Plusieurs secteurs de notre industrie s’apprêtent à licencier par milliers, peut-être dizaines de milliers. Les sous-traitants, les fournisseurs et tout un écosystème de commerces et d’activités voisines seront également touchés. Que ce soit le résultat d’une mauvaise stratégie, de la crise économique, du bilan médiocre des gouvernements précédents ou des perspectives inquiétantes offertes par le gouvernement actuel, la priorité n’est pas de chercher les responsables. A court terme, il faut limiter les dégâts en accompagnant la reconversion et le redéploiement des salariés concernés.
Mais à terme, ne renouvelons pas l’erreur des aides (prime à la casse, prêts…) qui ne font qu'alimenter des effets d’aubaine et retarder les ajustements nécessaires. Le tout au détriment de toutes les autres entreprises qui, elles, doivent cotiser pour ces plans aussi injustes qu’inutiles. Le véritable enjeu consiste à favoriser la création de nouveaux emplois par un environnement propice à l’innovation, à la croissance et à l’emploi. Seule une stratégie choc sera capable d’entraîner un tel retournement de tendance.
La croissance ne se décrète pas. Elle exige d’abord des investisseurs et des capitaux. Aujourd’hui, la taxation du patrimoine et la surtaxation des revenus du patrimoine aboutissent à faire fuir les capitaux vers des cieux moins hostiles. Si le gouvernement persiste dans sa chasse aux riches et à l’argent, nous assisterons à un assèchement financier supplémentaire du pays dans un contexte d’entreprises déjà sous-capitalisées.
Le coût du travail est un facteur important mais non déterminant, et qui ne peut se régler en transférant simplement des charges sur d'autres charges sans réformer la structure de nos assurances sociales.La croissance et l'emploi dépendent aussi de la formation des salariés. Notre système éducatif parvient à maintenir l’excellence de l’enseignement vers lequel parvient une toute petite minorité. A côté, les études générales doivent mieux répondre aux besoins du monde du travail. La revalorisation de l’alternance et de l’enseignement secondaire professionnel et technologique doit se poursuivre. Nous devons avoir le courage de remettre à plat le mécanisme de la formation continue, cruciale pour les moins qualifiés et les reconversions, hélas largement détournée de ses objectifs initiaux.
Nous devons enfin instaurer un environnement fiscal et réglementaire simple et stable. Cela inclut notamment la simplification rapide et drastique des réglementations du travail, mais aussi la fin des monopoles et professions protégées, et le grand nettoyage des réglementations trop nombreuses qui constituent des barrières pour entreprendre. C’est à ce prix que nos entreprises, petites, moyennes et de taille intermédiaires, reprendront le flambeau des embauches et des investissements débouchant sur la croissance. A condition de ne plus changer continuellement ce cadre par la suite.
Il est triste d’attendre ce genre de catastrophe pour se pencher enfin sur les mesures à prendre. Mais il est aujourd’hui essentiel que la réflexion ne s’arrête pas inutilement à stopper ces flots de licenciements inexorables. Le devoir du gouvernement est de libérer les forces encore vives de la croissance de demain, et de préparer le rebond du pays par un choc de croissance structurel.
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