Recomposition ou décomposition ?
L'analyse de Didier Salavert, Vice-Président d'Alternative Libérale, sur l'avenir de la droite.
L'analyse de Didier Salavert, Vice-Président d'Alternative Libérale, sur l'avenir de la droite.
La Droite française est protéiforme depuis le moment où cette catégorisation a pris corps. L'historien René Rémond n’hésitait pas d’ailleurs à parler des droites. Depuis les années 1950, ces droites aux idéologies diverses se reconnaissaient essentiellement dans leur opposition à la gauche. En fait, leurs électeurs se définissaient comme ne voulant pas voter à gauche sans pour autant partager entre eux une même vision politique.
Le fait marquant des trente dernières années est, sans aucun doute, le mouvement de convergence entre la droite et la gauche. La gauche a abandonné dans son ensemble la vulgate collectiviste et la droite, également dans son ensemble, a adopté le progressisme social comme moteur de son action. La gauche a rayé de son programme la lutte des classes mais la droite a fait de la solidarité le marqueur de la justice sociale. La gauche a renoncé à abolir la propriété privée mais la droite ne sait plus envisager résoudre un problème sans créer un nouvel impôt. Les électeurs ne savent plus si l’Etat providence est au programme de la droite ou de la gauche. Finalement les méthodes de financement de ce programme politique indifférencié constituent la seule ligne de clivage perceptible.
Et encore. Nombre d’électeurs de Nicolas Sarkozy n’envisagent-ils pas voter pour Dominique Strauss Kahn aux prochaines élections présidentielles au seul motif qu’ils l’estiment plus capable de financer ce qui est devenu un programme commun ?
La déconfiture de la droite
Que s’est-il passé pour la droite ? Nous avons assisté à un mouvement en deux temps, d’abord une OPA de l’UMP sur toutes les composantes de la droite et ensuite, l’oubli par l’UMP de ses électeurs, celle-ci étant trop préoccupée par les jeux de pouvoir. L’UMP a commis le même péché mortel que le Parti socialiste en son temps. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous allons assister à une lente décomposition de l’UMP, identique à celle du Parti Socialiste. Cette décomposition va emprunter la même voie : des clans vont se former, les luttes intestines vont se faire jour, les trahisons entre anciens « amis » feront la seule actualité du parti, etc.
L’UMP a oublié que toute action politique repose sur une certaine vision de l’Homme et des relations des hommes entre eux. C’est l’idéologie qui unit les énergies en politique. Or l’UMP n’a plus ni vision ni idéologie. Un parti c’est des cadres et des militants. Les cadres de l’UMP formés à la lutte pour la prise et la conservation du pouvoir uniquement sont devenus incapables de penser la société autrement qu’au travers d’études marketing et de produire une alternative structurée au Parti socialiste pourtant décadent.
Ils n’ont plus d’idéologie. Discrédités auprès de leurs électeurs, il leur sera certainement impossible d’être les animateurs d’une recomposition de la droite. Pourtant une recomposition est possible et même indispensable pour le salut du débat démocratique dans notre pays.
A la recherche de la liberté perdue
A gauche, la recomposition se fait à côté du Parti socialiste et autour du concept d’écologie politique. A droite, elle se fera à côté de l’UMP. Sauf à laisser le néant intellectuel occuper le vide idéologique, c’est sur la base de l’aspiration à la liberté qui anime la jeunesse et les forces entrepreneuriale du pays que la droite peut trouver une réponse politique digne et porteuse d’avenir.
La ligne de clivage posée par le marxisme et qui a tracé la frontière entre la droite et la gauche pendant plus d’un siècle s’est déplacée. Il ne s’agit plus d’une opposition entre classes sociales, mais d’une opposition entre l’individu et la société, entre la croyance en la capacité des individus à s’organiser librement et l’idée que l’Etat est la fin de l’Histoire, entre l’optimise dans l’avenir et la crainte face aux changements technologiques et géopolitiques. Rien de nouveau en fait. Les mots ont changé, mais c’étaient les enjeux de la Révolution Française.
Si la droite veut se recomposer, il faut qu’elle fasse de la défense de la liberté individuelle et la confiance dans l’individu sa ligne d’action. A nouveau, elle retrouvera ses électeurs qui refusent l’idée que la peur des autres et du futur soit porteuse d’avenir pour la France. Ces électeurs sont nombreux. Une fois fédérés, on s’apercevra que ce n’est pas la droite qui s’est décomposée mais l’UMP.
Tribune initialement publiée sur Atlantico.
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