Avez vous vu l'affiche de campagne de Martin Schulz ? "free movement is under attack" ?
N'est-elle pas surprenante, pour un politicien qui se réclame du socialisme ?
Certes, Martin Schulz est un élu européen, d'origine allemande, donc il est plus proche de Monet ou Schuman que de Marx.
Mais la liberté de circulation n'est-elle pas contradictoire avec une politique socialiste (de gauche comme de droite) ?
Rappelons que la libre circulation (free movement) est un acquis du traité de Rome (signé en 1957) et de la convention de Schenghen. Rappelons le contenu des articles 2 et 3 du traité de Rome, celui qui institue et crée la CEE :
Article 2
La Communauté a pour mission, par l'établissement d'un marché commun, d'une Union économique et monétaire [...]
Article 3
Aux fins énoncées à l'article 2, l'action de la Communauté comporte, dans les conditions et selon les rythmes prévus par le présent traité:
a. l'élimination, entre les États membres, des droits de douane et des restrictions quantitatives à
l'entrée et à la sortie des marchandises, ainsi que de toutes autres mesures d'effet équivalent,
c. un marché intérieur caractérisé par l'abolition, entre les États membres, des obstacles à la libre
circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux,
d. des mesures relatives à l'entrée et à la circulation des personnes dans le marché intérieur
conformément à l'article 100 C,
g. un régime assurant que la concurrence n'est pas faussée dans le marché intérieur,
h. le rapprochement des législations nationales dans la mesure nécessaire au fonctionnement du
marché commun
On le voit : l'ADN de l'Europe est libéral, et fédéraliste.
Le socialisme, lui, est un système économique et politique qui repose sur la propriété collective, à divers degrés et sous diverses formes, des moyens de production. Sous sa forme étatique, il implique nationalisations et planisme ; sous sa forme utopique, il préconise coopération et mutualisme.
En France, le Parti Socialiste affirme qu'ils sont partisans d’une économie sociale et écologique de marché, une économie de marché régulée par la puissance publique, ainsi que par les partenaires sociaux qui a pour finalité la satisfaction des besoins sociaux essentiels. Le système voulu par les socialistes est une économie mixte, combinant un secteur privé dynamique, un secteur public efficace, des services publics de qualité accessibles à tous, un tiers secteur d’économie sociale et solidaire.
Les socialistes affirment que certains biens et services ne doivent pas relever du fonctionnement du marché quand ils concernent les droits essentiels. Ils font de la création et de la redistribution des richesses un enjeu majeur de l’action politique.
Sur le plan économique, le PS se revendique de l'interventionnisme keynésien, comme le montre les sessions de formation interne au parti.
Autrement dit, le PS, porteur (non exclusif) des idées socialistes pense que :
- tout ne doit pas être soumis au marché et à la construction du marché intérieur Européen
- l'Etat doit intervenir en économie, pour mettre en oeuvre le multiplicateur keynésien, dont chacun sait qu'il fonctionne d'autant mieux que nous sommes en économie fermée.
On vérifie d'ailleurs dans la pratique du PS au pouvoir la méfiance vis à vis de la libre circulation. A la libre circulation des hommes, le PS oppose :
- le refus la directive détachement
- le maintien de la condition de nationalité pour les emplois de fonctionnaires
- les expulsions de Roms
A la liberté de circulation des marchandises, le PS oppose :
- l'écotaxe
- l'investissement public dans PSA à la condition explicite que Peugeot et Citroën maintiennent des emplois en France
A la liberté de circulation des services, le PS oppose :
- le maintien de l'exception françaises sur les services publics, hors concurrence
- la non équivalence des diplômes étrangers de médecine
- le refus de transposer la directive 92/49/CEE visant à mettre en concurrence la Sécurité Sociale française
A la liberté de circulation des capitaux, le PS oppose :
- en France : la taxe sur les transactions financières depuis le 1er aout 2012
- en Italie : une taxe de 20% sur tous les virements de fonds en provenance de l’étranger
Martin Schulz, qui a mis beaucoup de pragmatisme dans son socialisme, devrait informer ses collègues français sur l'incompatibilité de leur idéologie avec les idéaux de l'Europe.
Sur le plan de la politique politicienne, ces derniers semblent mieux défendus par les libéraux démocrates, dont l'UDI en France.
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