mercredi 17 octobre 2012

17 Octobre - la mémoire sélective

Marie-Antoinette avant son exécution (William Hamilton)
Comment est ce que la France, par le biais des autorités qui la gouvernent, sélectionne t-elle les crimes qui seront reconnus et commémorés ? Mystère. 
Hier, c'était le 16 octobre, c'est à dire l'anniversaire de l'assassinat de Marie-Antoinette. Les médias ou les pouvoirs publics en ont-il parlé ? Non.

Avant hier, c'est à dire le 6 Mai 2012, c'était la victoire à la présidentielle de François Hollande. Le  maire de Tulle a été élu parce qu'il devait supprimer l'injustice sur terre, bouter Sarkozy ("lucifer" !, peut on dire chez l'Huma) hors de France et appliquer son programme tenant en 60 points. Les électeurs de Hollande s'enorgueillissent du fait qu'il respecte ces 60 engagements.

Il y en a qui doivent être bien déçus : en particulier ceux pour qui l'histoire du 17 octobre 1961 parle et les humanistes en général.

Petit rappel historique. En 1954, la guerre d'Algérie commence. Mitterrand, ce grand démocrate, ce militant des droits de l'hommes,  agit sans état d’âme pour rétablir l’ordre par la force et dans le sang. Il fait exécuter à la guillotine un maximum d'opposants et de terroristes. Il fait adopter des mesures d'exception, liberticides, comme lois 56-268 et 56-269, qui permettent de condamner à mort, sans instruction préalable, les membres du FLN pris les armes à la main

Le 17 octobre 1961, le préfet Maurice Papon, qui a fait ses armes pendant la seconde guerre mondiale en ayant un rôle actif dans la Shoah, est aux commandes de la police parisienne . L'ami du président que la France n'aurait jamais du avoir a violemment fait réprimé une manifestation d'indépendantistes algériens à Paris, en promettant de couvrir les policiers. Cette répression s'est soldée par onze mille arrestations, des dizaines d'assassinats, dont de nombreux manifestants noyés dans la Seine, tués par balles, frappés à mort.

Le collectif « 17 Octobre 61 » attendait la reconnaissance officielle de ce crime d’État par le nouvel exécutif de gauche, comme s’y était engagé François Hollande (il a signé cet appel). Mais ses démarches sont restées lettre morte. Un autre qui fait le mort, c'est François Hollande. Qu'est ce que vous croyiez, électeurs socialistes ? Vous ne voyez pas que les socialistes ne voient en vous qu'une population soumise de gens acquis au vote de gauche ?

Il parait que Hollande est en faveur d'une reconnaissance morale de l'esclavage. Juste morale, c'est pas mal, Mais ça se discute aussi. D'un coté, ça donne l'idée d'une France coupable tout en évitant de devoir sortir les réparations financières que certaines associations comme le CRAN réclament, de l'autre, ça prolonge le précédent ouvert par Chirac avec le Vel' d'Hiv et poursuivi par la loi sur le génocide des arméniens en Turquie. 

Un grand nombre de communautés vivant en France ont une mémoire collective endeuillée par un souvenir commun douloureux. Les Vendéens ont été massacrés. Les nobles de 1789 ont été massacrés. Les esclaves noirs Africains ont été déshumanisés. Les Juifs ont longtemps été ostracisés, puis exterminés. Les immigrés Italiens ont été moqués et parfois lynchés. Les arabes ont été victimes de diverses tragédies. Les malgré-nous ont été ignorés. Les Normands ont payé un très lourd tribu lors de la Libération. Faut-il une journée et une reconnaissance publique dédiées à chacune de ces tragédies, ou bien alors considérer qu'un seul et unique Memorial Day devrait permettre de pouvoir se souvenir de toutes les tragédies qui ont touché les militaires et les civils ? 

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Sur les évènements du 17 octobre 1961, le billet de Bernard Lugan s'impose: http://bernardlugan.blogspot.fr/2012/10/apres-lesclavage-le-17-octobre-1961-la.html

    Le rapport (effectué à la demande Lionel Jospin) qu'il évoque est accessible en quelques clics sur ce site: http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/984000823/index.shtml

    En voici les conclusions: " Du travail dont il a été ici rendu compte se dégagent cependant plusieurs observations.
    D’abord, malgré des lacunes, les archives de la Préfecture de police sont substantielles en volume et en intérêt. Elles n’ont pu être retrouvées et rassemblées par la mission que parce que les services de la Préfecture de police ont fait preuve d’esprit de coopération, et mieux encore, d’initiative.
    Il en ressort que les événements du 17 octobre 1961 s’insèrent dans un contexte qui déborde cette journée. Elle marque le paroxysme d’une période de violence qui avait commencé au début de septembre et s’est achevée peu après la manifestation, même si les
    conséquences ne s’en sont révélées que dans les semaines suivantes.
    D’autre part, il est clair que cette manifestation a donné lieu à une répression très dure : les chiffres et les relations de certains responsables de terrain le démontrent amplement.
    Parmi ces chiffres, celui des morts serait le plus significatif s’il pouvait être donné avec assurance. Tel n’est pas le cas. Mais à supposer même que l’on ajoute au bilan officiel de sept morts la totalité des vingt-cinq cas figurant à l’annexe III, et que l’on considère que les facteurs d’incertitude, et notamment ceux qui tiennent aux limites géographiques de l’étude, justifient une certaine majoration, on reste au niveau des dizaines, ce qui est
    considérable, mais très inférieur aux quelques centaines de victimes dont il a parfois été question."

    Dans ce rapport, effectué à la demande d'un premier ministre socialiste, rien ne justifie l'attitude de Normal 1er sinon la propension de plus en plus avérée de plier la réalité des faits à l'idéologie la plus sectaire. C'est triste et inquiétant.

    Bonne journée

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