dimanche 23 octobre 2011

Bouleversement en Arabie Saoudite (donc en Occident)



Sultan ben Abdelaziz Al-Saoud est décédé hier samedi, à New York. Il jouait un rôle majeur dans le gouvernement  saoudien (à l'encontre de tous les standards en vigueur dans les monarchies européennes) et dans la relation Etats Unis - Arabie Saoudite.

So what ? Notons déjà que Sultan ben Abdelaziz Al-Saoud était aussi ministre de la défense et de l'aviation. 
Autrement dit, nous perdons un grand ami des firmes d'aéronautique et défense. Même si Sultan ben Abdelaziz Al-Saoud n'était plus en charge de manière opérationnelle depuis 2008, date à laquelle il avait d'abord été hospitalisé à Genève, on peut penser que son successeur aura beau jeu de faire la lumière sur les accusations de corruption massive qui impliquent diverses parties prenantes. 

De plus, l'Arabie Saoudite est elle aussi à la croisée des chemins. Le Roi Abdallah prend de timides mesures de libéralisation des moeurs (autoriser les femmes à voter) au moment où son pays connait une forte incertitude sur ses réserves pétrolières. Or, quoi qu'on en dise, nous Occidentaux préféront une Arabie Saoudite théocratique et raciste (1) mais ultra stable plutôt qu'un pays imprévisible, quand bien même il serait démocratique. 


Réfléchissons à l'ironie de la situation. Officiellement, notre gouvernement fait à peu prêt tout pour bloquer l'expansionnisme de l'Islam, dont la monarchie saoudienne est le promoteur de l'une des versions les plus dures. C'est la loi contre le voile intégral des femmes sur le territoire national et autres actions anti AQMI en Afrique. Par contre, que fait-il pour diminuer la dépendance au pétrole ? Que fait-il pour rappeler aux ouvriers des industries de l'armement que chaque fois qu'on exporte du matériel au Pakistan ou dans la région, ce ne sont pas des gentils sociaux démocrates qu'on arme ? 

En ce qui concerne la gauche, c'est pareil voire pire en terme de cynisme. Le jour où Ghawar va commencer à sérieusement décliner et que l'Arabie Saoudite sera moins market maker sur le marché mondial du pétrole, qu'est ce que les socialistes d'Europe entière vont raconter  leurs populations à qui ils ont promis un droit à l'essence ? Que c'est la faute des spéculateurs ? 


champ pétrolier de Ghawar

Le scénario de destabilisation du monde parfait dans lequel on vit (Arabie Saoudite corrompue mais pourvoyeuse de pétrole, Chine qui consomme 100 fois moins de pétrole par habitant que nous) et qu'a retardé l'illégale mais logique guerre d'Irak a déjà été analysé par maints spécialistes de l'énergie, plus ou moins catastrophistes : à titre d'exemple : Pétrole Apocalypse d'Yves Cochet (enseignant chercheur en maths avant d'être tombé dans l'écologie) ou Le plein s'il vous plait de Jean-Marc Jancovici (X Telecom, consultant). 

Alors, comment droite et gauche vont-ils nous proposer d'arbitrer entre diplomatie des droits de l'homme et préférence pour une croissance économique à base d'économie bon marché ? On connait déjà la réponse. C'est nous, consommateurs, qui la fournissons. Question, amis et collègues consommateurs, à quel prix sommes nous prêts à payer notre pétrole si nous avons la garantie de ne plus verser un euro à des dictatures théocratiques ?




(1) autoroutes interdites aux non musulmans, droit du travail interdisant de signer des contrats de travail d'expatriés pour les Juifs. Si c'est l'Iran, on dénonce, si c'est nos amis Saoudiens, ca passe.

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