (y compris les socialistes), elle a assorti ses propos de lourdes menaces sur les concessions autoroutières, en promettant de les taxer plus car leurs profits sont trop élevés, et elle a ajouté qu'Ecomouv se verrait opposer une bataille juridique en contentieux.
Est ce que Ségolène Royal a agit pour ne pas avoir affronter une coalition Bonnets Rouges/chauffeurs routiers ? Oui, certainement.
Mais de quel droit la ministre de l'environnement décide que le gouvernement doit engager des négociations avec des entreprises qui ont acheté des actifs publics il y a quelques années ? Pourquoi la ministre de l'environnement, déjà, ne respecte pas la hiérarchie gouvernementale qui consisterait à laisser Manuel Valls s'exprimer ? Cela éviterait à Sapin d'avoir à rappeler que les contrats de concession des autoroutes privatisées prévoient une hausse du prix des péages en cas de hausse de la fiscalité.
Ensuite, puisqu'elle était déjà ministre en 1993, il y a plus de 20 ans (!), pourquoi Royal ne nous explique pas pourquoi l'Etat, alors propriétaire des autoroutes, n'a pas supprimé les péages ?
Rappelons que ceux ci, crées "à titre temporaire" durant les années 60, devaient servir à financer la construction du réseau, car la France était en retard par rapport à l'Allemagne et à l'Italie.
Sapin et Royal déjà ministres en 1992 |
Rappelons que ceux ci, crées "à titre temporaire" durant les années 60, devaient servir à financer la construction du réseau, car la France était en retard par rapport à l'Allemagne et à l'Italie.
En 1990, les péages, qui auraient du disparaître, sont restés, et l'Etat, comme Vinci ou Eiffage aujourd'hui, a encaissé d'énormes profits qui ont servi à construire de nouvelles autoroutes inutiles ou à financer le reste des dépenses de l'Etat.
D'autre part, Ségolène Royal a affirmé sur France Inter que le chiffre de 1 milliard d'euros à verser à Ecomou, la société opérateur de l'écotaxe, à titre de dédommagement, n'était pas certain. Au contraire, l'Etat traînerait Ecomouv en justice pour démontrer que le concessionnaire avait sa part de responsabilité dans l'échec du système.
On peut parier à coup sûr que la justice, en effet, trouvera quelque chose à redire. En effet, bien que la commission d'enquête du sénat avait démontré qu'il n'y avait pas d'irrégularité avec le contrat (3), Ecomouv n'avait pas réussi à diffuser de manière large les boîtiers de contrôle qui devaient interagir avec les fameux portiques.
De toutes façons, l'Etat, qui joue avec l'argent des contribuables, n'a t-il pas le temps pour lui, face à une entreprise qui doit rembourser ses fournisseurs et payer ses salariés ?
Il n'y a pas un jour, pas une situation qui ne cesse de prouver que les entreprises ont raison de ne pas avoir confiance en l'Etat. Que ce soit des petits entrepreneurs qui livrent des ministères et se retrouvent étranglés par les délais de paiement (l'Etat les réforment pour les autres mais jamais pour lui) ou des grands groupes qui voient les règles du jeu changer en cours de match, tous les acteurs sont touchés.
Comment voulez vous, dans ce contexte, que la parole de gens comme Sapin ou Royal, soit entendue, et que des dispositifs comme le CICE puissent avoir de l'effet ?
Ecomouv aurait pu être à ce début de XXIeme siècle ce que les fermiers généraux étaient au grand siècle français. On sait ce que ces derniers sont devenus. Entreprises : l'Etat vous propose un partenariat public privé ? Fuyez, vous n'êtes pas des partenaires égaux !
(1) Ecologie Libérale Ecotaxe : quand Marie-Segolene Royal se moque de nous 13 octobre 2014
(2) Wikilibéral Capitalisme de connivence
(3) L'Opinion Ecomouv’ : ces vérités inavouables 7 novembre 2013
cela fait bien longtemps que les entreprises ne font plu confiance a l'état . ces deux dernières années , avec la clique d' hurluberlus au pouvoir cela ne fait qu'empirer ,en 2015 le chaumage vas encore augmenter , il n'y aura pas de reprise et la croissance sera en dessous de 0 . tout ce que l'on nous dit , c'est juste du baratin pour nous faire pédaler jusqu'au dernier souffle .
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