dimanche 24 juin 2012

It's a free world

Dernière tentative de la part de notre cher (dans les deux sens du terme) service public audiovisuel de nous éduquer à l'anti libéralisme économique : la diffusion en boucle du film de Ken Loach sorti en 2008 : It's a free world (c'est un monde libre / c'est un monde gratuit).

 

Qu'est ce que nous raconte Ken Loach ? Que le "système" implique la compétition de tous contre tous, à la différence du socialisme dans lequel chacun aiderait son prochain. En effet, Angie, une jeune entrepreneur britannique, monte une agence d'intérim qui emploie des sans papiers sur des chantiers ou en usine. C'est mal !

Matthieu Laine, auteur du dictionnaire du libéralisme, donne une première excellente réponse à ce film : dans un système libéral, il n'y aurait pas de sans papiers, puisque l'immigration serait libre. Les sans papiers n'existent que parce que l'Etat a besoin de gens avec papiers pour déterminer qui a droit aux prestations sociales et avantages liés. Si nous donnons leurs chances aux immigrés, à eux de se débrouiller sans aide sociale mais débarrassés du fardeau des passeurs, alors il n'y aura plus de filière d'exploitation de ceux-ci. Il n'y aura plus que des gens prêts à travailler face à des employeurs prêts à les faire travailler. 

La héroïne, dans le film, donne une deuxième très bonne réponse : le monde a changé par rapport aux années 60, et les consommateurs font la loi. Comment les Européens peuvent-ils en même temps vouloir de la flexibilité, des bas prix et des avantages sociaux ?

Pour qu'un bureau de la Défense ou du Marais soit nettoyé à 9h du matin, il faut pour cela que des travailleurs, parfois sans papiers, parfois avec, se soient levés à 4h du matin et pris leur RER, depuis la zone 5 et plus.
Pour que le Monoprix du quartier soit ouvert jusqu'à 22h, il faut pour cela qu'une caissière reste effectivement à son poste, à temps partiel, jusqu'à 22h minimum. 
On peut certes acheter des baskets Veja et autres amuses bouches altermondialistes pour essayer de rétablir un peu d'"équité" dans le commerce mondial, il se trouve que l'essentiel des échanges, l'énergie et les produits alimentaires, souligne le déséquilibre en terme de répartition de la valeur ajoutée. 

It's a free world, c'est à dire un monde où les opportunités, disponibles à un nombre toujours croissant de gens, devraient l'être à tous, dans un esprit de responsabilité ! Mais si les consommateurs et électeurs français ne veulent pas du libéralisme et préfèrent vraiment préserver leur modèle social, alors voici ce qu'ils doivent au minimum faire : 
  • ne plus acheter à l'étranger, comme faisait la RDA à l'époque. Si on veut rouler en Dacia Logan, alors il faut comprendre que son prix est en partie lié au niveau de salaire des ouvriers Roumains.
  • accepter que ces étrangers ne nous achètent plus, non plus. Après tout, les Argentins font du vin, les Britanniques bientôt du vin pétillant champenois, les Allemands de la maroquinerie de luxe, les Slovènes des Renault et les Néerlandais des produits agricoles.
  • Choisir la solution danoise en matière de lutte contre le chômage : trois offres d'emploi refusables, max, par chômeur

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